Richesse des pratiques religieuses béninoises : le fa, une science à utilité incommensurable

Autrefois au cœur de la survie des sociétés traditionnelles béninoises, le fa semble de nos jours être rangé au second rang.

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Ceci s’explique, selon les pratiquants, par une méconnaissance des potentialités qu’offre cette science. « Le fa c’est la vie, c’est le bonheur, la paix. Tout ce qu’il y a de mieux». Affirme le «kpédjigan» Gérard, un chef du culte tron-kpéto-déka de la commune d’Abomey Calavi. Le fa, à ses dires, est une science dont l’existence est aussi vieille que la création du monde. C’est une vision qui guide l’être humain dans ses activités, sa vie et lui permet de s’aguerrir pour affronter les obstacles du futur. Les rituels du fa, dit-il, sont multiples et sont recommandés par le bokonon ou l’oracle, en fonction du problème que pose l’individu. «Infertilité, fausse couche, grossesse à complication, problèmes spirituels, ainsi que d’autres conflits». Le fayiyi, par exemple, est une cérémonie qui se déroule dans le fa-zoumin et permet de prendre connaissance avec son fa-Du. Ce «fa-Du», à en croire l’adepte, renseigne sur l’ancêtre éponyme d’une personne, les dieux qu’il doit vénérer, sur le parcours qu’il doit suivre pour réussir sa vie ainsi que sur les forces qui participent à sa survie.

La consultation du fa est donc importante dans tout projet de développement. Car, dit le kpédjigan, c’est l’homme qui est au centre de toutes les activités de progrès et donc, si le fa renseigne  sur ce que doit être une personne, alors on pourra donc mettre les personnes qu’il faut au poste qu’il faut. Cela va permettre à notre pays le Bénin de faire un usage judicieux des ressources humaines et donc d’amorcer une véritable marche vers la prospérité. A-t-il ajouté. Face  au désintéressement de la génération nouvelle vis à vis du fa, les anthropologues béninois s’attèlent, de plus en plus, à accentuer leurs recherches sur les implications de cette science.   Dans son manuel de cours intitulé ‘’Le système Fifa, paradigme pour penser l’action consciente dans le mode de production de l’igname en Afrique de l’Ouest’’, Raymond C. Assogba, socio-anthropologue et enseignant à l’Université d’Abomey-Calavi, fait ressortir quelques pratiques du fa, qui fondent la vie de certaines communautés africaines. Selon lui, le fa  participe à l’unité de l’homme et de la nature, la la protection de l’environnement, à travers certains interdits sur les produits agricoles. Le fa, explique-t-il, permet une connaissance d’un univers de probabilité pour l’action. Ainsi donc, l’univers  du fa dispose de 16 existences ou Du qui offre 256 choix ou solutions pour un problème. Il poursuit et estime que le  savoir systémique du fa permet à l’homme d’avoir une maîtrise absolue de son monde (Terre-Eau-Air-Feu). A en croire ces explications, le fa offre une kyrielle d’opportunités que la nouvelle génération doit pouvoir s’approprier pour relever les défis actuels, et peut-être ceux du futur.

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