La surprise est à son comble au Madagascar.
Alors qu’on n’attendait que sa décision pour être fixé sur les trois candidatures controversées à l’élection présidentielle du 24 juillet, la Cour électorale spéciale (Ces) a décidé, hier, de les valider, suscitant du fait l’amertume et le désenchantement de la communauté internationale et des forces vives du pays. On ne s’y attendait pas vraiment. Hier, la Cour électorale spéciale (Ces) a rendu une décision assez controversée, en validant les candidatures d’Andry Rajoelina (l’actuel président), Lalao Ravalomanana (l’épouse de l’ancien président) et Didier Ratsiraka, toutes contestées par la communauté internationale et même des forces vives du pays. Lundi, en effet, alors qu’ils étaient réunis en conclave, le Premier ministre, le ministre des Forces Armées, le ministre de la Sécurité Intérieure, le Comité pour la réconciliation malgache, le Conseil de suivi et de contrôle de l’application de la feuille de route, et le Comité militaire de la défense, avaient demandé à la Ces d’invalider ces trois candidatures qui violent allègrement les lois du pays. Andry Rajoelina, actuellement au pouvoir, avait déposé sa candidature en retard. Les deux autres, Lalao Ravalomanana et Didier Ratsiraka, ne résident pas à Madagascar depuis au moins six mois, comme l’exige la loi électorale.
Isolement diplomatique
Cette décision risque de déclencher un isolement diplomatique du Madagascar. A maintes reprises, les membres des organisations internationales, comme la Sadec, l’Union Africaine et l’Union Européenne, sur place, ont averti qu’ils pourraient se retirer du processus de retour à la paix au Madagascar, si ces trois candidatures controversées, déposées en violation de la loi, ne sont pas invalidées. Cette position pourrait être aussi celle de l’armée malgache qui a pris fait et cause pour Rajoelina, depuis qu’il est pouvoir. Ce dernier a créé la grande surprise, il y a quelques jours, en déposant son dossier pour cette élection, alors qu’auparavant il avait promis à la même communauté qu’il n’est pas partant. Le risque d’un nouvel embrasement du pays n’est pas à exclure, avec cette décision qui ne reçoit pas l’assentiment d’un grand nombre d’observateurs. On croyait que cette élection allait sortir le pays de la boue, mais au regard de ce qui se passe, il y a lieu de s’inquiéter pour le Madagascar, parti pour une aventure politique dont l’issue est difficilement perceptible.