Marchés de nuit à Cotonou et envions : pour contourner la morosité économique

A Cotonou et environs, nombreux sont les commerçants et usagers qui optent, de plus en plus, pour les marchés de nuit. Ceci, pour contourner la morosité économique qui sévit  dans les marchés ordinaires de jour. Certaines sont assises devant leur étalage, à peine éclairé par une lampe à pétrole, et ne cessent de signaler leur présence par divers cris d’invite à l’endroit des  clients : «faites votre choix, il y a de gros poissons frais, par ici. C’est moins cher…», alertent-elles.

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D’autres, plus astucieuses, envoient leur progéniture en rabatteurs de clients, avec différents types de poissons en main. C’est l’ambiance qui règne, chaque fin après-midi, à partir de 18 heures, à côté du marché Casse-auto, au bord du trafic local conduisant vers le carrefour Agla.

En dehors du marché ordinaire de Casse-auto, qui s’anime traditionnellement le jour,  un autre marché devenu aussi coutumier, se forme dès le coucher du soleil. C’est le marché de nuit, qui s’est spécialisé dans la vente du poisson frais. «Ce sont les soirs seulement que nous venons ici. C’est un marché qui est créé par nous-mêmes, on n’a même pas de baraque, parce qu’il n’y a plus de soleil, quand nous venons ici. Mais, chacun connaît sa place et on ne se querelle pas», explique Dame Sidonie,

A l’instar du marché de nuit de Casse-auto, Cotonou compte plusieurs autres, par exemple celui de Barrière ou encore celui de Ste Rita. Lesquels rendent bien service à leurs usagers. «Quand on sort à 18 heures du boulot, avec les embouteillages, on ne dispose pas de beaucoup de temps pour  se rendre à Tokpa. Je profite alors, comme c’est sur mon chemin de retour, pour faire mes emplettes avant de rentrer chez moi», justifie Dame Estelle, une habituée du marché de nuit de Casse-auto. Et à une autre de renchérir : «même si je suis à la maison et que j’ai envie de prendre du poisson frais, comme ma maison n’est plus loin, je peux passer rapidement ici, et c’est bon…»   

Morosité économique des marchés classiques obligeant…     

Les marchés de nuit ne sont pas une nouveauté au Bénin, en général, à Cotonou en particulier. Mais, ils doivent leur pérennité et leur floraison à une réalité actuelle : la morosité économique dans les marchés classiques. «C’est vrai que ma maman avait toujours vendu dans un marché de nuit. Mais moi, j’ai commencé  dans un marché de jour. Je vendais au marché Kindonou. Mais, la mévente s’accroît au quotidien. C’est pourquoi, j’ai changé de stratégie», a confié Dame Charlotte, vendeuse de condiments au marché de nuit de Godomey, situé non loin du collège.  Et, elle semble avoir la même histoire que ses voisines dudit marché de nuit: «Quand on fait du commerce, c’est pour faire du gain et non le contraire. Et quand ce n’est pas le cas, il faut changer de technique en allant vers les clients, comme ils ne viennent pas à vous», démontre, avec un air sérieux, Dame Rosa. Qui jure ne plus retourner dans un marché classique. «Moi, je ne pense plus retourner dans un marché classique. J’étais au marché de Cocotomey. Avant de quitter, je vendais à peine pour 2.000 F Cfa, par jour. Mais aujourd’hui, quand je viens ici, je vends tout avant de rentrer  chez moi», se réjouit-elle.  Et à une autre vendeuse du même marché de confirmer, sans autre précision : «je peux vendre entre 20.000 et 30.000 F Cfa, quand le marché s’anime bien. Et si j’étais resté au marché, c’est sûr que je n’aurais plus de capital pour poursuivre mon commerce». Se convainc-t-elle.

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Il paraît, ainsi, évident qu’il y a un malaise dans les marchés classiques. Lesquels risquent de disparaître du fait du désintéressement progressif, manifesté par les commerçants,  à cause de la mévente.

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