Epiphane Quenum lâche la Renaissance du Bénin

Il a enfin quitté la «Rb». Au cours d’une déclaration  politique faite hier à l’Hôtel de la Cité Houéyiho, l’honorable Epiphane Quenum a finalement annoncé son départ du parti des Soglo, mettant ainsi fin à près de deux mois de folles spéculations sur son départ.

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«Je viens vous dire que l’honorable Epiphane Quenum et tous ceux qui sont avec lui, s’en vont de la Renaissance du Bénin». C’est par cette formule laconique mais pleine de portée, que l’honorable Quenum a annoncé son départ du parti dans lequel il a milité depuis des décennies. La déclaration reçoit l’ovation des militants – majoritairement des femmes et des étudiants – qui ont rempli cette salle de conférence de l’Hôtel de la Cité Houéyiho. Mais, le néo-transfuge de la Rb nuance : «L’honorable Epiphane Quenum s’en va parce qu’on lui a demandé de partir». En effet, raconte-t-il, le 29 juillet dernier, il reçoit une lettre de Rosine Soglo, présidente du groupe parlementaire Rb. Une lettre d’une rare discourtoisie, dans laquelle «maman» – comme on l’appelle affectueusement dans le parti – remonte les bretelles à l’honorable Quenum, le traite d’ingrat, d’une ingratitude qui va jusqu’à emprunter au Président Soglo «l’allégorie de la chaudière», sans citer le nom de son auteur. Elle s’attarde longuement aux déclarations du député à Djidja, le 20 juillet, lors de la création du parti de l’honorable Parfait Houangni qui démissionnait du même parti. Epiphane Quenum, on se rappelle, y avait dénoncé le manque de démocratie dans son parti, ce qui amène certains cadres, mis  à l’écart de la gestion et de la prise des décisions importantes au sein du parti, à raser les murs et à se plier aux  seigneurs du  parti.  De Djidja au Cité Houéyiho, son  discours politique n’a pas trop changé. Hier aussi, il a eu la dent dure contre la Rb, et y a dénoncé un dysfonctionnement inquiétant.

Pourtant, dit-il, le bon fonctionnement des partis est un gage de la bonne gouvernance dans une démocratie, c’est d’ailleurs, dira-t-il, le premier pied de la démocratie. Il affirme qu’an sein de la Rb, la promotion ne se fait pas au prorata du militantisme et selon le mérite, mais par héritage. Ce qui fait que le parti est constitué d’une classe de «princes», avec des «esclaves» qui doivent aux premiers, obéissance et dévotion, et ne devraient avoir de promotion que s’ils sont prêts aux génuflexions et à la servitude. Si le député lit la lettre qu’il a reçue de la «maman» du parti, c’est plutôt à Lehady qu’il s’en prend le plus. Le président de la Rb a été son bourreau, tout au long de ses années de militant et de baron du parti, au point de lui dire un jour devant ses géniteurs qu’il ne doit rien.

Le temps des révélations

Des révélations, l’honorable Quenum en a fait. Pendant plus d’une heure, il a joué sur ce terrain. Allant jusqu’à chercher dans les immondices du parti, les informations, les déclarations et les agissements les plus sordides de Lehady, pour que cesse la campagne de calomnie lancée contre lui, et qui consiste à distiller partout que c’est la Rb qui a fait Epiphane Quenum. Dans un style aisé, il raconte les déboires et ingratitudes récoltées au sein du parti. Il affirme qu’il s’est battu pendant des mois à la Cena, en 2002 et 2003, pour que la Rb puisse gagner la Mairie de Cotonou, en dépit des velléités du pouvoir d’alors de tout faire pour que Cotonou échappe à la Rb. Comment il a résisté à une enveloppe financière de 400 millions, assortie d’une villa, et a pu déjouer toutes les tentatives de fraude à la Cena. Comment, trop occupé par cette lourde charge, il a perdu sa maman, et comment il n’a reçu qu’une enveloppe de 50.000 F de Rosine Soglo, et une autre du même montant de Nicéphore Soglo. Le dénigrement va plus loin. Il révèle comment il a sauvé Rosine Soglo, alors assiégée à Vidolé par une horde de femmes lancées sur le siège de son Ong par Lehady. C’est encore ce dernier qui aurait torpillé à chaque fois sa nomination au gouvernement, et son entrée dans le bureau de l’Assemblée Nationale, en lui préférant Boniface Yèhouétomè. Ses déboires à la tête du Cps-Lépi, c’est encore lui

Il raconte comment Lehady aurait tenu près de trois réunions à cet effet, pour liguer les responsables de l’Un contre lui et réussir à le chasser de la tête de la Cps-Lépi, pour l’empêcher de gagner en popularité et en fortune. Le même Lehady l’a positionné 3è sur la liste Un, dans la 16è circonscription électorale, lors des législatives de 2011, en dépit de tous sondages qui ne donnaient que deux députés à l’Union. Il croyait pouvoir en finir ainsi avec lui, mais hélas son plan a foiré.  «On avait planifié ma liquidation  politique. Les gens ont peur de l’intelligence», a-t-il déclaré. Epiphane Quenum va désormais continuer sa carrière politique avec le Rassemblement pour la Démocratie et la République (Rdr), qu’il a créé.

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