Hier, à la salle Evasion du Bénin Marina Hôtel, les membres du Conseil d’administration sortant de la Cnss ont tenu un point de presse. Objectif : répondre à la récente sortie médiatique du Directeur général, Auguste Réné Ali Yérima, dont la gestion «crée un manque à gagner à la caisse.»
« Réné Auguste Ali Yérima a cherché palabre du Conseil d’administration, et il l’a trouvé». Ainsi, les Ivoiriens qualifieront sans doute la situation qui prévaut entre l’actuel Directeur général (Dg) et le Conseil d’administration (Ca) sortant de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (Cnss). Quelques jours après la réponse du Dg Yérima aux dénonciations faites par Ajavon, récemment sur Zone Franche, Sébastien Ajavon, flanqué de certains membres du Ca de la Cnss, est encore monté au créneau pour persister dans sa logique. Ce point de presse s’est tenu hier à la salle Evasion du Bénin Marina Hôtel. Face aux journalistes, le président du Conseil National du Patronat (Cnp-Bénin) avait à ses cotés Aristide Adjibi, 3ème vice-président du Cnp-Bénin, Dieudonné Lokossou de la Csa-Bénin et Moise Sèdjro de la Cstb.
Tour à tour, le patron des patrons béninois et ses autres pairs du Conseil d’administration de la Cnss ont battu en brèche les propos du Dg Yérima. Ils ont surtout peint en noir sa gestion. On retiendra que, depuis que Auguste Ali René Yérima a été nommé à la tête de la Cnss, il lui a fait perdre plus de deux milliards de Fcfa. «Pourtant avec son prédécesseur, a souligné, Sébastien Ajavon, nous avons fait rentré beaucoup d’argent.»
Exemples à l’appui
Le premier exemple de mauvaise gestion est relatif aux Dépôt à termes (Dat) effectués par la caisse dans certaines banques de la place. A ce propos, Moise Sedjro, Secrétaire général du Ca, rappelle qu’en janvier 2012, le Dg Yérima a déplacé «indument et sans l’aval du Ca», des DAT de six milliards. Et le mauvais management de la question des DAT a causé à la Caisse un manque à gagner de plus de 500 millions en un trimestre, a complété Ajavon.
Le deuxième exemple concerne l’insubordination du Dg. Pour ce cas, Sèdjro raconte qu’il fut une fois où l’une des commissions du Ca, dirigée par Ajavon, a convié le Dg à une réunion. Mais Yérima a bloqué la salle de réunion arguant «qu’il n’est pas un employé du Ca». «Pis, continue Sèdjro, la ministre de la Fonction Publique a avoué», dans certains milieux, «avoir instruit le Dg à avoir ce comportement à l’endroit du Ca.» «Avec la ministre de la Fonction Publique, ils ont bloqué le fonctionnement de la caisse», va marteler Sébastien Ajavon.
Le troisième exemple est relatif aux émoluments du Dg Yérima. De Aristide Adjibi, on apprend que sans avoir consulté le Ca, le Dg s’est fixé un salaire, alors que celui de son prédécesseur a été fait de commun accord avec le Ca. «Il s’est fixé un salaire qui fait deux à trois fois celui d’un ministre», a précisé le 3ème vice-président du Cnp. Dieudonné Lokossou sortira une note de service prise par le Dg sur des primes qu’il s’est alloué. Il s’agit d’une «somme forfaitaire non justifiable, pour les imprévus» dans le cadre de ses missions à l’intérieur et à l’extérieur du Bénin. Cette somme est de 100.000 francs Cfa pour les missions à l’intérieur et de 250.000 pour celles de l’extérieur.
Face à cette situation, ces membres du Ca n’ont pas manqué de tirer la sonnette d’alarme. «Ce qui se passe au niveau de la Cnss est très dangereux, a affirmé Ajavon. Lokossou avertit : «il y a mauvaise gestion à la Cnss. Si rien n’est fait, la Caisse aura un jour un problème pour payer les pensions ». Et pour ce qu’il y a à faire, Ajavon «implore les députés à adopter en procédure d’urgence une loi» devant permettre d’appliquer à la Caisse les principes de l’Ohada. Cela donnera le droit aux travailleurs et au patronat de désigner eux-mêmes le Directeur en lieu et place du Gouvernement qui n’y met aucun fond.
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