Quatre questions à Amos Elègbè

Il est de retour. Hier sur le plateau de l’Ortb, Amos Elègbè, l’inamovible Conseiller spécial aux affaires politiques du Chef de l’Etat, est revenu à la charge. 

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Celui qui s’est prévalu entre temps d’être le maître à penser de Boni Yayi, a expliqué que l’initiative de révision de la constitution ne vient pas de Boni Yayi et demande aux uns et aux autres de « le laisser travailler ». Le raisonnement est assez sibyllin et cache mal les velléités d’une révision « intéressée ». Questions.

Le speech du Conseiller spécial de Boni Yayi, hier sur l’Ortb, recèle de bien curieux arguments et de contre-vérités, servies, certes à doses homéopathiques, au peuple mais bien décelables. Pour un Amos Elègbé qui intervient pour la  énième fois sur la même  question,  le discours devrait être plus consistant et l’argumentaire plus convainquant. Il nous laisse sur notre faim et nous amène à lui poser quelques questions.

Question 1 : Amos Elègbè répondait à qui ?

Selon ses propres dires, cette intervention médiatique vise à répondre aux spéculations de journalistes sur les médias sonores, mais surtout dans les tabloïds du pays et sur internet. Les seuls écrits des journalistes l’auraient donc amené à réagir parce qu’il a constaté, dit-il, que les sorties du Secrétaire général du gouvernement  et du député Chabi Sika Karimou, n’ont pas réussi à faire cesser  cette « cabale ». Depuis que cette polémique enfle. Aucun acteur politique sérieux de l’opposition, aucun syndicaliste, aucun spécialiste de droit constitutionnel n’a réagi. Les trois qui ont parlé jusque là, font partie de la mouvance au pouvoir. Alors donc, à qui répondait Elègbè ? Aux journalistes ? Si c’est cela, bravo, mais les journalistes ont dénoncé des faits plus graves,et n’ont pas manqué de faire de troublantes révélations sur des dossiers de prévarications, jamais il ne leur a répondu. Sa subite attention aux problèmes soulevés par ceux-ci, paraît bien curieux. Comme disait quelqu’un, Elègbè répondait au « vent ».

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Question2 : Yayi a voulu respecter un accord politique ?

Voulant justifier le projet de révision de la constitution – dont on sait désormais qu’elle est imminente – Elègbè affirme que ce projet fait partie d’un document de partenariat politique entre Boni Yayi (alors candidat) et l’Abn composée du Madep, de la Rb et du Psd, entre les deux tours de l’élection présidentielle en 2006. En son point 3, renchérit-il, l’Abn demande « l’évaluation de la constitution du 11 décembre ». Ce n’est donc Yayi qui est l’initiateur de cette révision. Le raisonnement est bien curieux, dans la mesure où le Chef de l’Etat a longtemps violé de fait cet accord en sortant ces partis de son gouvernement. Vouloir brandir cet accord pour justifier quoi que ce soit, paraît bien injurieux à l’endroit des leaders de ces partis. Mieux, l’accord parle de l’évaluation de la constitution et non de sa révision. Et sur ce point, Elègbè est passé à côté.

Question 3 :  Robert Dossou a été ainsi remercié ?

Amos Elègbè a précisé que le départ de Robert Dossou de la Cour Constitutionnelle  n’est pas une sanction. « Il n’a pas quitté parce qu’il a été incompétent. Il a quitté parce qu’il a bien fait son travail.» Selon ses dires, Dossou peut prétendre à autre chose. Et pourtant, les quatre représentants de l’Assemblée Nationale ont été reconduits, grâce à l’implication personnelle du Chef de l’Etat. Alors, ceux qui ont été reconduits ont-ils été, eux, médiocres ou incompétents ? Ceci paraît curieux puisque d’habitude, c’est celui qui a fait piètre figure qui est remercié. Au pays d’Elègbè c’est le contraire. Bravo l’incompétence !

Question 4 : Qui doit laisser Yayi travailler ?

A maintes reprises, Elègbè et d’autres caciques du pouvoir ont répété cette phrase, tel un refrain, « il faut laisser Yayi travailler ». Personne n’ose dire qui l’empêche de travailler. A chaque fois qu’il y a un sujet à polémique, on trouve qu’on empêche Yayi de travailler, comme si la démocratie est conçue pour que  tout le monde applaudisse Yayi et le caresse dans le sens des poils. A nul autre égard, cela s’assimile à l’autocratie où personne ne doit, ni titiller, ni critiquer le chef. On se demande si Elègbè et les partisans du régime ne sont pas ceux qui l’empêchent de travailler avec leurs déclarations intempestives. A moins de vouloir intimider les journalistes, le Conseiller politique du chef de l’Etat n’a-t-il pas a mieux à faire que d’investir les plateaux de télévision ?  Commis pour enquêter sur le concours frauduleux au ministère des Finances, il a mieux à faire que de parler à la télévision. Un conseil pour le Conseiller : savoir  se taire, quand on n’a rien  à dire. Et sur ce dossier, le Sg du gouvernement  et le député Chabi Sika avaient pourtant dit la même chose avec les mêmes arguments . 

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