Le Bénin préfère la menace à l’opportunité que constitue le Nigeria

Le Bénin nourrit une relation économique privilégiée avec le Nigeria, depuis plusieurs décennies. Dans cette coopération, seul le Nigeria arrive, de façon très habile, à tirer le meilleur des échanges commerciaux. Et ce, faute d’une bonne politique économique au Bénin, à l’égard de ce vaste marché que constitue le Nigeria. 

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160 millions d’habitants, et 9 millions d’habitants pour l’Etat le plus proche du Bénin, Lagos. Un marché de 100 millions de consommateur garantis, avec un Produit Intérieur Brut (PIB) d’environ 247 milliards US$. Ce sont là, quelques chiffres très signifiants du pays qui partage 700 kilomètres de frontières avec le Bénin, la République Fédérale du Nigeria. Et pourtant, le Bénin continue d’éprouver des difficultés pour tutoyer  les 10 milliards de dollars US quant à son Pib. En effet, la coopération économique Sud-Sud, que constitue celle qui lie le Nigeria au Bénin, semble devenue un marché de dupes, où la victime, le Bénin, est son propre coupable.

Pour mémoire, selon un document sur la coopération bilatérale entre le Bénin et le Nigeria, les deux pays ont pris, depuis août 1975, plusieurs initiatives communes dans le sens d’une meilleure intégration de leur économie. Il s’agit notamment de la création de deux entreprises, la Société Sucrière de Savè, et la Société des Ciments d’Onigbolo. Mieux, pour faciliter les échanges commerciaux, une autoroute reliant Sèmè à la frontière Kraké fut construite en 1975.

Politique de réexportation au lieu de normalisation

Mais, il faut constater que seul le Nigeria arrive à tirer son épingle du jeu. Ainsi, estime-t-on à environ 30%, pour une valeur de 129 milliards de francs CFA, la part nigériane de l’ensemble des marchandises présentes sur les marchés béninois, et destinées à la consommation finale des ménages Béninois. Pendant que de l’autre côté, sur le marché nigérian, ne figure qu’un seul produit. «Même l’eau minérale Possotomey, fabriquée au Bénin, peine à entrer sur le marché nigérian», fustige un opérateur économique. Et ce, parce que les problèmes de normes et de la qualité, ainsi que les formalités très « contraignantes » auprès des structures de contrôle du Nigeria.

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Et, au lieu de penser à comment sauter ces verrous, les opérateurs économiques,  encouragés par les tarifs douaniers moins élevés au Bénin, et l’environnement béninois hostile aux affaires,  ont pris progressivement le pli de l’approvisionnement du Nigeria via Cotonou.

En effet, les études évaluent à plus de 130 milliards de francs CFA par an, la part de réexportation de marchandises du Bénin vers le Nigeria. Ainsi, la part des recettes sur les produits réexportés, est estimée à environ 160 milliards de francs CFA en 2010. Mais, ces pratiques ne sont que des relations dominées par des activités opportunistes, spéculatives, des échanges commerciaux qui génèrent très peu de valeur ajoutée locale. Entre autres inconvénients, l’évolution de l’activité économique au Bénin est très dépendante de la conjoncture et de la politique économique du Nigeria.

Pendant que le Nigeria s’enrichit par les différentes actions commerciales des opérateurs économiques béninois et autres, le Bénin, quant à lui, continue de rester passif dans cette coopération, et semble se limiter aux discours creux, aux ateliers, aux forums et quelques actions de cafouillage, non-planifiées. Pour preuve, la lutte contre la vente illicite du « Kpayo » venant du Nigeria, et qui ferait perdre environ 125 milliards de francs CFA à l’Etat Béninois par an, continue, sans les préliminaires. Et les plaintes des opérateurs économiques face aux difficultés d’accès officiel sur le marché Nigeria, continuent.

Ainsi, la seule chose dont bénéficie le Bénin aujourd’hui, du Nigeria, dans cette coopération bilatérale qui aurait pu aider le Bénin à sortir de sa précarité, ce sont les activités informelles qui nourrissent une minorité de personnes, et l’insécurité grandissante du Nigeria.

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