Extradition de Patrice Talon : tous les regards tournés vers la Cour d’Appel de Paris

Ce jour, mercredi 04 décembre 2013, la Chambre d’Instruction de  la Cour d’Appel de Paris rend son verdict sur le dossier de demande d’extradition de Patrice Talon. Le commanditaire présumé des tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat supposés, ayant visé Boni Yayi.

 L’homme d’affaires béninois Patrice Talon sera-t-il extradé vers le Bénin, comme le veulent les autorités du pays ? La réponse à cette question, on l’aura ce mercredi 04 décembre 2013, où la Chambre d’Instruction de la Cour d’Appel de Paris qui connait du dossier, rend son verdict. Outre Patrice Talon, un autre citoyen béninois, Olivier Boko, co-accusé de Talon, est aussi concerné par cette demande d’extradition.

Pour rappel, Patrice Talon, magnat du coton, ancien proche de Boni Yayi, est accusé par le gouvernement d’avoir ourdi des complots pour mettre fin, d’une manière ou d’une autre au mandat du Président Boni Yayi. Il s’agit notamment de supposées tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat, qui ont éclaté respectivement en Octobre 2012 et Février 2013. Ces deux coups, Patrice Talon les aurait fomenté avec la contribution de son acolyte Olivier Boko, et de six autres proches du Président Boni Yayi lui-même.  Ce sont notamment la nièce du Chef de l’Etat, Zoubérath Kora, le médecin traitant du Chef de l’Etat, le Commandant Ibrahim Mama Cissé, son ancien ministre et conseiller  Moudjaïdou Soumanou, et son garde de corps, Bachirou Adjani Sika (affaire empoisonnement), ainsi que le Commandant de Gendarmerie Pamphile Zomahoun et  l’expert-comptable Johannes Dagnon (affaire coup d’Etat).

Les co-accusés de Patrice Talon sont tous détenus dans différentes prisons ici au Bénin. Olivier Boko et lui sont réfugiés à Paris. Dans le cadre des mandats d’arrêt internationaux émis contre eux par le Juge d’instruction qui s’est vu confié les dossiers en première instance, les Autorités béninoises ont alors formulé à l’endroit de celles de la France une demande pour leur extradition. Le dossier est devant la Chambre d’instruction de la Cour d’Appel de Paris. Plusieurs audiences ont déjà eu lieu.  La dernière en date est celle du mercredi 23 octobre 2013. Elle a été marquée par les débats sur le fond du dossier, avec notamment les réquisitions du Procureur, les plaidoyers des avocats des deux camps, puis le dossier est mis en délibéré pour ce jour 04 décembre.

Yayi et les siens en outsiders ?

L’affaire Talon est qualifiée de thriller à la béninoise par les éditorialistes et autres observateurs de la vie politique béninoise qui s’y intéressent. L’audience de ce jour est donc le dernier épisode de la saison parisienne de ce thriller à la béninoise. Et naturellement, en tant que dernier épisode de série policière, ça crée assez de suspense. Faut-il encore s’en douter, pour une affaire qui tient en haleine l’opinion publique béninoise depuis plus d’un an.  On imagine déjà l’atmosphère qui va prévaloir dans les couloirs et bureaux du palais présidentiel de la Marina, avant l’annonce du verdict de Paris. Bien évidemment l’atmosphère qui va y régner après, dépendra de la nature du verdict qui sera rendu.

Et selon des observateurs, tout porterait à croire que ce verdict ne serait pas favorable à Boni Yayi. Allusion est faite aux réquisitions du Parquet, défavorables au demandeur d’extradition. Il y a aussi le fait que, pour citer le Parquet général de Paris, le mandat d’arrêt visant Patrice Talon ait été maintenu, du seul fait d’un appel du Parquet béninois, alors que le Juge ordonnait sa levée dans sa décision de non-lieu. Sans oublier le dernier rebondissement de cette affaire : l’exil aux Etats-Unis du Juge d’instruction Angelo Houssou. Qui a décidé de fuir, le week-end dernier, son pays pour, selon ses proches, se mettre à l’abri des persécutions et menaces dont il fait l’objet, après avoir rendu sa double ordonnance de non-lieu le 17 mai. Si les juges français n’avaient pas encore statué avant ce week-end, la fuite du Juge Houssou pourrait contribuer à déterminer leur verdict.  Même si la vérité juridique est différente de celle de la rue. Seulement, les juges de la Chambre d’instruction vont-ils suivre les réquisitions du Procureur Général ? Et comme on l’a toujours ressassé, C’est là toute la question, ainsi que le fondement de tout le suspense qu’il peut y avoir, à l’avant-dernier épisode de la saison parisienne de ce «thriller» à la béninoise. 

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