Bénin : Encore un autre remaniement cosmétique

Le Président Boni Yayi a procédé, hier, à un remaniement ministériel. Un réaménagement technique qui a consacré deux modifications. Une entrée qui consacre la création d’un tout nouveau département ministériel; et aussi un échange de portefeuille entre deux ministres qui ont fait leur entrée au gouvernement le 11 août dernier. Mais où se situe la pertinence de cette petite réorganisation gouvernementale, dans le contexte sociopolitique actuel? 

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D’abord une nouvelle entrée, celle du Professeur Fulbert Géro Amoussouga, précédemment Responsable de la Cellule macroéconomique à la Présidence de la République, qui devient ministre à la Présidence, chargée de la Coordination de la Mise en Œuvre des Politiques des Objectifs du Millénaire pour le Développement (Omd) et des Objectif de Développement Durable (Odd). On note également un jeu de chaises musicales, entre Safiou Affo  et Naomie Azaria, qui s’échangent leurs portefeuilles respectifs. Le premier qui va désormais s’installer à la tête du ministère de la Jeunesse et des Sports, et la seconde qui va prendre les rênes de l’Industrie et du Commerce.

Un nouveau remaniement pour quoi faire?

Un remaniement ministériel, fut-il technique, relève d’un pouvoir discrétionnaire du Chef de l’Etat. Une prérogative que lui confère la Constitution du 11 décembre 1990, en son article 54. Mais, encore faut-il que les choix des attributions et des cadres, soient revêtus d’une certaine pertinence et d’un intérêt certain pour l’Etat.

Pour avoir décidé de restructurer techniquement son équipe gouvernementale, moins de deux mois seulement après le dernier remaniement ministériel, c’est-à-dire le 11 août 2013, on est bien curieux de savoir ce qui a pu motiver les derniers choix du Président de la République.

Qu’est ce qui justifie aujourd’hui la création d’un ministère chargé de la Coordination de la Mise en Œuvre des Politiques des Omd et des Odd, dans un gouvernement où se retrouve déjà un ministre en charge du Développement, de l’Analyse Economique et de la Prospective? A quoi va servir finalement le ministre chargé de l’Evaluation des Politiques Publiques et des Programmes de  dénationalisation, lui aussi membre de ce même gouvernement? Dans un contexte de crise économique qui fait appel à une politique d’austérité, qu’est-ce qui peut bien justifier un tel rallongement de la liste des ministres? Voilà autant de questions qui méritent des réponses.

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Deux nouveaux nomades gouvernementaux

Par ailleurs, le Chef de l’Etat choisit de faire un inattendu «crossing-over», entre le département du Sport et celui du Commerce, qui s’échangent leurs têtes. Moins de deux mois seulement après leur arrivée à la tête de leurs départements respectifs, Naomie Azaria et Safiou Affo se trouvent dans l’obligation de plier leurs bagages. A l’image de Sofiath Onifadé Babamoussa, dans l’ancienne équipe de Boni Yayi, la nouvelle équipe gouvernementale, à peine installée, enregistre déjà deux nouveaux ministres nomades.

En seulement 57 jours, ces deux ministres ont à peine eu le temps de prendre leurs marques et de s’imprégner des réalités et des exigences de leurs désormais anciens postes. Au point où on se demande si leur passage à la tête de ces ministères n’a pas été vain. Ces déplacements intempestifs de ministres, devenus la tasse de thé du régime Yayi, au cours de son second quinquennat, ne favorisent  pas l’efficacité de l’Administration. Surtout celle du ministère du Commerce qui, depuis le 12 octobre 2012, n’a plus connu une certaine stabilité rationnelle. Ce ministère aura connu, successivement, depuis cette date: Sofiath Onifadé Babamoussa (03 mois); Marie Elise Gbèdo (08 mois) et Safiou Affo (57 jours).  Faut-il encore s’en étonner? C’est sans doute la comédie politique version Yayi qui suit son cours.

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