Elections communales en 2013 : Un véritable marché de dupes sur le dos des Béninois

Installé depuis mai 2013, le Cos-Lepi a passé six mois, au cours de l’année 2013, sans montrer le moindre signe de progrès par rapport au processus de correction de la Lepi, sans même pouvoir brandir un chronogramme cohérent. Une situation due, bien entendu, à des facteurs qui ne sont pas toujours imputables à l’organe chargé de toiletter le Fichier électoral.

Publicité

Un Fichier électoral dont l’état comateux a provoqué le report des élections locales à une date indéterminée. Le plus grand rendez-vous politique manqué de l’année 2013 est, sans nul doute, l’organisation des élections locales, communales et municipales. Règlementairement prévue pour Mars-avril 2013, cette élection qui devrait permettre le renouvellement des élus locaux à divers niveaux, a connu un report sine die. Cette situation qui n’honore guère une démocratie citée comme un modèle en Afrique de l’Ouest francophone, n’a pas semblé ébranler le gouvernement de Boni Yayi. La preuve en est que le ministre en charge du Développement, au cours d’un débat sur une radio de la place, n’a pas hésité à affirmer que la correction de la Lepi ne constitue pas «une haute priorité du gouvernement». Et pourtant, tout le monde était au courant que c’est le retard connu par la correction de la Lepi qui est à la base du report des élections locales, communales et municipales.

D’abord lancé depuis le début de l’année 2013, le processus de la correction de la Lepi a pendant longtemps piétiné, et continue d’ailleurs de l’être. D’abord, les tergiversations, les débats houleux, les compromis difficiles à l’Assemblée Nationale, sont autant de facteurs qui n’ont pas fait avancer les choses, et c’est de ce côté que d’aucuns ont tenté d’engager la responsabilité du Parlement. Mais, la question qui est revenue le plus souvent, est celle de savoir : Pourquoi Boni Yayi, qui avait une majorité parlementaire confortable, a attendu d’être à trois mois des élections, pour lancer finalement la correction de la Lepi, alors que le problème subsistait depuis 2011 ? Une correction en trois mois n’était pas du tout évidente, et c’était bien connu. C’est à croire que des sujets tels que la correction de la Lepi et l’organisation des élections locales et communales, n’ont été qu’un marché de dupes du gouvernement et de sa famille politique, sur le dos du Peuple.

Lire aussi : Lepi calamiteuse, Concours frauduleux, corruption galopante : le Front Citoyen s’indigne du déshonneur qui couvre le Bénin

La grande confusion

Il faut reconnaître que des dossiers tels que la révision de la Constitution et l’affaire tentative d’empoisonnement, ont carrément amené le gouvernement à perdre de vue les vraies priorités du moment. Il fallait attendre donc le lundi 14 octobre 2013, pour véritablement voir le Chef de l’Etat sortir d’un long sommeil, pour convoquer une rencontre au Palais de la Marina, autour de la correction de la Lepi. Une séance de travail qui visait surtout à apaiser la Communauté Internationale qui, selon le Chef de l’Etat, ne voit pas d’un bon œil la non-tenue à bonne date des élections locales.

Publicité

C’est donc à cette séance de travail que va s’étaler la grande confusion qui existait autour de la correction de la Lepi. Que ce soit sur ce qu’il faut corriger, comment il faut s’y prendre,  les moyens financiers et techniques pour y parvenir, le temps à consacrer à chaque étape du processus, la confusion était totale. C’était une occasion pour les membres du Conseil d’Orientation et de Supervision de la Lepi (Cos-Lepi) d’étaler leurs divergences sur la place publique. Alors que le Président du Cos-Lepi, Sacca Lafia, pendant la séance à la Présidence, a fait savoir que la Lepi pourrait être disponible en février 2014, son collègue membre du même Cos-Lepi, le député Karim Chabi Sika, a carrément estimé que la Lepi, à l’allure où vont les choses, ne pourrait être disponible qu’en septembre 2014. Mieux, plus d’un mois plus tard, c’est-à-dire le mardi 29 octobre 2013, à Abomey, à une rencontre avec les élus locaux, Augustin Ahouanvoébla, Vice-président du Cos-Lépi, déclare que la Lépi corrigée serait disponible mi-janvier. Quelques jours après, plus précisément le 11 novembre 2013, le Président du Cos-Lepi reviendra à la charge, lorsqu’il reçut Abdoulaye Bio Tchané, qui a rendu une visite aux membres du Cos-Lepi, pour s’enquérir de l’évolution des travaux. A cette occasion, Sacca Lafia a laissé entendre ceci : «Je voudrais dire aux Béninois de se rassurer ; il n’y aura rien de mystique qui se passera. Nous avons promis la liste pour le 16 février ; mais, dans le meilleur des cas, on l’aura le 16 mars. Et peut-être un peu plus tard, si on n’a pas les ressources le moment venu».

Dans ce cafouillage qui ne dit pas son nom, le Président Boni Yayi n’a pas cessé de marteler sa volonté de voir ce processus de correction aboutir à temps, en vue de la tenue des élections locales avant la fin de l’année 2013. D’abord une utopie, doublée d’un fin paradoxe, d’autant plus que le Chef de l’Etat, qui veut des élections avant fin 2013, n’a officiellement rien fait pour le déblocage à temps de l’ensemble des ressources nécessaires pour cette correction.

Les difficultés financières

A la rencontre du 14 octobre 2013, au Palais de la Présidence, le député Nicaise Fagnon, un autre membre du Cos-Lépi, a déclaré que les 3.500.000 F Cfa que le gouvernement avait promis de débloquer, pour un début des opérations, ne le sont toujours pas. Deux semaines après, le Président du Cos-Lépi fera savoir que l’argent est en route. Mais, il faut finalement attendre le jeudi 07 novembre 2013, pour voir le gouvernement adopter, en Conseil des ministres, un projet de Décret portant adoption du Règlement Financier du Conseil d’Orientation et de Supervision de la Lepi, et de l’Agence Nationale de Traitement (Ant). A ce jour, aucune information officielle n’a encore notifié le transfert d’un quelconque fond au Cos-Lepi.

En plus des pressions venant de toutes parts, le Cos-Lépi devra encore faire avec le budget que lui imposerait le gouvernement. Selon des sources généralement bien informées, des 9 milliards de F Cfa de budget remanié (initialement fixé à 13,5 milliards de F Cfa) dont le Cos-Lépi a besoin, le gouvernement lui aurait notifié qu’il ne disposerait  que de 5,5 milliards de F Cfa, seulement…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité