L’emploi international, une immense opportunité

L’Afrique et le Bénin sont emballés depuis quelques années dans la mouvance mondialiste. Celle-ci devrait transformer le monde en un village planétaire.

Mais, malgré cela, le Bénin et bien d’autres pays de la sous-région n’arrivent pas à tirer profit de la mondialisation, surtout en ce qui concerne les emplois internationaux.

Monsieur P. K. est Camerounais. A Porto-Novo, où il vit et travaille, il est difficile de le différencier des autres habitants de la ville. Gouailleur, fêtard, on l’a retrouvé dans une fête mondaine, mangeant et buvant avec des amis portonoviens. Chose surprenante, il comprend et parle bien le Goun, la langue du milieu. «Je vis à Porto-Novo depuis 13 ans, ma femme est d’ici, je n’ai rien à envier aux Portonoviens. C’est mon nom de famille seul qui me différencie», affirme-t-il.

Depuis 2003, il s’est installé dans cette ville pour des raisons professionnelles. Recruté par une institution internationale sous tutelle de l’Ohada. En une décennie, il s’est complètement intégré, a pris une femme de Porto Novo et a adopté la ville comme la sienne. «Je vais bâtir à Porto-Novo, car j’aime beaucoup cette ville», confie-t-il. «Je suis Bamiléké, mais peu de gens ici le savent», ajoute-t-il. Au Bénin et dans beaucoup d’autres pays de la sous région, il est de plus en plus fréquent de rencontrer des étrangers qui s’installent dans le pays, parce qu’ils doivent y travailler.  Beaucoup y construisent leurs maisons, prennent des femmes du pays et s’adaptent facilement aux cultures locales.

A cause de sa proximité avec le Nigéria, on rencontre au Bénin des milliers de Nigérians, majoritairement de l’ethnie Biafra, qui émigrent chez nous à la recherche du gagne-pain. Ils tiennent des boutiques et des affaires, bâtissent des maisons et se marient à des femmes béninoises. Naissent de ces unions, des enfants qui comprennent aussi bien le Fon que le Biafrais. Ceci entraine un bon brassage culturel, entre familles béninois et nigérianes, et contribue à la compréhension entre ces deux pays.

Selon une étude d’El Mouhoud Mouhoud de l’Université de Paris Dauphine, «les pays du Sud s'insèrent principalement dans la mondialisation par les migrations internationales, en particulier de personnes qualifiées, en dépit des restrictions considérables qui pèsent sur la mobilité du travail». Pour favoriser l’amitié et la concorde entre les peuples, l’Organisation Internationale de la Francophonie a initié le projet «Mobilité» pour permettre la libre circulation des jeunes dans l’espace francophone, par le biais de la formation universitaire. Ce projet a contribué énormément au renforcement de la cohésion culturelle en Afrique francophone, grâce aux nombreuses migrations entre les hommes et les peuples d’ethnies et de cultures différentes. 

L’emploi : le ciment du brassage Nord-Sud

Selon plusieurs témoignages, l’emploi a amené maints Béninois à changer de région. Certains qui sont du Septentrion ont migré vers le Sud et vice versa. Ces migrations ont aidé à renforcer l’intégration culturelle entre le Nord et le Sud. Et pour cause, à la recherche du gagne-pain, des milliers de Béninois se sont installés dans des régions dont ils ne sont pas originaires, et y ont trouvé l’âme sœur. Ce brassage a permis aux uns et aux autres de mieux connaître et de comprendre la culture des autres et de ne pas les regarder autrement. Il a beaucoup apporté à la concorde et la paix entre les ethnies et les peuples du  Bénin.

C’est le cas de Dame Aïssata Boubacar. D’ethnie fulfuldé, elle a suivi une de ses tantes pour venir s’installer à Cotonou dans les années 80. Aujourd’hui, mariée à un fon, seule ses cicatrices peuvent encore permettre de l’identifier comme une femme peule. Elle parle bien le fon, prépare les mets du Sud et s’habille comme une femme d’ici. «Je suis fière d’être la femme des Ayatô ganmènou (allusion au panégyrique de la famille de son mari)».

Beaucoup de femmes, comme elle, ont adopté l’ethnie et la culture de leur mari, et tout ceci a participé au renforcement de la cohésion nationale. L’Etat y contribuera davantage en encourageant les travailleurs à résider et travailler dans des zones géographiques qui ne sont pas forcement leurs régions d’origine.

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