La dernière tentation de Boni Yayi

Je me rappelle à nouveau de l’histoire du petit Constantin qui m’a été raconté à la Catéchèse. Ce garçon de onze (11) ans, nourri très jeune aux sèves du Catholicisme, n’aimait guère rater les séances hebdomadaires de confession. A chaque fois qu’il se rendait devant le curé de la Paroisse Sacré Cœur d’Adjina, il racontait toujours la même chose.

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«Mon Père, j’ai volé du miel de maman et j’ai bu». Et chaque fois, le même refrain du prêtre : «Demande le pardon de tes péchés et ne répète plus». La maman du petit Constantin vendait du miel qu’on lui ramenait d’une commune de Septentrion. Et souvent, profitant de l’inattention de ses parents, il rentrait dans la pièce et sirotait un peu de ce miel. Sa maman se plaignait souvent de voir des bouteilles de miel dont les contenus étaient souvent diminués, mais n’avait jamais eu la chance d’attraper Constantin en flagrant délit. Un jour, alors qu’il allait voir le prêtre pour confesser ses péchés, le prête le sermonne. «Mais Constantin, fais l’effort de ne plus voler du miel, il faut prier pour surmonter la tentation», demande le prêtre. «Ok, Mon Père je vous promet de ne plus voler du miel», répond Constantin. Une semaine après, Constantin retourne devant le prêtre pour le même rituel. Après avoir dit deux ou trois choses, il se tait. «Tu es sûr que tu n’as rien oublié ?», demande le prêtre. «Non, non, mon Père, j’ai encore… j’ai volé du miel…», grommela-t-il. Ah bon, tu ne respectes pas ce que je dis Constantin. «Non mon Père, c’est que le miel est très doux et je n’arrive pas à m’en passer…», répond-il. L’histoire de Constantin qui ne résiste pas devant le goût du miel, ressemble comme deux gouttes d’eau à celle du Chef de l’Etat. Après avoir dit devant le Pape Bénoît XVI, les Présidents Obama et Hollande, et beaucoup d’autres figures marquantes de notre Temps, qu’il va respecter la Constitution et qu’il ne se présentera plus à une élection présidentielle au Bénin, il se trouve face au même dilemme. Partir ou ne pas partir. Le pouvoir est aussi doux que le miel. La tentation est grande pour un Président qui a pris goût aux délices du pouvoir, au point de ne vivre que pour ça. Déjà les apprentis-sorciers et les petits griots se mettent à l’œuvre pour lancer le ballon d’essai. En tête, Bénoît Dègla, ancien ministre de l’Intérieur. Le samedi dernier, en meeting dans sa commune natale à Ouèssè, il affirme pour la deuxième fois, qu’après 2016, Yayi serait toujours au pouvoir, et qu’il ne sera pas un locataire temporaire à la Marina. Depuis quelques jours, certains lampistes des Fcbe, commis à la tâche, distillent dans certaines localités du pays, qu’il faille donner du temps au Président de la République, pour finir les nombreux «projets» qu’il a entamés, et qu’il n’est pas sûr de finir avant 2016. Il y a quelques mois, Emmanuel Koï, Coordonnateur Fcbe de Godomey ,avait jeté un pavé dans la mare en affirmant qu’il urge de donner un bonus de deux ans à Yayi. Alors qu’il proclame sa volonté de partir, il travaille davantage pour enraciner le Pouvoir, déstabilise l’opposition et divise de plus en plus la classe politique. Voulant tout faire à la fois, il fonctionne de façon brouillonne, lance un projet de développement mal ficelé, rencontre les sages d’une commune au Palais, organise des communes, et accentue la propagande gouvernementale. En un mot, il se comporte comme s’il venait de prendre le pouvoir. Ses fréquentations s’orientent de plus en plus vers les chefs d’Etat qui ont réussi dans leurs pays, de tels coups d’Etat constitutionnels. Yayi n’a, non plus, rien dit pour arrêter ces «griots» qui annoncent ces options anticonstitutionnelles, laissant croire qu’il est le tireur de ficelles au-dessus de ces marionnettes. Et comme le petit Constantin, il n’arrive pas à se séparer du miel. C’est la dernière tentation de Boni Yayi, après avoir eu le courage d’annoncer son départ du pouvoir en 2016, devant des icônes du monde contemporain. Cela ressemble bien à une tentation du Diable.

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