Affaire Patrice Talon : les incongruités et les contre-vérités de la lettre de Djènontin

Fautes élémentaires de grammaire, coquilles, contre-vérités, accusations gratuites… La lettre envoyée le 25 novembre 2013 par le ministre de la Justice, Valentin Djènontin, à son homologue français, livre à la face du monde les travers du régime Yayi. Contrairement au sérieux et au soin qui caractérisent ces genres de courriers, celui-ci raffole d’incongruités et de déclarations fantaisistes susceptibles même de brouiller les relations entre le Bénin  et certains pays amis. Morceaux choisis. 

Publicité

C’était un des derniers jokers du gouvernement pour accabler Patrice Talon, et obtenir son extradition. Mais au finish, il s’est révélé comme un sauveur pour lui. La précipitation, l’imprudence et l’amateurisme du ministre de la Justice, Valentin Djènontin, aidant,  cette lettre n’a fait que renforcer la conviction des Autorités judiciaires françaises sur le fait qu’elles sont en face d’un dossier sibyllin monté pour nuire à une personne.

Quiconque aurait reçu un tel courrier ne peut y  accorder que mépris et réserve.  Tellement il est si mal écrit et l’intention de diabolisation y est tellement perceptible, qu’on se demande si le gouvernement  était vraiment préoccupé par l’extradition de Talon. Nous revenons ici sur quelques morceaux choisis, en en tirant leçons.

Lire la lettre de Djènontin (version intégrale réservée aux abonnés)

Morceau un

«Il a été identifié tard dans la nuit, avec plusieurs bagages et muni d’un visa de trois ans pour les Etats-Unis, à la frontière entre le Bénin  et le Nigéria, sur une route extrêmement dangereuse où sa vie était manifestement en péril puisqu’un commando était posté juste après le passage de la frontière pour le tuer et par là même, créer une crise politique et une instabilité majeures au Bénin». Cette affirmation est d’une gravité inouïe. Il présente le Nigéria comme un pays d’instabilité où il existe des commandos qui exécutent sans pitié. Une telle image est bien suffisante pour faire sortir les Autorités Nigérianes de leurs gongs. Mieux, cette déclaration est un mensonge. En effet, le Bénin et le Nigéria ont un accord qui leur permet de lutter contre la criminalité. Le ministre Djènontin  rendrait son courrier plus sérieux en donnant plus de détails sur ce commando.

Publicité

Morceau deux

«Monsieur Patrice Talon a en effet clamé partout qu’il s’en prendrait  à la vie du Président Boni Yayi à qui il reproche à titre principal de l’empêcher de continuer de capter à son seul profit  les richesses du pays…» Là encore, le ministre verse dans une affirmation gratuite à laquelle il n’apporte aucune preuve étayant une si grave déclaration.

Morceau trois

«Ainsi, en 2008, il récupère la filière des intrants par la Société nationale de promotion agricole, dénommée Sonapra, ainsi que les usines d’égrenage…» On dirait un film d’action. Le ministre parle comme si Talon l’avait fait de son propre chef, contre le gré de l’Etat et sans que personne ne soit impliqué.

Morceau quatre

«Plus récemment, les banques et les établissements financiers  de la place, avec son excellence Madame Aline Kurster-Menager, ambassadrice de la France près le Bénin ont alerté les autorités béninoises sur le risque sérieux de crise du système bancaire à cause des crimes commis par Monsieur Patrice Talon pour faux et usage de faux pour avoir soustrait du système bancaire des ressources en terme de créances douteuses d’un montant de près de 60 millions d’euros auprès de six banques. Au titre des banques escroquées, il y a la Société générale des banques, entreprise française, dont le capital libéré est de 20 millions d’euros et sur lequel Monsieur Talon a escroqué 14 millions…» Créances douteuses ? Escroquerie ? Cet extrait de la lettre du ministre ne rend pas service aux banques. Il donne d’elles l’impression d’institutions où n’importe qui a la facilité d’aller chercher le montant qu’il veut pour mener ses activités. Or, il s’agit de banques sérieuses où il y a des  systèmes rigoureux de prêt. Un quidam ne peut pas y aller pour chercher autant d’argent s’il ne présente des garanties de représentativité et de remboursement. Selon des recoupements faits à ce sujet, les prêts incriminés ici ont été faits de façon officielle par l’intéressé, pour investir dans l’achat des intrants. Mais, comme il a été contraint à l’exil et toutes ses affaires compromises. N’importe qui pouvait comprendre les difficultés qu’il pourrait avoir. En conclusion, ce sont les agissements du gouvernement qui ont engendré ces défaillances.

Morceau cinq

«Il faut rappeler que la république du Mali a obtenu de la France l’extradition de Mr Koné en 1996. Or, précisément, une réforme est actuellement en cours au Bénin, visant à abolir la peine de mort et celle des travaux forcés». Voilà une comparaison à ne jamais faire dans de telles circonstances. Les raisons de l’extradition de Mr Koné ne sont pas identiques à celles de Patrice Talon. Mieux, les périodes ne sont pas les mêmes, de même que les personnages. Il s’agit, ni plus ni moins, d’une provocation qui vient compromettre davantage le vœu du Bénin. Encore que la peine de mort et les travaux forcés ne sont pas définitivement abolis au Bénin.

Au total, cette lettre de Djènontin est remplie d’incongruités qui n’ont pas facilité l’obtention de l’extradition tant souhaitée.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité