En démissionnant de la Renaissance du Bénin, le député Epiphane Quenum a justifié son départ par, entre autres raisons, une lettre que la Présidente fondatrice du Parti lui a adressée, appelant à sa démission. Seulement, La Nouvelle Tribune a pu avoir copie de cette lettre dont la lecture montre que l’honorable Quenum n’a pas tout dit.
«L’honorable Epiphane Quenum s’en va parce qu’on lui a demandé de partir». Ceci est un extrait de la conférence de presse tenue par Epiphane Quenum, lundi 16 septembre dernier. Au cours de cette conférence de presse, le député aux cheveux blancs a annoncé son départ de la Renaissance du Bénin (Rb). Face aux journalistes, l’ancien président de la Cps-Lépi ajoutait qu’il s’en va de sa famille politique parce qu’il a été contraint à la sortie. Pour prouver sa bonne foi, ce désormais ex-député Rb de la Quinzième circonscription électorale, a lu aux journalistes une partie de la lettre de demande de démission que lui avait adressée Rosine Soglo, communément appelée «maman» au sein du parti. Morceau choisi par le député dans la lettre : «Je vous ai conseillé de démissionner de la Renaissance du Bénin, pour garder votre dignité et continuer à faire bonne figure. Je n’ai pas changé d’avis.»
La Nouvelle Tribune a pu avoir copie de cette correspondance (lire l’intégralité ci-dessous). Tout au long de la lettre, Rosine Vieyra Soglo, présidente du groupe parlementaire Rb, n’a eu de cesse d’appeler le député démissionnaire, «Monsieur le Président». En effet, celui-ci dirige la Commission de l’Education, de la Culture, de l’Emploi et des Affaires sociales à l’Assemblée Nationale. C’est là un ton alliant respect et considération, que »maman » aurait pu ne pas adopter, quand on la connait pour ses colères et ses piques.
Les Députés passent, les militants restent
Le désormais Président du Rassemblement pour la Démocratie et la République (RDR) considère que le mal absolu de la Renaissance du Bénin s’appelle Léhady Vinagnon Soglo, président de la Rb. Et pourtant. C’est Léhady Soglo qui l’avait proposé, en dépit des réserves des députés Fcbe – mouvance parlementaire – pour présider la Commission de l’Education, de la Culture, de l’Emploi et des Affaires sociales. Dans sa correspondance, Rosine Soglo a d’ailleurs fait à son désormais ex-compagnon de lutte, quelques rappels à ce propos : «Dois-je aussi vous rappeler, et cette fois-ci avec dégoût, que l’actuel Président de la Renaissance du Bénin, Monsieur Léhady Vinagnon Soglo, que vous trainez dans la boue, dès que l’occasion vous le permet, a lutté de toutes ses forces pour que la 6ème législature vous accorde la présidence de la 5ème commission ?» «Dois-je aussi vous rappeler avec tristesse, poursuit ‘maman’, que pendant cette législature, j’ai dû vous défendre ‘bec et ongle’ contre les accusations de vos collègues et certains ministres qui vous traitaient de corrompu ?»
Au sein de la Rb, on se réfère aussi à des passages du l’ouvrage du député Djibril Mama Débourou, pour dénoncer la mauvaise foi de l’ex-compagnon de lutte. En fait, parlant d’Epiphane Quenum dans son ouvrage »L’Assemblée nationale du Bénin (cinquième législature, 2007-2011) : histoire d’une décadence », il affirme que «Sous Epiphane Quenum (en tant que président Cps-Lépi, Ndlr), les dissensions politiques entre factions se reflétèrent en filigrane dans la gestion des dossiers. On lui reprocha d’être parfois en délicatesse avec la déontologie et la morale.»
Lors de sa conférence de presse du lundi 16 septembre, Epiphane Quenum a affirmé : «Je viens vous dire que l’honorable Epiphane Quenum et tous ceux qui sont avec lui, s’en vont de la Renaissance du Bénin». Au niveau du parti, on lui répond avec sérénité : «qu’à la Renaissance du Bénin, c’est généralement des députés qui partent et les militants qui restent. Des exemples passés existent à foison.»
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