«Le Leurre» de Freddy à Artisttik africa : une mise en scène des plaies de l’Afrique

Jeudi, s’est ouvert, au Centre culturel Artisttik Africa, le bal des spectacles inscrits pour le compte de la nouvelle saison artistique, avec l’artiste Alfred Fadonougbo, alias Freddy, dans un monologue vivant intitulé  «Le Leurre».

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Seule mémoire rescapée  des pièges du système, Freddy est courroucé, très en colère, remonté contre tous. Incompris, isolé, sans interlocuteur, il se refugie dans un cabaret pour noyer sa déception dans des verres de vodka, et dire haut, dans un monologue, ce que bon nombre de personnes pensent tout bas. C’est la représentation, lors des soirées de jeudi et vendredi derniers, de la pièce «Le leurre», du théâtre Igbala, au centre Artisttik africa. Une pièce née de l’adaptation de «Traumatismes» et de «Contradictions». Deux textes de Ousmane Alédji, promoteur culturel. 

Destiné à la jeunesse, qui a brillé par sa remarquable absence à la soirée de spectacle du vendredi, «Le leurre» est une mise en scène des drames de l’immigration clandestine, de  la corruption, de la religion, de la famine et des maux qui minent l’Afrique.

Un verre, encore et encore. Freddy boit comme un pompier, pour se révolter. Des jeunes Africains qui, à la quête de l’eldorado, se noient dans les profondeurs des eaux agitées de l’océan, des jeunes noirs qui, sous les souris moqueuses, se font appeler "sans papiers", ou se font matraquer en Occident, des déchets toxiques quotidiennement déversés sur les côtes africaines contre des miettes… Autant  de maux qui chagrinent l’alcoolique, le fou, et le balancent  d’un bout à l’autre de la scène. Freddy hurle, renverse le meuble, et interpelle un interlocuteur. Le jeune absent de la soirée, le politique et tout le système de gouvernance mondiale.

C’est l’expression de la rage de l’artiste,  en réponse au «Leurre», auquel l’africain se fait prendre dans ce monde débridé.

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Le lapin culturel

Leurre. Il y a leurre quand des autorités du ministère de la Culture, après avoir rassuré, et ce jusqu'à quelques heures du démarrage, les organisateurs d’une soirée de spectacle, de leur présence, brillent par leur absence. Devenues des culturels malgré eux, comme le personnage Sganarelle de Molière, elles n’ont pas de réelle politique culturelle. «Pas de vacances aux valeurs», a dit Jérôme Carlos, le chroniqueur.  Sous les tropiques où l’Etat est incapable de construire des centres de loisirs et de spectacles, et d’animer les quelques-uns disponibles, pour favoriser le rassemblement des jeunes autour de loisirs sains en périodes de vacances, où  il est aussi incapable de soutenir des initiatives privées qui couvrent sa nudité, cette recommandation du chroniqueur serait vaine. La question reste posée, et les miettes données comme appui financier, aux promoteurs de centres culturels, ne peuvent combler ou égaler une assistance physique de l’autorité, qui donne à tout évènement un accent particulier. Vivement que les promoteurs culturels ne se lassent de persévérer dans cette noble mission pour l’épanouissement des jeunes.

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