Très enjoué après une partie du Gokwé, un des deux rythmes musicaux cérémoniels du royaume d’Abomey, menacés de disparition, Agoli-Agbo dah Handé, alias Amankpé Somanvo, chef d’orchestre du groupe d’animation «Goha» de la Cour royale d’Abomey, nous livre en exclusivité la quintessence du rythme Gokwé.
Dans la cité des Houégbadjavi, il est des rythmes musicaux qui ne s’exécutent pas n’importe comment, n’importe où. Le Gokwé en est un. Agoli-Agbo dah Handé, alias Amankpé Somanvo, chef d’orchestre du groupe d’animation de la Cour royale d’Abomey, nous en donne la certitude: «Le Gokwé est un rythme musical cérémoniel d’Abomey, qui ne s’exécute que pour des cérémonies à la Cour royale». Le Gokwé, nous apprend-t-il, est une composition du Roi Agoli-Agbo, pour rendre hommage à son père le Roi Glèlè, de qui, il a hérité le trône. Rien qu’à entendre ce refrain, «Gokwé déclare : ne saviez-vous pas que c’est le Roi Agoli-Agbo qui m’a composé pour rythmer les cérémonies funéraires de Taïgala, le Roi glèlè son feu père?», fredonné par dah Handé, on s’en convainc.
Plus qu’un rythme musical, Gokwé est une tradition qui se perpétue. Après le passage dans l’autre monde du Roi Agoli-Agbo, son initiateur, explique le moniteur du groupe, nous continuons de l’exécuter avec la bénédiction de l’actuel Roi Dédjinnangnin Agoli-Agbo. Afin de perpétuer le Gokwé, chaque membre du groupe initie un de ses descendants. C’est le cas pour dah Handé, dont le père fut ancien chef d’orchestre, comme lui. Une explication qui permet de comprendre aisément pourquoi le groupe est constitué d’adultes comme de très jeunes. Très bien apprécié à la Cour royale de gbindo, l’arsenal instrumental qui sert à faire du Gokwé est constitué du Assan (sorte de sonnaille), des gongs et deux tambours dont un moyen et un petit tam-tam. Comme pour la plupart des rythmes musicaux d’Abomey, les femmes qui chantent et dansent au son du Gokwé, nouent le pagne. Un pagne dans lequel sont obligatoirement brodés, des insignes et des marques du roi Agoli-Agbo. Et tout naturellement, les paroles de ces chants relatent les prouesses, les qualités des rois qui se sont succédés au trône dans la ligné des Houégbadja. Comme quoi, dans le Gokwé, se cachent des trésors qu’il faut préserver.
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