A son départ du pouvoir en 2016, Yayi devrait s’enorgueillir d’un record : celui du Président qui aura le plus bourlingué. Très peu de pays du globe auront échappé à son désir fou de touriste. Des milliards engloutis pour des voyages sans fin, qui finissent par l’annonce de financements annoncés tous azimuts à la télévision mais qui ne se concrétisent jamais. Mais ici, ça s’appelle curieusement «Diplomatie offensive».
Le Chef de l’Etat vient de revenir à peine de la Turquie. De ce voyage, on annonce des chiffres qui donnent le tournis. Des centaines de milliards de financements, pour des projets pharaoniques dont la plupart n’ont même pas bénéficié d’études de faisabilité. En quelques jours, ce pays est devenu le sauveur national. A défaut du second compact du Mca, qu’on a perdu à cause de la corruption qui gangrénait le pays, on a trouvé la Turquie où un jeune Béninois officiant comme Ambassadeur abat un travail immense. Inutile de ressasser ici ces nombreux projets dont la télévision nationale gavent ses téléspectateurs depuis quelques jours. Bravo à la Turquie. Elle nous fait à peine oublier la Banque Africaine de Développement(Bad) qui aurait débloqué, selon la propagande à la télévision nationale, 90 milliards pour la mise en valeur de la Vallée de l’Ouémé, et la Fida pour les mêmes raisons. A peine aussi les somptuaires voyages à Malabo (Guinée Equatoriale), en Chine, en Afrique du Sud, en Inde, en Iran, au Canada, aux termes desquels une kyrielle de financements est annoncée. Depuis 2006, des milliards sont annoncés, mais nulle part ici personne, même pas les griots les plus acharnés du Pouvoir, n’arrivent à montrer un seul projet réalisé par des financements obtenus de ces voyages. C’est pourtant ça notre Diplomatie offensive tournée vers des pays sombres, sans grande notoriété, confrontés eux-mêmes à des crises et à des difficultés de toutes sortes.
La Diplomatie offensive, et pourtant…
Chose surprenante, notre Diplomatie offensive ne nous a pas permis de faire les exploits les plus petits, comme celui de conserver le Mca. Près de 300 milliards de francs Cfa de don, avec la possibilité donnée à notre pays de proposer lui-même les domaines où il voulait faire des investissements pour le futur. Ça, nous l’avons perdu. Nous avons perdu d’autres bailleurs sérieux, comme les Danois. Là aussi des centaines de milliards de don sont partis en fumée. L’Usaid est en train de partir progressivement du Bénin, en laissant à la place de sa représentation à Cotonou un simple Bureau avec un portefeuille très réduit de financement. Plusieurs autres pays boudent et menacent de nous sevrer de leurs financements, si la gouvernance ne change pas. En sept ans de pouvoir, le Chef de l’Etat a réussi à transformer son grand penchant pour le tourisme en un concept de gouvernance. Un concept obsolète qui n’a rien donné de concret au Bénin, sauf le fait d’aider à asseoir la propagande gouvernementale. On a pu croire dans ce pays, qu’à des moments donnés, des pays comme le Botswana, le Ghana, des pays qui figurent parmi les Ppte, pourraient nous aider à progresser. Quelle aberration !