Bénin: L’heure de vérité approche

République bananière? Oui, nous avons déjà passé ce cap dans la crétinisation de notre pays. Etat hors-la loi où un falsificateur des lois? Nous y sommes maintenant.

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 Régime de mensonge et d’imposture, nous y sommes également. Mais, comme le dit l’adage bien connu, on peut tromper une partie du peuple une partie du temps, mais on ne peut tromper tout le peuple tout le temps. Et pour le système politique de prédation, en place depuis le 06 Avril 2006, il semble que le compte à rebours vient de commencer…

1. Le temps: un allié parfois ingrat

Du changement à la refondation, le temps semble avoir été l’allié sûr du peuple béninois, dans son combat contre l’injustice et l’irrationalité. Apparue aux nouveaux princes dans sa grande générosité, il s’est laissé aller très vite, débitant le compteur de nos  Princes à grands cliquetis d’horloge, alors que s’égrenaient les scandales qui jonchent le parcours de la République bananière. Oui, le temps, meilleur allié quand vous semblez l’avoir dompté, mais vous fausse compagnie tel un visiteur qui ne fait pas signe avant de vous quitter. Ce temps est celui qui file entre les doigts du gouvernement de notre pays et de son Chef.  Ce temps manque maintenant, pour passer au volet économique du renouveau démocratique, les sept premières années n’ayant pas suffi, confrontées qu’elles étaient  aux précipitations et  aux improvisations.  C’est ce temps précieux qui joue un tour aux plus docteurs des économistes, quand ils ne savent pas en faire des alliés sûrs. Mais, pour le peuple, le temps n’a pas de longueur. Puisqu’aujourd’hui, le peuple béninois est en passe de récupérer son bien, même s’il ne rattrapera jamais le temps perdu.

2. Réviser la Constitution pour faire échec aux caprices du temps

Oui, le temps file trop vite. Il n’a pas suffi au changement ; la refondation a nécessité le KO, parce que le Prince pensait que  le miracle qui n’avait pu être fait durant les cinq premières années, pouvait encore se produire, maintenant qu’il connait bien la maison. Mais, erreur, à peine a-t-on entamé le règne du chaos que nous nous acheminons vers la fin.  Les prières dans les sectes et les mosquées n’ont pu arrêter le temps, pour permettre au Prince de se signaler à l’attention de ses ouailles et à la communauté internationale, que par les scandales et les frasques colorées au violet et au rouge. Mais le temps passe vite et un autre KO doit nécessairement passer par la révision de la Constitution, et donc par l’Assemblée Nationale, là où on a stocké les obligés, soigneusement sélectionnés sur la liste contraignante de Mars 2011, pour servir l’homme providentiel, comme la télécommande obéit à son propriétaire, pour changer les programmes de télévision. C’est sur ces députés de notre chambre d’enregistrement, auxquels s’associent temporairement ceux qui ont bien voulu être de la ripaille gabegique  au sommet de l’Etat, avec de petits strapontins ministériels ou de petits Conseillers dans les cabinets, que compte le Prince pour porter le coup de grâce à la démocratie béninoise. L’affaire aurait pu être plus simple, si Patrice Talon avait consenti les fonds nécessaires à l’achat du complément qui devrait porter le nombre de députés nécessaires, pour joindre l’utile à l’agréable.  Un an plus tard, même si les moyens ont changé pour parvenir à cette fin, la détermination demeure intacte.  Grâce à la technologie déjà bien huilée et qui a déjà fait ses preuves dans la tentative de l’empoisonnement du Prince, on peut même allumer la flamme de la révision, que surtout les “siens“ du Président vont tenir allumée jusqu’au passage attendu du nouveau texte par les Honorables, et s’il le faut jusqu’au référendum.  Et là, nous avons du temps.

3. La correction de la LEPI, telle une tortue bien rodée attendra le temps qu’il faudra

Il parait qu’il y a une structure similaire à la CPS LEPI, de triste mémoire, qui supervise la correction de la LEPI. Les membres, pour la plupart acquis à la révision, se presseront lentement pour corriger le fantôme qui refuse de se révéler et de se faire corriger. La LEPI ne connait que deux personnes, M. Boni Yayi et M. Arifari Bako, ce sont les deux qui ont produit, au forceps, le premier fichier biométrique du Benin démocratique, dont l’histoire retiendra qu’elle est une machine à fraude et un piège à perdre pour ceux qui ont commis le crime de ne pas partager les points de vue du régime de la refondation. Tous ceux qui singent leur soutien, gagneront toujours par la LEPI. Même Albert Tévoédjrè, récemment rebaptisé Frère Melchior, et Robert Dossou,  nouvellement débarqué de la Cour des miracles, ne l’ont jamais vue. A la faveur de la révision, elle se révélera à nouveau à ses deux maîtres, et vous pouvez deviner les résultats d’un référendum avec la LEPI, surtout que les statistiques de la ville de Cotonou, révélées par le dernier recensement de la population, ont révélé que Cotonou s’européanise par le ralentissement de sa population. Les démographes nous diront si la ville économique a commencé sa transition démographique. Précoce n’est-ce pas?

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4. La Justice donne de l’espoir et ouvre le couloir vers la vérité

C’est par la maison Justice, troisième pan de l’édifice démocratique que l’espoir renait. A en juger par les dernières prestations de notre Justice, on est en droit de penser que l’heure de vérité approche. Qui aurait pu imaginer un tel dénouement, quand on considère les spectacles auxquels les Béninois ont eu droit avec le Procureur de la République, médiatiquement prompt à inculper facilement et à faire des sorties fracassantes dans la presse, donnant l’impression d’être en mission. Et que dire de l’ancien premier flic de la ville économique, gracieusement promu patron des flics et porté précocement à la cime de sa carrière, pour service rendu. Dans un tel contexte, les ordonnances du jeune juge Angelo Houssou donnent l’allure d’une thérapie qui tire les Béninois du sommeil, eux qui étaient sous l’effet soporifique des produits agités auxquels leur Président a heureusement et miraculeusement échappé, grâce à la protection des dieux. La confirmation de ces ordonnances par la Chambre d’accusation, le lundi 1er Juillet dernier, sonne définitivement le glas d’une Justice pensée aux ordres et jette une lueur d’espoir sur la démocratie béninoise qui a trop reçu de coups. Gageons que la Cour Suprême conforte l’espoir du peuple et ouvre définitivement le couloir vers la vérité, celle à laquelle nous aspirons tous pour notre cher pays. Pour le Prince de la Refondation, le compte à rebours ne fait que commencer.

Coffi Adandozan
Economiste-Planificateur Lille, France

 

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