Zéro grève à l’école

Une première au parfum d'une grande et belle victoire : zéro grève au cours de l'année scolaire 2012-2013. Nous avons perdu la mémoire d'une aussi merveilleuse embellie.

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Des grèves totales ou perlées, la confiscation des copies, le boycottage des corrections, la menace de l'année blanche… nous ne connaissons que trop les coups qui viennent, à saison régulière, perturber l'école.

Maintenant que ce qui aurait pu tenir lieu d'un miracle a eu lieu, quelles dispositions pratiques prenons-nous pour que le miracle dure et perdure ?  L'année scolaire 2012-2013 que nous venons de vivre ne doit pas être un accident dans la ronde des ans. Elle ne doit pas être un cadeau mystérieux fait à l'école béninoise par des forces non moins mystérieuses. Elle ne doit pas être le produit du hasard. Si tant est qu'il soit possible de conclure à l'existence d'un tel phénomène.

De notre expérience des êtres et des choses, nous affirmons que l'on ne construirait rien si l'on devait s'illustrer dans et par les trois attitudes ci-après :

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• Le bavardage oiseux. Cela va dans tous les sens. Cela n'accoste nulle part. Cela n'embraye sur rien. On parle en l'air. On parle pour ne rien dire. On ne sait pas de quoi on parle. On ne sait plus de quoi on parle.

• Les vaines incantations. Elles s'alimentent aux sources d'une grave méprise : croire en la force magique des mots et ignorer l'effet levier de l'action qui soulève les choses. Ne l'oublions point : le verbe n'a pu se faire chair qu'en s'investissant de la puissance de l'action.

• L'indifférence coupable. On s'assied en s'illusionnant qu'une main invisible vous fera faire, et sans frais, le tour de la terre. On se fait spectateur détaché, passif, entendant, à peine, la rumeur du monde, regardant, de loin en loin, un monde qui n'arrête ni de tourner sur lui-même ni de tourner autour du soleil.

Voilà les trois attitudes à écarter. Elles ne nous aideront point à promouvoir des années scolaires sans grèves. Autrement dit, elles nous aideront à monter des années sans grève sur le sable mouvant de l'éphémère. Que faire donc pour que le concept de l'année sans grève devienne la chose la mieux intégrée et la mieux partagée de notre système éducatif ?

Voici, à cet égard, trois propositions. Elles s'articulent et s'emboîtent les unes dans les autres. Elles forment, en dernière analyse, un dispositif unique ordonné vers un objectif unique : faire de chaque année scolaire, sur toute l'étendue du territoire national, une année apaisée, loin de tous remous, libérée de toutes turbulences.

Première proposition. Nous devons mettre en place, avant la prochaine rentrée scolaire, un cadre permanent de concertation de l'éducation nationale. Elle réunira toutes les parties prenantes à la mission d'enseignement et d'éducation dans notre pays. Cette assemblée générale des acteurs du système éducatif agira comme un observatoire national de veille stratégique. Dans un souci d'efficacité, cette assemblée générale se donnera un bras exécutif représentatif nanti des pouvoirs étendus.  Il aura compétence pour gérer, décider et agir, au jour le jour. De ce fait, rien, qui concerne l'école, ne doit lui être étranger.

Deuxième proposition. Un système d'alerte national doit être mis en place dans le système éducatif. Il s'agit d'anticiper toutes situations de crises, d'engager des actions correctives avant qu'il ne soit trop tard. Partout où le feu peut prendre, la vigilance doit être de rigueur. Et la prévention sera toujours plus efficace que des efforts de réanimation exercés sur un corps froid. Il va falloir se résoudre à plus informer, à mieux communiquer. C'est parce qu'il se passe trop de temps entre les premières alertes et les premières interventions que le sinistre évolue et enraye tous les efforts pour le circonscrire.

Troisième proposition. Le système d'alerte éveille. C'est un mécanisme de médiation qui doit se charger de comptabiliser les difficultés identifiées, d'ouvrir les sillons d'un dialogue inclusif qui n'abandonne personne sur le bas côté du chemin. Ce mécanisme de médiation sera animé pas des personnalités connues et reconnues pour leur probité, leur honnêteté et leur sens du devoir. Elles agiront, chaque fois que de besoin, pour lever les malentendus, dissiper les incompréhensions, rapprocher les points de vue. Plutôt des maîtres d'orchestre qui coordonnent et harmonisent que des arbitres qui distribuent des cartons jaunes ou rouges. Pour le bien de l'école.

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