Campagne cotonnière 2012-2013 au Bénin : les prévisions de perte de 30 milliards de l’Ue confirmées

Le coton reste-t-il encore une filière rentable pour l’économie et l’Etat béninois ? Depuis la fin de la campagne cotonnière 2012-2013, le gouvernement n’arrive pas à payer ses dettes vis-à-vis des producteurs, transporteurs et égreneurs. Une incapacité pourtant annoncée de vieille date par l’Union Européenne qui avait, dans une étude sur la filière, prévenu des baisses évidentes de recettes par rapport à cette campagne.

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Lors de la campagne cotonnière 2012-2013, le gouvernement avait clamé partout qu’un seul kopeck de l’Etat ne servira à alimenter cette filière. En son temps, on a vu les ministres De Souza, Gbian, Katé et N’Douro, tous membres du Comité interministériel mis en place pour gérer la filière, claironner partout que, non seulement l’Etat n’a pas mis de l’argent dans cette filière, mais qu’il en a plutôt gagné. Depuis plusieurs mois, une frange importante des producteurs de coton et des transporteurs, craignent une baisse des recettes par rapport à cette campagne. Et, leur grogne devient de plus en plus pressante. A eux tous, l’Etat doit, et malgré les jérémiades des uns et des autres, il n’a pu s’acquitter de ses dettes. Cette attitude est-elle volontaire ? Pas si évident, le gouvernement, qui se dit soucieux de la sauvegarde des intérêts de tous, ne peut quand même pas priver des milliers de Béninois de leurs droits. Il apparait de plus en plus évident que l’Etat est confronté à des difficultés financières. Pour comprendre la genèse de ces difficultés, il suffit de remonter aux opérations de lancement de cette campagne. L’Etat avait dû consentir un prêt auprès de la Banque Ouest-Africaine de Développement (Boad) pour lancer la campagne. Au finish, à la fin de la campagne, il fallait que le placement du coton puisse permettre de rembourser cette somme. Ce qui n’était pas évident au regard de l’échec connu par cette campagne, avec une production largement en dessous des prévisions. Autre indice fort, les propos d’un ministre qui avait déclaré qu’il (le gouvernement) aura des problèmes s’il donnait le coton aux égreneurs eux-mêmes. On comprend donc pourquoi le gouvernement insiste pour imposer l’égrenage à façon aux égreneurs, contraints de payer le pris fort de cette campagne hasardeuse, organisée dans un désordre inouï, où les différents acteurs se méprenaient sur leurs responsabilités. Cette ambiance est favorable à la corruption au sein de la filière. Selon plusieurs confidences, une grande mafia s’est installée dans le secteur des transports, et celui du placement du coton sur le marché international. C’est malheureusement cet entourage mafieux qui ment allègrement au Chef de l’Etat, et qui l’induit en erreur sur les options à prendre pour la réussite de la filière. L’Union Européenne avait bien averti, sa cause n’a pas été entendue, et nous voilà dans le pétrin, avec des risques de blocage certain de la filière.

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