Réponse du Clergé : Yayi engage un matraquage médiatique du peuple au sujet de la révision

Contrarié par la dernière réponse du Président de la Conférence Episcopale du Bénin, Monseigneur Antoine Ganyè, suite à sa lettre du 16 Août dernier, le Chef de l’Etat engage le gouvernement dans une campagne tapageuse pour la révision de la Constitution.  Le but ultime est d’emberlificoter le peuple et de contourner le dialogue politique maintes fois exigé par le Clergé et aussi l’opposition.

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Une bonne partie du dernier communiqué du Conseil des ministres, tenu le vendredi 30 Août, a été consacrée à la révision de la Constitution. Le gouvernement y annonce sa ferme volonté de réviser la Constitution, pour consolider la démocratie et accélérer la marche du peuple vers le progrès. Le communiqué affirme, par la même occasion, une sincérité du Chef de l’Etat qui n’est nullement intéressé par une révision opportuniste pour s’éterniser au pouvoir, et conclut que, compte tenu des nombreuses promesses et des engagements faits devant les plus grandes personnalités du monde, il n’y a plus lieu de poursuivre les débats sur cette polémique. 

A peine les populations ont-elles eu le temps de bien cerner le contenu de ce communiqué du Conseil des ministres, qu’un débat sur la télévision nationale se penche sur le même sujet. Les invités sont deux ministres du gouvernement, Aké Natondé et le ministre d’Etat François Abiola. Tous deux  ont soutenu que le projet vise à mettre en œuvre trois reformes majeures que sont la constitutionnalisation de la Cour des Comptes et de la Cena, et l’imprescriptibilité des crimes économiques. Les deux ministres, il faut le rappeler, ont tous soutenu la révision de la Constitution. Le premier, Aké Natondé revenu fraîchement, a soutenu publiquement sur un plateau de télévision, l’opportunité de la révision de la Constitution. Quant à François Abiola, promu ministre d’Etat, il est l’inventeur du concept «Touche à ma Constitution», en invitant les militants de son parti, le Mesb, à marcher à Sakété pour soutenir le projet.

Mais, comme si cette intervention n’a pas suffi pour dissiper les doutes des citoyens, une autre émission est organisée hier et intitulée «révision de la constitution : la part de vérité du gouvernement». Cette fois-ci, trois autres ministres sont envoyés à la charge. Il s’agit des ministres Valentin Djènontin, Komi Koutché, prétendument porte-parole du gouvernement, et Raphaél Edou.  Cette fois-ci, les trois télévisions ont été sollicitées pour passer la causerie des trois ministres, qui, sans contradicteurs, n’ont pu convaincre. C’est qu’en réalité, le discours commençait à lasser les Béninois, avec la répétition à outrance des mêmes refrains, depuis que le gouvernement a déposé le projet à l’Assemblée Nationale.

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Contourner le Clergé

En vérité, la tapageuse campagne médiatique lancée par le gouvernement, vise simplement à ignorer le message fort du Clergé, qui renvoie à chaque fois Boni Yayi aux préoccupations majeures du peuple, qui est actuellement la lutte contre la pauvreté. Le Clergé oppose au Chef de l’Etat sa propre lettre, dans laquelle il dit noir sur blanc que : «des compatriotes croupissent dans la misère». Dans cette dernière réponse, signée de Monseigneur Ganyè, transparaît clairement cette volonté du Clergé de voir le gouvernement s’occuper de la recherche de solutions idoines pour lutter contre la misère, au lieu de s’évertuer à défendre une révision constitutionnelle qui n’apportera forcement pas un changement aux conditions de vie des populations.

L’autre message fort de cette réponse du Clergé, c’est la nécessité d’instaurer un dialogue national, qui pourrait permettre d’aboutir au consensus tant recherché. «A ce propos, Monsieur le Président, les membres de la Conférence Episcopale, ne cessent d’implorer le Seigneur d’accorder la grâce de l’écoute à tous les Responsables de notre Pays. Ils vous proposent d’entreprendre, avec votre Gouvernement, la recherche de structures et de mécanismes crédibles de concertation entre les acteurs politiques et sociaux de toutes tendances, pour le dialogue, facteur de confiance réciproque, condition de cohésion nationale, gage de paix.» Précise bien la réponse du prélat. Mais Yayi, dans sa volonté de faire les choses autrement, préfère contourner ces exigences du Clergé, en initiant une campagne tapageuse dont les effets sonores font souffrir allègrement les tympans des Béninois.  

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