Les Béninois entre frustration, désillusion et scepticisme

En 2006, les Béninois ont accepté le changement en votant pour l’actuel président au pouvoir, Boni Yayi. Mais, sept ans après, la majorité de la population béninoise se sent plutôt abusée par le régime qui n’a tenu ses promesses. 

Publicité

Frustrée pour le développement du Bénin retardé, tout en étant sceptiques sur l’avenir du pays pour les trois ans à venir. Cependant, d’autres croient encore au miracle. « Déjà sept ans …? C’est bien rapide, je ne m’en suis même pas rendu compte». Voilà qui exprime la surprise de Noël  Sewa, un jeune Béninois, la trentaine environ, qui apprécie les sept ans de gouvernance du Bénin par  le régime du Président Boni Yayi. «Vous savez, pendant la première année du premier mandat de Yayi, on a vraiment cru au développement du pays, mais à peine deux ans plus tard, au cours du même mandat,  je n’espérais désormais plus rien…». Si Noël, semble indiffèrent au sujet de la situation,  Joëlle, secrétaire de direction, la trentaine aussi, éprouve plutôt un sentiment de  révolte. «Sept ans dans ma vie, vous voyez ce que cela signifie. C’est  sous ce régime qu’un président a demandé à la jeunesse de lui coller la paix, alors que c’est nous qui l’avons élu. Vous voyez combien, c’est frustrant!», Martèle-t-elle. Cependant, plus que frustrée et révoltée, A. Fernande, commerçante à Dantokpa, exprime son désenchantement. «C’est vrai qu’à la télé, on montre toujours des femmes en train de chanter, danser et jacasser, pour soutenir le Président de la République, mais Dieu seul sait qu’elles ne sont pas heureuses. Depuis bientôt cinq ans, moi mon chiffre d’affaire a chuté. 

Lire tous les articles du  Dossier spécial 7ans de Boni Yayi

Aujourd’hui, la vie est tellement chère qu’au marché, même si les gens veulent acheter, ils n’arrivent pas. Du coup, la mévente s’est installée. Pourrions-nous être heureuses ainsi?»  A-t-elle interrogée. Comme dame Fernande, d’autres citoyens expriment leur désillusion. «Je ne sais même plus si je suis dans une République. Ce qui fait que, chaque matin que je me réveille, c’est pour travailler à la survie de ma famille. Peu importe ce qui se passe dans le pays», s’est lamenté Germain, un soudeur,  la quarantaine environ. La désillusion a même semé le grain du scepticisme dans la pensée de certains citoyens béninois. «Il va encore faire trois ans, je pense. Je ne sais pas ce que nous deviendrons, nous et le pays, je veux dire. Je pense que c’est plutôt le pire qui nous attend », se désole A. Emile, un fonctionnaire retraité du ministère de l’Energie et des Mines. Par ailleurs, d’autres ne perdent pas de vue les réalisations du régime en place, qu’ils résument par les différentes infrastructures construites, l’amélioration des conditions de travail et de vie des enseignants, les reformes dans le secteur de la santé, les microcrédits aux plus pauvres. Ils croient, par conséquent, que quelque chose est encore possible pour les années restantes du second mandat du régime en place. Mandat au terme duquel, disent-ils, ils pourront faire un bilan définitif.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité