Mali : Tiébilé Dramé ou le symbole de la protestation contre l’impérialisme électoral

En voilà un qui est courageux. Il s’agit de Tiébilé Dramé ; désormais ancien candidat à la présidentielle malienne du 28 juillet prochain. Une présidentielle qui est censée mettre fin à la transition politique que connaît le pays de Modibo Keita depuis la chute du régime Toumani Touré avec le coup d’Etat du 22 mars 2012 perpétré le capitaine Sanogo et ses hommes.

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En effet, hier mercredi 17 juillet, Tiébilé Dramé, candidat du Parti  pour la renaissance  nationale (Parena) a annoncé son retrait de la course pour le palais de Koulouba. Concernant la tenue à tout prix de l’élection le 28 juillet, la position de l’artisan de l’accord politique de Ouagadougou entre le gouvernement et les rebelles touaregs est sans ambages : « Il n’y aura pas d’élection crédible le 28 juillet ». Et ce qui lui fait encore plus mal, c’est que « Paris, pousse aux élections coûte que coûte ». Ce qui lui donne l’impression que le ministre français des Affaires étrangères,  Laurent Fabius est devenu « le directeur des élections au Mali ». Le retrait de Tiébilé Drama de l’élection présidentielle est intervenu alors même que la Cour constitutionnelle ne s’est pas encore prononcée sur son recours pour le report du scrutin.

Ramer à contre-courant de…

En décidant de se retirer, Tiébilé Dramé refuse de participer à la complicité entre la communauté internationale, les autorités gouvernementales de la transition et une partie de la classe politique pour faire élire à la tête du Mali un président contestable. Il refuse d’être acteur de ce qu’il désigne lui-même par « bricolage » dans la préparation du scrutin.

On se rappelle que le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni)  a affirmé à plusieurs reprises que la date du 28 juillet n’est pas la bonne pour la tenue de l’élection présidentielle. Justification : tout ne sera pas fin près pour une bonne tenue du scrutin. Mais le gouvernement malien et la communauté internationale banalisent les appels du président de la Ceni et les nombreuses irrégularités qui entachent le processus. Le gouvernement a maintenu la présidentielle à la date du 28 juillet. Il est soutenu dans sa logique par la France et les Nations Unies à travers son secrétaire général, Ban Ki Moon. En visite à Paris lundi dernier, ce dernier a même affirmé que «les résultats devront être acceptés par toutes les parties même si, a ajouté le secrétaire général des Nations unies, le scrutin est imparfait ». Une option partagée par certains candidats.

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…la complicité

Aussi bien au niveau de la communauté internationale que du gouvernement et de la classe politique malienne, l’on est conscient qu’on est parti pour avoir le 28 juillet un scrutin à problèmes, avec des « ratés ». Mais, à quelques exceptions près, les différentes parties prenantes se sont mises dans la logique du forcing, Et pourtant. Il est vrai qu’il faut y aller très vite en vue de mettre fin à la transition et installer à la tête du pays un gouvernement légitime.

Mais il ne sert à rien de « bâcler » le processus pour déboucher sur une élection à problèmes. Ce qui pourrait d’ailleurs déteindre sur la légitimité du président élu. Mais A y voir de près, la pression pour la tenue du scrutin le 28 juillet quelle qu’en soit le prix vient de la France, soutenu par les Nations Unies avec la complicité et/ou l’impuissance du gouvernement de transition malien et  d’une partie de la classe politique du pays. Par conséquent, en se retirant, Tiébélé Dramé, acteur non négligeable du processus de pacification du Mali, devient un symbole de la protestation contre cet impérialisme électoral. Mais comme le dira l’autre, il est bien de faire une bonne œuvre. Mais il est encore mieux de faire cette bonne œuvre de la bonne manière.

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