Le réquisitoire de Serpos, Azanaï, Fikara et Yahouédéou contre le régime Yayi

On les attendait sur le terrain de la critique des dossiers politiques, mais c’est sur le terrain social et la lutte contre le chômage qu’ils ont atterri. Hier au Codiam, pour leur première conférence de presse conjointe, Ismaél Tidjani Serpos, Candide Azannaï et Sacca Fikara, ont abordé les difficultés de l’emploi au Bénin.

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Selon leur discours, la rareté de l’emploi au Bénin, est liée à la persécution du secteur privé. Dans un long réquisitoire, ils reviennent sur les nombreux cas où des opérateurs économiques ont été brimés et torpillés dans leurs affaires par le gouvernement.

«Aucun Etat ne peut assurer un développement équilibré dans la paix et la quiétude, sans privilégier convenablement la question essentielle de l’emploi». C’est l’une des déclarations phares de l’honorable Ismaél Tidjani Serpos, le principal conférencier du jour. Selon lui, l’Etat a une volonté systématique de s’acharner sur les hommes d’affaires.  En persécutant les opérateurs économiques, la politique de Yayi n’est pas de nature à amoindrir, voire à éradiquer le chômage au Bénin. Le conférencier a donné l’exemple de certains hommes d’affaires béninois comme Séfou Fagbohoun, Sébastien Ajavon, Patrice Talon, dont les affaires ont connu de  sérieuses difficultés à cause des persécutions dont ils sont victimes de la part du régime de Boni Yayi. Les réflexions de ces hommes politiques se sont surtout axées sur les réelles ambitions du régime Yayi à œuvrer pour la création de l’emploi des jeunes dans le secteur privé

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Au cas par cas

Le régime de Yayi ne favorise pas l’épanouissement des opérateurs économiques au Bénin. C’est pourquoi le conférencier, prenant la parole au nom de ses collègues, affirme que «le Président Yayi aurait constaté en 2006 qu’il y avait des hommes d’affaires très riches au Bénin, qui l’ont soutenu avec beaucoup d’argent. Mais, dès sa prise de fonction, il s’est attaqué d’abord à ceux d’entre eux qui sont politiques».  Le cas Séfou Fagbohou par exemple, dont les entreprises peuvent générer des centaines d’emplois, a été réduit au néant et dépouillé de ses biens. Le conférencier principal, Tidjani Serpos, s’est ensuite appesanti sur le cas de l’homme d’affaires Sébastien Ajavon, qui emploie près de 600 personnes et qui aujourd’hui est aussi en difficulté, pour cause de harcèlement fiscal. «Cette difficulté n’est pas dû à un manque de qualification du personnel», précise le conférencier, mais plutôt à «la haine du Chef de l’Etat contre les grands hommes d’affaires du pays». Il a fini avec le cas  de Patrice Talon, dont les sociétés génèrent plus d’un millier d’emplois. L’Etat a entrepris de paralyser systématiquement toutes ses unités, pour des raisons politiques.       

Des chiffres à donner le vertige

Selon l’analyse des trois hommes politiques, le taux de chômage est ahurissant. Selon les propos de Sacca Fikara, près de 168 mille étudiants sont inscrits dans les universités et écoles du Bénin. Il y a  30 mille diplômés des universités du Bénin, qui sont sans emploi. «C’est dans ce sens que nous dévons nous organiser pour honnir Yayi Boni»n, a-t-il ajouté.  Toujours selon leur analyse, le rapport personne occupée/personnes en âge de travailler, est de l’ordre de 65,75%. Leur répartition dans le milieu urbain donne 64,32% d’hommes et 54,35% de femmes, et dans le milieu rural le taux est estimé à 75,81% d’hommes et 65,92% de femmes. En effet, l’Etat ne peut absorber à lui seul cette main d’œuvre disponible.  Les conférenciers ont donc invité le Chef de l’Etat à tenir compte des remarques de la conférence épiscopale. Cette sortie médiatique, selon Janvier Yahouédéoun, est la première d’une série de plusieurs interventions, à travers lesquelles ils entendent se prononcer sur les questions d’intérêt national.

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