Affaire malversation à la Sonacop : voici la preuve que les intendants militaires ont été inutiles

A quelque chose malheur est bon. L’affaire de malversations à la Sonacop, notamment la réaction du Gouvernement à ce propos, vient donner raison à ceux qui avaient, entre temps, dénoncé la nomination d’intendant militaires pour contrôler la gestion des sociétés d’Etat. Et comment ?

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A quoi ont alors servi les intendants militaires, entre temps affectés par le gouvernement dans les sociétés d’Etat, pour contrôler leur gestion ? C’est bel et bien l’une des questions que se posent nombre d’observateurs depuis l’éclatement de ce qu’on appelle désormais l’affaire de malversations à la Sonacop (Société nationale de commercialisation de produits pétroliers).  

 Dans le communiqué du Conseil des ministres extraordinaire du lundi 13 mai, majoritairement consacré à l’affaire de la Sonacop et à la situation des entreprises d’Etat, il est écrit que le Chef de l’Etat a ordonné, il y a quelques jours, la mise en place d’une commission de vérification de la gestion de la Sonacop. Cette mission de vérification effectuée par l’Inspection générale d’Etat, fait suite, précise le Conseil, à « des informations qui sont parvenues au Chef de l’Etat sur des faits de mal gouvernance ayant cours à la Sonacop ; faits  dans lesquels le Directeur Général de la Sonacop, Monsieur Expédit Codjo Houessou, serait fortement impliqué.» Parlant d’information sur la mal gouvernance, allusion est faite, on le devine, aux dénonciations fortement médiatisées, suivies de mouvements de grève, faites par le Syndicat national des travailleurs de la Sonacop (Syntra-Sonacop), entre autres. Et comme mesures, le gouvernement annonce le recrutement d’un cabinet d’audit international pour contrôler la gestion des sociétés publiques et semi-privées.

Il aura donc fallu les dénonciations persistantes et fortement médiatisées du syndicat-maison, pour que le gouvernement se rende compte de la gabegie qui a cours à la Sonacop. Le comité de trésorerie mis sur pied par le Chef de l’Etat lui-même n’y a rien décelé. Il en est de même pour l’intendant militaire qui a passé environ un an au sein de la société, comme c’est d’ailleurs le cas pour les autres sociétés d’Etat.

Comédie politique

Dans le communiqué du Conseil des ministres du 09 juillet 2011, il y a donc environ deux ans, le gouvernement, qui semble décerner aujourd’hui une palme d’or au nouveau bureau du syntra Sonacop pour ses dénonciations, avait lui-même reconnu que « la quasi-totalité des entreprises publiques et semi publiques souffrent de la mal gouvernance.»  Cette mal gouvernance, écrit noir sur blanc dans le communiqué, se traduit, entre autres, par « l’irrationalité dans la gestion administrative, comptable, financière et du matériel, le détournement du service audit et contrôle de gestion, la récurrence des réserves  formulées par les commissaires aux comptes… » Et comme solution, le gouvernement avait décidé d’affecter dans chacune des entreprises des auditeurs internes, tous des intendants militaires. Considérés comme « l’œil vigilant du gouvernement auprès de ces entreprises », les auditeurs devraient « rendre compte périodiquement au Président de la République et au gouvernement, des dysfonctionnements qu’ils auront constatés dans la gouvernance des entreprises publiques et semi-publiques.» Ont-ils accompli avec succès cette mission ? Si oui pourquoi le gouvernement n’a pas profité de leurs constats pour faire le grand ménage. Le gouvernement avait lui-même constaté la mal gouvernance depuis 2011. Pourquoi avoir alors attendu qu’il y ait un scandale avant de se décider à prendre des mesures nécessaires ?

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Tout porte donc à croire que le passage des intendants militaires dans les entreprises d’Etat n’a été qu’une balade de santé. Dans le cas contraire, le gouvernement prend alors les Béninois pour des moutons de panurge. Et sur le passage des intendants militaires dans les sociétés d’Etat, il y a donc des comptes à rendre au peuple sur les résultats de la mesure et son coût.  Dans cette affaire de la Sonacop, Boni Yayi et les siens offrent à l’opinion un autre spectacle  de leur comédie politique habituelle.

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