Le Béninois Joseph Djogbénou, Professeur agrégé de droit privé, avocat au barreau du Bénin et militant des droits de l’homme, était l’invité de l’émission «Le Grand débat» de la radio Africa N°1 du jeudi 20 juin dernier. Au menu : le projet de révision de la Constitution béninoise du 11 décembre 1990. Synthèse.
« L’objectif de la révision de la Constitution, c’est de nous conduire dans une nouvelle République.» Tel est l’avis du professeur Joseph Djogbénou sur le projet de révision de la Constitution béninoise du 11 décembre 1990, remis sur le tapis par le Président Boni Yayi à travers la transmission au Parlement, le 06 juin dernier, d’un nouveau texte pour étude et adoption.
Cet avis, le professeur Agrégé des facultés de droit, avocat et militant des droits de l’homme, l’a exprimé le jeudi dernier sur l’émission «Le Grand débat» de la radio «Africa N°1». L’homme de droit pense que la révision de la Constitution devrait permettre à l’actuel locataire du palais présidentiel de la Marina, Boni Yayi, de rempiler pour un troisième mandat présidentiel.
Il a fait constater que, quand on regarde le contenu du projet, Boni Yayi fait exactement le contraire de ce qu’il a écrit dans le décret de transmission. «Il a touché au régime présidentiel en introduisant l’initiative du vote populaire. Il n’y a pas de régime présidentiel dans le monde où il y a ce droit à l’initiative populaire. Il a déséquilibré tous les pouvoirs», a affirmé Me Djogbénou. Comme illustration : «il (Boni Yayi, Ndlr) a rendu vulnérables les contrepouvoirs, en réduisant les prérogatives du Parlement en matière financière, puisque la Cour Constitutionnelle pourrait intervenir lorsque le Parlement n’arriverait pas à adopter la loi des finances.»
Mobilisation générale
Sur ce projet de révision constitutionnelle, l’interprétation des implications divergent d’un juriste à un autre. Par exemple, certains avancent que la modification du préambule entraine un changement de régime. Argument réfuté par d’autres.
Le professeur Djogbénou fait, sans doute, partie du premier groupe. A ce propos, il pense donc que «le préambule, c’est aussi la fondation de la Constitution. Quand on change de préambule, on change de fondation et puis on change de République.»
Le professeur Joseph Djogbénou soutient aussi que l’opportunité de la révision de la Constitution fait débat. «Il y a des tensions sociales et on déplore tous les jours les mesures privatives de liberté», a-t-il indiqué. Avant d’ajouter, comme autre exemple justifiant l’inopportunité du projet : «…Actuellement les frontières du Bénin sont occupées par les étrangers. Le Nigeria et le Togo occupent notre territoire.»
Au vu de ces arguments, il appelle à une mobilisation générale contre le projet. «Il faut un grand mouvement contre la révision de la Constitution et pour la République». C’est l’appel qu’il lance à toutes les Béninoises et à tous les Béninois.