L’ombre politique préjudiciable à la presse béninoise

Critiques ou non vis-à-vis des actions du gouvernement, les organes de presse béninois portent, à tort ou à raison en fonction de leur position, des étiquettes politiques qui mettent à mal leur difficile mission d’information.

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Catégorisation politique. La presse béninoise projette une image de désolation. En plus de la difficile catégorisation en plusieurs divisions des journalistes – selon le chroniqueur Herbert-Touyé Houngnibo, les organes de presse portent, bien malheureusement, des étiquettes politiques. Ainsi, les organes de presse ayant des lignes éditoriales qui vont à l’encontre des idéaux propagandistes des actions du régime en place sont tous taxés d’«organes d’opposition», tandis que les organes aux lignes éditoriales souples portent le nom d’«organes Fcbe» ou «organes ‘’mouvancier’’». Et cela, à tort ou à raison. La télévision nationale (Ortb), organe du service public, est, du fait de ses programmes trop souvent déséquilibrés en faveur du gouvernement, qualifiée de «mouvancière». Et parfois même qualifiée de chaîne du  Président de la République. D’autres télévisions, notamment Canal 3 dont le promoteur est un ancien député de l’opposition, et Golfe Tv, sont également étiquetées. L’ombre des politiques est beaucoup plus présente dans la sphère de la presse écrite où rivalisent une centaine d’organes. Et en plus de la catégorisation en mouvance et opposition, certains canards sont étiquetés même du nom des partis politiques.

Jeu préjudiciable. L’étiquetage politique des organes de presse béninois est un jeu bien préjudiciable à la presse elle-même. En effet, dans la quête de l’information, le nom de l’organe de presse peut, en fonction de la source d’information, dans nombre de cas, ouvrir ou fermer la porte. Les invitations pour la couverture médiatique des activités, sont également fonction de cet étiquetage politique. Dans certains milieux, des organes de presse sont même indésirables, et selon des témoignages, des journalistes ont été renvoyés des lieux de reportage. Si l’étiquette politique est préjudiciable à l’organe, il l’est aussi pour la population. «En fonction des journaux que vous lisez, on vous taxe d’opposant ou de ‘’mouvancier’’», a reconnu un citoyen rencontré devant le kiosque de la morgue du Cnhu à Cotonou. En plus de leur catégorisation politique, les populations reçoivent souvent des informations différentes sur un même sujet, comme ce fut le cas pour le chiffre exact de la somme emportée au trésor public par des malfrats. Le champ d’investigation des journalistes se trouve également réduit.

Ainsi, si la communauté internationale célèbre ce 03 mai la liberté de presse, cette liberté se trouve, avec l’ombre politique qui suit les organes de presse béninois, être une utopie. Une utopie bien préjudiciable.

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