Initiation forcée au vaudou «Sakpata» : deux jeunes refusent leur enrôlement

Deux jeunes gens subissent une «chasse à l’homme», depuis plusieurs mois, suite au refus de leur enrôlement forcé dans un temple de vaudou «Sakpata». C’est à Abomey que ça se passe…

Nous sommes tous d’accord que nos cultures endogènes, dont le vaudou fait partie, doivent être valorisées et promues. Mais, quand cette promotion et cette valorisation se font au détriment de la liberté de culte des jeunes gens, le fait doit être plutôt dénoncé, et le comportement fustigé.

Ainsi, dans la commune d’Abomey, deux jeunes gens sont sous le coup d’une vraie «charia», depuis qu’ils ont osé dire non à leur enrôlement de force dans un temple du vaudou «sakpata» (dieu de la Terre), décidé par ses chefs, sous prétexte que le sort les a choisis.

En effet, selon la coutume, quelques temps avant la célébration de la Fête nationale des religions et cultures endogènes, chaque 10 janvier, une vingtaine de jeunes sont désignés pour entrer en initiation dans un temple «Sakpata» et consacrer toute leur vie à ce vaudou.

C’est dans ce cadre que Dassi Murielle et Kpogbozan Tony, deux natifs d’Abomey, ont été désignés par le sort pour participer aux cérémonies rituelles annuelles d’initiation dans le temple du vaudou «Sakpata». C’était le 09 décembre 2012. Or, les deux jeunes gens sont entièrement contre cette décision qu’ils jugent contraire à leurs croyances et à leurs convictions.

Lorsqu’on sait que la Constitution du Bénin a érigé la liberté de culte, d’opinion et d’expression en valeurs fondamentales de la République, on ne peut qu’être d’accord avec ces deux jeunes qui ont préféré garder leur liberté de choix et d’action, au lieu de vouer toute une vie à des pratiques vaudou qui n’ont pas leur adhésion, fût-il par contrainte sociétale.

Alors, suite à la décision, nos deux jeunes gens ont pris la clé des champs, en s’enfuyant de la ville d’Abomey, le 11 décembre 2012, avec la complicité de leurs parents, pour aller se réfugier à Lokossa. Mais, les gardiens et les chefs du vaudou «Sakpata» ont réussi à les localiser, ce qui les obligea à fuir de nouveau. Depuis, c’est à une véritable chasse à l’homme que sont soumis Kpogbozan Tony et sa cousine Murielle Dassi, obligés de fuir de ville en ville pour échapper à leurs poursuivants qui n’ont pas démordu et qui tiennent, contre vents et marées, à appliquer la sentence : les faire entrer dans le Temple du vaudou «Sakpata».

Deux jeunes dans la fleur de l’âge, doivent-ils être obligés de passer le restant de leur vie à «fuir» et à «se cacher», pour avoir refusé un enrôlement forcé ? C’est un fait qui nous interpelle, ainsi que les autorités politico-administratives qui doivent faire quelque chose, surtout depuis que l’affaire a été portée à leur connaissance, par la plainte SO N° 1744 du 22/05/13 C/PJ, déposée au Commissariat Central de Cotonou.

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