Yayi érige une démocratie à double vitesse

Le meeting et la marche de protestation contre le projet de révision opportuniste de la Constitution, et les dérives du régime Yayi, prévue, par la Convention Patriotique des Forces de Gauche (Cpfg), pour se tenir le samedi dernier, n’a pu avoir lieu. Et pour cause, l’encerclement de la Bourse du Travail par une horde de policiers, qui avaient pour mission d’interdire les différentes manifestations.

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Et pourtant, toutes les dispositions avaient été prises pour que ce meeting et cette marche de protestation se déroule de façon pacifique. A en croire certains membres de la Cpfg, des courriers, pour obtenir l’autorisation de cette marche, ont été envoyés, conformément aux textes à la Mairie et au Commissaire Central de Cotonou. Ce dernier aurait même déjà pris des dispositions pour encadrer cette marche. Mais, qu’est-ce qui peut alors motiver la volonté du gouvernement d’empêcher des citoyens de s’exprimer, si tant est que les procédures ont été respectées ?

Toujours est-il qu’à la veille des manifestations, un communiqué du ministère de l’Intérieur, interdisant la marche, a défilé sur les médias. Un communiqué qui évoquait deux principaux motifs. D’abord, il interdisait la marche parce que la Cpfg ne serait pas régulièrement enregistré comme une association, ou une formation politique ; mais aussi pour empêcher tout risque d’affrontement. Ces motifs, qui apparaissent aussi rebutants qu’impertinents, laissent tout de même pantois.

Sur le motif selon lequel la Cpfg n’est pas régulièrement enregistrée, on peut dire que c’est une raison qui frise le politique du deux poids deux mesures. D’autant plus que, selon des sources bien informées, l’alliance politique du Chef de l’Etat, les Fcbe, n’est pas non plus enregistrée. Mais, il n’est pas rare de voir ce regroupement organiser, à tout bout de champs, des meetings et marches, pour soutenir les actions de leur leader. Mieux, on a vu plusieurs rassemblements organisés par cette formation politique, pour soutenir, ces derniers jours, le projet de révision de la Constitution, porté par le gouvernement.

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Dans ces conditions, que reproche-t-on alors aux forces de gauche ? Si d’aucuns ont la possibilité, voire la large liberté de soutenir une cause, pourquoi d’autres n’auraient pas le même droit de soutenir le contraire ? N’est-ce pas cela la liberté d’expression et d’opinion dans un Etat de droit ? Aussi la Cpfg n’est-elle pas une alliance de formations politiques ; telles que le Pcb, le Psd-Bélier et le Cdp ; régulièrement enregistrés et reconnus par l’Etat ? Ce qui nous parait encore plus en règle que des ministres de la République, n’ayant pas de parti politique, qui ont regroupé juste des populations pour marcher, en soutien à la révision de la Constitution. Une telle situation nous inspire la caricature d’une démocratie recto-verso et des libertés taillées sur mesure, en fonction des opinions et des appartenances politiques.

Toutes choses qui violent allègrement, et sans état d’âme, les articles 25 et 26 de la Constitution du 11 décembre 1990.

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