Les partis politiques sont-ils encore écoutés par leurs bases ?

Les très bons résultats des candidats indépendants aux élections régionales et municipales du 21 avril 2013, viennent de reconfigurer les rapports de force au sein du système politique ivoirien. 

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Cela traduit une bonne santé de notre jeune démocratie. Mais, met de fait en évidence les limites des stratégies et des choix opérés par les principaux partis politiques. A tel point qu’on peut se demander s’ils sont encore écoutés par leurs bases électorales ? Il était un temps où elles votaient massivement, les yeux fermés dans une discipline quasi militaire. Visiblement, les temps ont changé, et c’est tant mieux pour la démocratie dans notre jeune nation.

La principale leçon à retenir de ces élections couplées est que désormais les électeurs des grands partis politiques prennent un certain recul vis-à-vis des choix et consignes qui leurs sont donnés. Ils sont désormais totalement libres de voter pour qui ils veulent, en fonction de leurs intérêts, et non de ceux des directions de leurs partis politiques. Dans la plupart des démocraties confirmées, tous ces chefs de partis, ministres et autres qui ont faits ces mauvais choix, ou ont été battus devraient normalement démissionner pour avoir été désavoués par les électeurs. Quelle légitimité auront-ils désormais face aux populations qui ont désapprouvées leurs choix (pour les chefs de partis) et blâmées ces candidats investis qu’ils ne reconnaissaient pas comme ayant une légitimité sur le terrain.

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A plus de deux ans des élections présidentielles, les futurs ou potentiels candidats devraient en tenir compte dans l’élaboration de leurs stratégies de campagne, mais surtout dans la composition des équipes de campagne, tant au niveau national que local. Des dirigeants désapprouvés par les populations peuvent-ils encore avoir suffisamment de légitimité pour représenter un candidat dans des circonscriptions où ils n’ont plus la confiance des populations ? Peuvent-ils continuer à exercer leur fonction en dépit de leur échec sans porter de préjudice au candidat qu’ils défendront lors de la campagne présidentielle à venir ? En démissionnant, cela pourrait être perçu par les populations comme un signe de bonne réception du message envoyé au président de leur parti politique.

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En 2015, nous ne seront plus dans les mêmes contextes et conditions, ni dans le même état d’esprit qu’en 2010. Les enjeux ne seront pas les mêmes. Au sein du RHDP, en deux ans, beaucoup d’évènements inattendus peuvent se produire et modifier de fait les rapports de force. Déjà, deux candidatures de poids se sont ouvertement déclarées, dans le magazine panafricain Jeune Afrique, et ont fait monter le mercure au sein du RHDP.

Aujourd’hui, ces élus indépendants constituent une véritable force politique, à plus de deux ans de cette prochaine élection présidentielle. Beaucoup d’entre eux ont été parrainés par des potentiels candidats à l’élection présidentielle de 2020. En politique, rien n’est jamais acquis d’avance et tout peut arriver à tout moment de manière à désorganiser ce qui pouvait sembler être établit d’avance. A l’analyse des résultats de ces élections, on s’attendait à avoir un taux de participation très bas, compte tenu du mot d’ordre de boycott émis par le FPI. Ce ne fut pas le cas. 44,03% pour l’élection des Conseillers Régionaux (28,01% en 2002 pour les Conseillers Généraux) et 36,44% pour l’élection des Conseillers Municipaux (39,40% en 2001). Autrement dit, les militants et sympathisants LMP ont voté non seulement pour des indépendants, mais également pour des candidats issus d’un des deux principaux partis issus du RHDP, dans l’espoir d’affaiblir le second. Ces votes LMP ont de fait contribué à redistribuer les cartes au sein de l’échiquier politique ivoirien.

De ce fait, dans la discrétion, chaque potentiel candidat affine ses différentes stratégies de positionnement, de communication et de présidentiabilité. Ces indépendants élus, et mêmes ceux qui ne le sont pas, mais qui ont acquis une base électorale non négligeable, et tous ignorés par les principaux partis politiques, représentent une force stratégique qui commence à faire réfléchir les potentiels candidats à l’élection présidentielle ivoirienne. Ils savent qu’ils représentent désormais une menace politique. Car ils sont libres de choisir désormais leur camp politique en fonction de leurs intérêts. C’est à eux à l'avenir de faire en sorte d’être des acteurs politiques incontournables jusqu’à la future élection présidentielle de 2015.

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