Bénin : début du jeûne musulman dans la morosité économique

 

Conformément aux prescriptions du Coran, et suivant le calendrier lunaire, le jeûne musulman débutera ce jour, alors que prévaut au Bénin une morosité économique, en dépit des 5,4% – à polémique – de croissance économique.

Le jeûne musulman ou saoum (sawn) débute ce jour. Ainsi, conformément aux prescriptions de la religion du Prophète Mahomet (paix et salut sur lui), pendant les 30 jours prochains, les fidèles musulmans, pubères et non malades, s’abstiendront de nourriture, de boisson, de tabac et de relation sexuelle, depuis l’aube jusqu’au coucher du soleil.

Selon les explications de fidèles musulmans rencontrés hier à Cotonou, cette privation de désirs et toutes autres choses qui sont contraires à la pureté de l’esprit et de la foi musulmane, constituent le 4ème Pilier de la religion islamique. Donc, une contrainte religieuse pour tout fidèle musulman. C’est dire que le jeûne en lui-même, du point de vue de ses principes et de ses exigences, est comme une croix que doit porter tous ceux qui reconnaissent le Prophète Mahomet (paix et salut sur lui) comme l’envoyé de Dieu sur terre, et ont accepté de le (lui et ses enseignements) suivre en tant que tel.

Mais, si le jeûne apparaît comme une croix, elle n’est pas, dans le contexte économique béninois, la seule croix des adeptes de la religion venue du Moyen-Orient, précisément de l’Arabie Saoudite.

 

La morosité économique, une autre croix pour

le fidèle

Selon les statistiques fournies cette année par l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique (Insae), le taux de croissance économique du Bénin est de 5,4%. Si ce chiffre, encore objet de polémique, a été confirmé par le Représentant résident du Fonds Monétaire International (Fmi), il n’a pas d’impact positif sur la population béninoise. Qui elle, souffre encore le martyre. «Rien ne va dans le pays. Il n’y a pas d’argent, et le prix des denrées de première nécessité reste encore élevé», s’est plaint Urbain, un citoyen béninois rencontré au marché Dantokpa, il y a quelques jours. C’est dans ce contexte économique délétère que débute le jeûne musulman de cette année.

Comment les fidèles musulmans béninois surmonteront-ils cette dure épreuve physique et spirituelle ? «J’espère recevoir de l’aide de certains oncles, pour acheter le nécessaire pour le repas de l’aube et du coucher du soleil», a confié Ismaël, un jeune étudiant. «Moi, mes parents m’ont envoyé un peu d’argent et j’espère que cela me suffira pour le mois», a expliqué de son côté Aziz, un autre étudiant. Si pour ces deux étudiants, le soutien familial aidera, ce n’est pas le cas de Deen, qui, lui, doit s’en remettre à la solidarité de la mosquée pour porter sa croix religieuse. Une bien difficile situation dans l’accomplissement du devoir islamique.

Avec la situation économique actuelle, les fidèles musulmans béninois porteront, pour les 30 jours à venir, une double croix. Et il leur faut beaucoup d’énergie. Prions Allah le Miséricordieux, pour qu’il leur accorde l’énergie nécessaire.