Guy Landry Hazoumè : des réflexions autour de son livre pour panser le Bénin

Universitaires, cadres émérites béninois, à divers niveaux, ils  ont pris la mesure du régionalisme, ou du moins du sectarisme, une bombe à retardement qui  tire vers son explosion au Bénin. Du moins, c’est la lecture qui se fait de la rencontre qu’ils ont eue, ce samedi  21 septembre 2013, dans la salle de conférence du ministère des Affaires Etrangères.

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Au cœur de cette rencontre, qui se veut une occasion de commémoration du premier anniversaire de décès de Guy Landry Hazoumè, l’œuvre  «Idéologies tribalistes et Nation en Afrique : le cas dahoméen» de l’illustre disparu.

Après le premier panel consacré à la contribution de Guy Landry Hazoumè à l’analyse des luttes politiques, à travers cet ouvrage, le second panel s’est accentué sur l’actualité de  l’ouvrage, de nos jours, où il est noté de plus en plus, une exacerbation du mal au Bénin. Pour ce, les participants ont d’abord, avec le professeur Afize Adamon, passé en revue la période du renouveau démocratique, en relation avec la question du régionalisme au Bénin, depuis la Conférence Nationale des Forces Vives de la Nation de février 1990. Il en ressort que la Constitution, dans son Préambule, est d’ores et déjà opposée au régionalisme. Mais paradoxalement, constate-t-il, le mal va sans cesse grandissant. Se référant à l’ouvrage de Hazoumè, il nous apprend que les phénomènes d’inflation ministérielle et parlementaire, que le néo-colonialisme a laissés au Bénin, sont la source d’un trafic de l’emploi, responsable de l’évolution du régionalisme. Chaque ministre, dans son département, fait des recrutements sélectifs, au profit des ressortissants de son groupe ethnique ou de sa région d’origine.

Cette explication du professeur  Afize Adamon trouve écho dans les communications de ses collègues, Zakari Dramani Issifou et Obarè Bagodo. Le premier a exposé  les dérapages et les jongleries qui occasionnent cette montée du régionalisme. Il a évoqué les nombreuses marches et prières de remerciement, que des ministres de l’actuel gouvernement initient à l’endroit du Président, pour avoir nommé tel ou tel autre fils ou fille de telle ou telle autre région. Le second, quant à lui, a entretenu les participants sur «Développement équilibré, décentralisation : problèmes de l’aménagement du territoire».

La Presse au pupitre de la tribune

la tribune des réflexions sur «Idéologies tribalistes et Nation en Afrique : le cas dahoméen» la Presse béninoise n’est pas restée en marge. Vincent Foly, Directeur de publication du quotidien béninois «La Nouvelle Tribune» a présenté une brillante communication  qui a eu pour thème «La Presse et les médias face au défi du régionalisme et des idéologies tribalistes». Le journaliste béninois, affirme-t-il, est limité dans son rôle, par les textes qui codifient et règlementent le métier au Bénin. Notamment l’ordonnance 69/22PR/MSJL du 4 juillet 1969, encore en vigueur, qui réprime de manière claire et précise les délits sur le régionalisme, qualifiés « d’incitation à la haine tribale ». De même que le Code de déontologie qui, en son article 10, stipule : «Le journaliste se refuse à toute publication incitant à la haine tribale, raciale et religieuse». Mais, fait-il observer, malgré ces dispositions qui empêchent le journaliste de révéler les poches de régionalisme, des efforts sont consentis par son organe et quelques-uns. La «Nouvelle tribune» a souvent, avec tout le professionnalisme qu’il faut, mis à nu les agissements régionalistes du pourvoir en place. Surtout avec l’interview fleuve et fielleuse du Chef de l’Etat, à l’occasion du 1er août 2012,  les récents concours truqués, et aussi ceux de certaines coalitions politiques de la mouvance comme de l’opposition. Du passé au présent, le régionalisme et le tribalisme ont, selon lui, le même visage. Concernant Guy Landry Hazoumè, Vincent Foly ajoute qu’il est plus que jamais vivant à travers son ouvrage, le premier grand ouvrage, d’ailleurs, qui a défini et décrit de manière exhaustive, les fondements et le mode opératoire des idéologies tribalistes. Pour lui, 41 ans après sa parution, l’œuvre n’a pris aucune ride. Il a, au terme de son intervention, appelé ses confrères à dénoncer – avec toutes les précautions professionnelles de traitement d’information qu’exige le métier de journaliste – les idéologies régionalistes et tribalistes, une grave menace qui met à mal l’unité nationale. 

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