Attention, le gouvernement veut enterrer des dossiers de malversations

Au cours de son Conseil des ministres du 14 mai réservé à la malversation à la Sonacop, le gouvernement a pris la décision de faire auditer la gestion dans sept sociétés d’Etat par des cabinets d’audit internationaux recrutés par avis d’appel d’offres.

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A première vue, cette décision est bonne. Mais à y voir de près, elle s’annonce coûteuse, longue, peu efficace et suscite maintes interrogations.

« Aussi, le Conseil des Ministres a-t-il jugé opportun de  procéder à l’examen de la situation générale de ces sociétés. Des procédures ont été engagées pour recruter, par appel à candidatures, des cabinets d’audit de renommée internationale pour effectuer un contrôle de gestion des entreprises d’Etat ci-après : Bénin Télécoms S.A. ; Port Autonome de Cotonou (Pac) ; Société Béninoise d’Energie Electrique (Sbee) ; Société Nationale de Promotion Agricole (Sonapra) ; Société Béninoise de Manutention Portuaire (Sobemap) ; Caisse Nationale de Sécurité Sociale (Cnss) et Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin (Ortb) pour son volet extension dans la perspective de la 2ème chaîne de Télévision Nationale. L’appel à candidatures pour sélectionner ces cabinets sera lancé le jeudi 16 mai 2013 au plus tard, en relation avec la Direction Nationale de Contrôle des Marchés Publics ». C’est par cet extrait que le Conseil des ministres a pris la décision d’auditer les sociétés d’Etat par des cabinets d’audit internationaux. Cette décision qui suscite déjà des grincements de dents dans le rang des membres de l’Ordre des experts comptables et comptables agréés du Bénin (Oecca-Bénin), qui se disent exclus par le gouvernement pour une activité dont ils ont la compétence, ne manque pas de susciter des interrogations. Pourquoi faire recours aux cabinets internationaux alors qu’il existe au Bénin des cabinets qui peuvent bien faire ce travail. Hormis cela, il y a les corps de contrôle de l’Etat dont la structure faîtière est l’Inspection générale d’Etat (Ige). C’est pourtant cette dernière qui a conduit, avec une célérité inouïe, la vérification qui a conduit à épingler le Dg Sonacop, Expédit Houéssou. Pourquoi donc, à défaut des cabinets d’audit privés, ne pas envoyer l’Ige dans ces sociétés ci-dessus citées? En procédant ainsi, le gouvernement donne l’impression de minimiser les compétences de cette institution. Mieux, le recrutement de cabinets internationaux sera bien onéreux alors que le recours à l’Ige – institution de l’Etat – ne coûtera presque rien. Pourquoi pour la Sonacop c’est l’Ige et pour les autres ont parle d’audit par des cabinets internationaux ? Tout se passe comme si l’Ige ne sort que lorsque le Chef de l’Etat veut vraiment sanctionner. La preuve dans le même communiqué du Conseil des ministres, les tâches assignées à ces cabinets d’audit n’ont pour buts que de faire l’état des lieux de ces sociétés d’Etat et de faire des propositions pour les restructurer. Nulle part le souci du gouvernement n’a été de connaître des malversations financières qui pourraient y être commises et d’engager des sanctions contre leurs auteurs. D’ailleurs, on se rappelle qu’au début de son premier quinquennat, le Chef de l’Etat avait commandé des audits dans les sociétés et offices d’Etat, mais jamais les résultats n’ont été publiés. Ils ont servi parfois à faire des chantages politiques pour amener certains leaders politiques à rejoindre la majorité présidentielle. Tout se passe comme si le gouvernement n’est pas animé par le souci de contrôler réellement la gestion qui est faite de ses sociétés d’Etat et de punir tous ceux qui commettront des prévarications.

Aller cas par cas

En vérité, le gouvernement veut vraiment embrouiller les cartes en lançant les audits dans ces sept sociétés d’Etat. Normalement, tout devrait être fait cas par cas. Le gouvernement devrait tenir compte du passé de chaque société pour voir le niveau de travail qu’on doit y faire. Parmi ces sociétés, il y en a qui ont de graves problèmes de trésorerie actuellement. Il y en a où des audits ou des vérifications ont été faites, mais les fautifs courent toujours. Il y en a aussi où des cas de prévarication avérés ont été dénoncés, mais le gouvernement n’a jamais réagi sur ça. C’est le cas de la Sonapra et de la Sbee. Par contre à la Cnss, la situation paraît bien normale ; mais dans la réalité, il y a de graves soupçons de mauvaise gestion. A la Sobemap et au Port, il faut vraiment auditer, car il y a longtemps que ces sociétés y ont été soumises. Le gouvernement doit gérer les dossiers cas par cas s’il ne veut pas donner l’impression de vouloir couvrir des prévarications dans ces sociétés.

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