C’est l’homme politique qui m’a le plus amusé ces derniers jours. Ce titre, je le lui concède de bon gré, l’ayant vu depuis 2006, s’évertuer à défendre, non une vision politique, mais les idées d’un homme. Mais, par ici, on devient homme politique ainsi, en sachant «soutenir» avec zèle les idées les plus saugrenues, d’un maître souvent mal inspiré.
Et le voilà compté dans le gotha. Lui, l’ancien communiste, repenti de la coterie «rouge», a au moins le courage de dire et d’assumer les monstruosités de la nébuleuse politique dont il est le Coordonnateur.
Ces derniers jours, disais-je, il était sur le terrain où, souvent flanqué de son Sg Codjo Sodokin, il rencontre les membres des coordinations communales des Fcbe, pour leur parler de la révision de la Constitution, mais aussi de la succession de Boni Yayi. A Kandi, Eugène Azatassou a affirmé que les difficultés actuelles de la famille Fcbe, viennent du fait que les militants mettent leur égo au devant des intérêts du pays et du parti. Pour lui, le plus urgent c’est de renforcer les bases du parti, afin de lui permettre de rester le plus grand parti du pays. La finalité, c’est que les Fcbe vivent toujours après l’ère «Yayi» et qu’ils veulent encore gagner le pouvoir en 2016, pour sauvegarder les acquis de Boni Yayi.
Alors je pourrai bien demander à Azatassou de quels acquis parle-t-il ? De la liquidation de notre démocratie et des valeurs de fraternité, d’excellence et de justice qui fondent notre République ? De l’assassinat de la filière coton et des secteurs névralgiques de l’économie nationale ? Du silence coupable sur l’escroquerie Icc, et du refus obstiné à ne point dédommager les spoliés, en dépit de sa propre promesse électorale de le faire ? Des concours où ne réussissent que les enfants des cadres du ministère qui l’a organisé ? Du taux de croissance qui stagne en dessous de 6% (chiffre du gouvernement), alors qu’il était promis à deux chiffres, le 06 Avril 2006 ? De l’inflation galopante des prix des denrées de première nécessité ? De la gouvernance par la provocation, qui fait grincer des dents magistrats, députés, douaniers, enseignants… ? Des voyages somptuaires et interminables du Chef ?
Est-ce à cause de ces acquis qu’Azatassou court monts et vaux ? On me répondra qu’il y a eu mieux. Qu’il y a eu les micros-crédits aux femmes et aux jeunes, le reversement des milliers d’agents dans la Fonction Publique, la construction de plusieurs infrastructures routières et des usines de transformation. On me dira qu’il y a eu des acquis, mais quid de leur efficacité sur le bien-être des populations, au regard de la multiplicité des mendiants qui s’approchent de vous à chaque coin de rue. Azatassou s’érige curieusement en réformateur des Fcbe, et demande aux militants de travailler pour sa cohésion et son renforcement. Diantre, comment peut-il croire, lui, que cet attelage politique va survivre après Yayi, alors que devant lui, et alors même qu’il est tout puissant, le cafouillage est entré en son sein ? Comment veut-il penser que les Fcbe vont gagner les élections, alors qu’elles s’effritent déjà dans les mains de Yayi, et ses interventions personnelles n’arrivent pas à régler les crises à Abomey Calavi et à Dassa Zoumè ? J’ai l’impression que le Coordonnateur national des Fcbe s’accroche à un mur qui s’écroule, alors même que le maçon éleveur s’est déjà mis à l’écart pour constater la faiblesse de son œuvre. Le bilan et les acquis du Changement seront très peu défendables après 2016, et les Fcbe, sauf cataclysme, ne pourront pas être viables après Yayi. Croire donc qu’ils pourront gagner le pouvoir est utopique.
Azatassou gagnerait mieux à passer plus de temps dans son luxueux bureau du ministère de la Décentralisation, qu’à faire campagne pour l’impossible. Sauf s’il surfe sur les effets magiques du K.O et les mystères d’une Lépi virtuelle, sûrement dissimulés dans sa paperasserie politique de Coordonnateur.
Laisser un commentaire