Constitution et Lépi au Bénin : Yayi met la charrue avant les bœufs

Sur bien de réformes qui auraient pu brillamment aboutir à des résultats escomptés, l’Administration Yayi a souvent confondu vitesse et précipitation. Ce qui lui a valu ce tristement célèbre sobriquet de «gouvernement ventilateur !». Aujourd’hui encore, nous ne sommes pas trop loin de ce funeste scénario de ventilation des réformes, avec un projet de révision «coûte que coûte» de la Constitution, que le gouvernement défend bec et ongle.

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Pendant ce temps, le fichier électoral grabataire, et sous anesthésie, ne constitue pas une haute priorité de l’Exécutif. D’après les dispositions de l’article 155 de la Constitution du 11 décembre 1990, «la révision n’est acquise qu’après avoir été approuvée par référendum, sauf si le projet ou la proposition en cause, a été approuvé à la majorité des quatre cinquièmes des membres composant l’Assemblée». Ceci signifie, tout simplement, que le Chef de l’Etat, pour faire aboutir son projet de réforme constitutionnelle, pourrait recourir à un référendum. Mais, il est un secret de polichinelle, que la Liste Electorale Permanente Informatisée (Lépi), qui est censée servir pour les élections au Bénin, est aujourd’hui indisponible. Raison pour laquelle les élections communales n’ont pu être organisées en mars 2013, comme prévu.

Entre vitesse et précipitation

En dépit de cette situation, pour le moins scabreuse, et à la limite hérétique, le gouvernement ne semble pas trop pressé, ni préoccupé par la correction de la Lépi. Et comme pour confirmer cette appréhension de certains observateurs de la vie politique nationale, le ministre d’état chargé du Développement, Marcel de Souza, sur Radio Tokpa, n’a pas hésité à déclarer, il y a quelques semaines, que la Lépi ne constitue pas, à l’heure actuelle, une haute priorité du gouvernement. Au même moment, la révision de la Constitution, elle, demeure une condition sine qua non. N’est-ce pas une façon de placer la charrue avant les bœufs ? Une façon de corroborer l’opinion de l’ancien Premier Ministre, Pascal Iréné koupaki, qui a laissé entendre, il y a quelques jours que : «nous prenons le temps de faire lentement les choses essentielles, et nous nous pressons de faire des choses qui ne sont pas essentielles».

Du brouillard à l’horizon

A cette allure, on ne saurait s’empêcher de se demander finalement : avec quelle liste allons-nous organiser le référendum, si tout le monde épouse aujourd’hui le projet de révision du gouvernement ? Mieux, on n’est même pas sûr, à ce jour, de la date exacte de la disponibilité du fichier électoral. Pendant que le Comité chargé de son toilettage exige 13,5 milliards de francs Cfa, le gouvernement affirme n’avoir pas prévu ce fond au Budget national en cours d’exercice. Ce qui voudrait dire que la correction du fichier électoral ne pourra effectivement démarrer qu’en 2014. Et on se demande également combien de temps pourra durer cette opération. A ce rythme on ne pourrait envisager l’organisation des élections communales, et éventuellement d’un référendum, qu’en fin 2014 ou pour être un peu large en début 2015. Alors, on se retrouverait à parler de couplage des communales et des législatives, régulièrement prévues pour 2015. Ajouté au référendum, on s’interroge bien si l’Etat aura finalement les moyens d’organiser trois élections la même année.

En attendant qu’on en arrive là, et si Yayi profitait de tout ce temps pour retirer le projet de révision du Parlement, afin d’organiser tout autour, une large consultation nationale, comme le recommande toutes les Forces Vives de la Nation?

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