Extradition de Patrice Talon : comment le gouvernement s’est ridiculisé avant le verdict du 04 décembre

Le verdict du 04 décembre a été un coup dur pour le gouvernement qui s’est battu jusqu’au bout pour obtenir l’extradition de Talon et consorts. Pendant plusieurs mois, il s’est livré à une « guérilla épistolaire » contre les autorités politiques et judiciaires françaises à qui une dizaine de lettres a été envoyée.

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La toute dernière adressée au ministre français de la justice Christine Taubira et dont l’expéditeur n’est que son homologue béninois date du 25 Novembre dernier. Du 27 novembre  au 1er décembre, le ministre de la justice, de la législation et des droits de l’homme Valentin Agossou Djènontin  a effectué une visite officielle en France pour une raison bien saugrenue. Il y était, tel un vaguemestre, pour transmettre une lettre écrite par lui même à Christine Taubira, ministre français de la justice. Alors qu’il avait la possibilité de la transmettre, le garde des sceaux a décidé de le porter main  à main. Du côté du gouvernement, ce n’était pas fait par hasard. La date fatidique du 04 décembre s’approchait à grands pas et il voulait avoir la certitude que ce courrier de la dernière chance soit vraiment reçu par son destinataire.  Les nombreux reports de la Cour d’appel de Paris ont intrigué les autorités béninoises qui se sont maintes fois demandé si elle recevait les nombreux courriers qu’elles lui transmettaient. Et Dieu sait qu’elles envoyaient. Une bonne dizaine de courriers à diverses autorités politiques comme judiciaires françaises. De Pierre Moscovici à Christine Taubira en passant par le Président de la Cour d’appel de Paris, au Directeur du Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins(Tracfin)- l’homologue du Centre  tous ont reçu leur part de l’harcèlement épistolaire guidé pour le seul dessein de diaboliser Talon pour finir par obtenir son extradition. A ces nombreuses lettres envoyées depuis Cotonou, il faut ajouter celles de l’ambassadeur du Bénin en France mis à contribution et d’autres institutions.  Le gouvernement pris d’une panique générale avait tenté le tout pour le tout pour que l’ennemi public numéro un soit extradé. C’est ainsi qu’il est allé prendre un engagement devant les autorités françaises concernant la peine de mort et les travaux forcés au Bénin. On ne compte pas les appels, les négociations en sourdine, les opérations de charme et les conciliabules. Le gouvernement aura tout tenté, même l’impossible. Seulement, à chaque fois, ces actions étaient truffées de maladresse, de précipitation et les accusations contre Patrice Talon, souvent sans fondement et sans preuves, apparaissaient comme un acharnement gratuit.

La preuve

Dans cette lettre en date du 25 Novembre dont nous avons obtenu copie, le ministre de la justice Valentin Djènontin affiche aux autorités françaises et à la face du monde l’amateurisme et le manque de culture politique notés dans la gestion des  affaires publiques. Ce qui retient l’attention, c’est beaucoup plus les fautes de grammaire, les contre-vérités et les mensonges servis à doses homéopathiques aux autorités françaises  que les renseignements donnés qui n’entament en rien les présomptions françaises sur l’aboutissement d’un procès peu équitable et d’un dossier purement politique. Il est donc étonnant de voir le garde des sceaux consacrer assez de temps pour cette épitre avec pour objet : « réponses aux réquisitions du ministère public lors de l’audition en chambre de l’instruction en date du 23 octobre 2013 » et ceci un mois après l’audience.  En tant que ministre de la justice il ne devrait pas ignorer que ces observations devraient être faites au cours de l’audience par ses avocats au nom un mois après. C’est comme de l’eau versé sur le dos du canard et le fait que ces informations ont été apportées à quelques jours de la date du verdict. Et il faut voir le contenu de cette lettre où une grande partie a été réservée à la diabolisation de Patrice accusé d’instaurer au Bénin un système de prévarication et de corruption à l’échelle nationale. Il explique comment il a pris en otage toutes les filières juteuses de l’économie nationale. Dans son exposé, Valentin Djènontin présente Patrice Talon comme un braqueur qui s’accapare injustement des filières. Aurait-il pu faire tout cela s’il n’a pas le soutien du gouvernement ? A ce sujet Djènontin a été moins disant. Il a feint d’ignorer qu’il a signé des contrats et des conventions avec le gouvernement qui lui permettent de bénéficier d’avoir la main mise sur ces filières. De ça, le garde des sceaux n’en parle pas.  Ce qu’il fait de mieux c’est d’exposer le Bénin comme un pays où règne l’insécurité parce que possédant l’artère la plus dangereuse de l’Afrique occidentale (l’autoroute Cotonou-Lagos). Il avouera l’incapacité du gouvernement à lutter contre l’impunité qui affaiblit la démocratie.

Nid de contre-vérités

Cette lettre confirme une fois encore le fait que le gouvernement a bâti son gouvernement sur les contre vérités. Il affirme par exemple que le magistrat doit  disposer d’un ordre de mission avant de sortir du territoire du Bénin. Faux, rétorquent tous les magistrats rencontrés qui affirment  que le magistrat est libre d’aller où il veut comme tout citoyen lambda. Le ministre s’adonne à des déclarations graves sans aucune prudence en disant que «  Talon a dit qu’il prendrait par tous les moyens à la vie  de Boni Yayi ». Mais curieusement, il ne dit rien sur les circonstances et les preuves de cette déclaration. Idem pour celle qui consiste que Talon a fui pour échapper à la justice du pays ».  Sur la peine de mort et les travaux forcés, tout le monde sait que le Bénin est en voie de les abolir mais il lui reste des étapes à franchir. On comprend donc que cette obstination à voir Talon extrader n’est donc qu’un acharnement qui ne rassure guère sur les vrais mobiles de l’extradition.

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