Affaire Patrice Talon : le soutien des centrales syndicales au juge Angelo Houssou

Hier, une délégation constituée de responsables des centrales syndicales, était au domicile du désormais célèbre juge Angelo Houssou.  Objectif : comprendre ce qui s’est passé, et apporter leur soutien à celui qui a osé déclarer un non-lieu dans une affaire dans laquelle le Chef de l’Etat est plaignant.

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Une délégation constituée des premiers responsables de cinq grandes centrales syndicales, était dans l’après-midi d’hier au domicile du juge Angelo Houssou.  Ce sont, la Confédération des syndicats autonomes (Csa), la Confédération des syndicats de travailleurs du Bénin (CSTB), la Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb), la Confédération des Syndicats indépendants (Cosi-Bénin) et la Cspib. Angelo Houssou est le juge du sixième cabinet d’instruction du Tribunal de première instance de première classe de Cotonou, qui a rendu une double ordonnance de non-lieu dans les affaires dite de tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat contre le Président de la République, avec comme présumé commanditaire l’homme d’affaires béninois Patrice Talon.  

Emmenée par le Secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes (Csa-Bénin), la délégation était chez celui qui fait objet de filature et pression depuis la prise de ces ordonnances, le 17 mai, pour avoir sa version des faits, «comprendre ce qui s’est passé» et lui apporter son soutien. Arrivée autour de  18 heures, la délégation s’est entretenue à huis clos avec le juge Houssou pendant un peu plus de 30 minutes, avant de se confier à la presse.

Au nom de la liberté et la démocratie

«Nous sommes venus voir le juge Houssou qui a rendu une ordonnance de non-lieu dans une machination. Il a été courageux », a déclaré Pascal Todjinou de la Cgtb. Il est appuyé par son «camarade» de la Csa, Dieudonné Lokossou, selon qui «c’est un devoir de venir voir un homme en danger». Un homme «qui a fait son travail en toute indépendance et en toute conscience, comme l’exige la Constitution.» Son camarade de la Cstb, le truculent Paul Isse Eko, avec son écharpe rouge habituelle, ne dira pas le contraire. «La Justice doit être indépendante. Et c’est ce que nous réclamons.» «Merci», a répondu Me Alain Orunla, au nom de son client, le juge Houssou. Il va demander aux syndicalistes de continuer leur combat pour «la préservation de la liberté et de la démocratie.» Appel  entendu. Les syndicalistes en sont eux-mêmes conscients. Cette mise en garde de Lokossou est assez évocatrice : «Si quelque chose arrivait au juge Houssou, compte tenu de ce qu’on a entendu, nous saurons à qui nous en prendre.»

Le juge Angelo Houssou toujours exposé

Selon une source proche du juge, ce dernier  a reçu, ce lundi 15 juillet,  un courrier du Garde des Sceaux et ministre de la Justice par interim, Mêmouna Kora Zaki. La Garde des Sceaux invite, a-t-on appris, le juge Houssou à  lui transmettre les identités, le nombre, les corps d’origine, des personnes qu’il voudrait lui-même choisir pour assurer sa garde. Mais, avant même qu’il ne réponde au courrier de la ministre, la horde de militaires et policiers qui avait assiégé son domicile, s’en est retirée. Ils l’ont fait tout comme leurs frères d’arme qui se sont installés dans les maisons voisines pour filer le juge et ses visiteurs. «On n’a pas demandé que le dispositif sécuritaire autour du juge soit totalement levé. On a exigé que le dispositif soit allégé. Et que le juge soit lui-même associé aux mesures prises pour assurer sa sécurité, que son domicile ne soit plus assiégé et que cesse la filature systématique dont il fait objet. Actuellement, il est encore exposé», s’est plaint l’un des proches du juge. On apprend aussi de la même source, que la filature du juge n’a pas pris fin, malgré le retrait de sa maison et des environs, de la horde de gardes du corps à lui imposée. Mais, cette fois, la filature se fait plus discrète.

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