Refus de l’extradition de Patrice Talon et Olivier Boko : le plus grand camouflet pour Boni Yayi (lire l’arrêt de la cour)

Un procès. Un seul aura suffi pour livrer à la face du monde les dessous nauséabonds de notre République, et le vrai visage de Boni Yayi. Celui d’un Chef d’Etat aveuglé par son goût poussé pour le pouvoir, et sa volonté de vengeance contre tous ceux qui osent le contredire ou s’opposer à ses options. Au terme de ce procès long et harassant, l’image du Bénin aurait été bien souillée, et Yayi, lui, s’en sort très affaibli. Le spectre de Talon hantera à vie ses sommeils.

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Ce 04 décembre, bon nombre de Béninois avaient la tête à autre chose.  La République devrait normalement commémorer le 55è anniversaire de sa proclamation.  On se rappelle que c’est le 04 décembre 1958 que le Dahomey – devenu plus tard le Bénin – est proclamé comme République. Hasard du calendrier, c’est ce jour qu’a choisi la Justice française pour rendre son verdict sur la demande d’extradition de Patrice Talon, et son compère Olivier Boko, désignés par le gouvernement comme les commanditaires d’une tentative d’empoisonnement et de coup d’Etat sur la personne du Chef de l’Etat. Les deux prévenus avaient fui de Cotonou, en Septembre 2012, pour se mettre à l’abri en France, alors que le gouvernement avait lancé une traque sans merci contre leurs personnes. Après moult reports, le verdict est enfin tombé. Si à Paris, quelques rares Béninois vivant en France se sont mobilisés au tribunal  pour soutenir leurs compatriotes prévenus, à Cotonou par contre, les Béninois sont restés quelque peu indifférent s à cet événement. Sauf à  la Marina où l’angoisse  se lisait sur les visages de certains proches collaborateurs du Chef de l’Etat. C’est un peu après 14h que le verdict est tombé. La Cour d’Appel de Paris dit non à la demande d’extradition de Patrice Talon et Olivier Boko. A la Marina, où personne n’ose informer Boni Yayi, ce dernier dût se référer lui-même aux médias et à ses renseignements pour connaître cette décision. Il vient ainsi d’être désavoué. Son obstination à voir Talon en prison, restera seulement à l’étape de rêve.

Grosse perte pour Yayi

Ce procès devrait servir de grande leçon de vie au Président de la République. Il devrait avoir compris maintenant qu’un régime qui fonde son essence sur la terreur et la persécution, s’effondre aussi vite, car on n’est pas toujours fort pour terroriser et pour persécuter. Il devrait avoir tiré leçon de l’échec des conseils de ces courtisans et collaborateurs, qui lui demandaient de foncer dans ce dossier.  Et nous voilà avec un refus pour l’extradition de Talon. Le plus gros perdant est bien Boni Yayi, de plus en plus abandonné dans sa volonté farouche de nuire à Patrice Talon. Ce mercredi à Paris, même son avocat français, Me Charrière Bournazel n’était pas au tribunal. Il aura compris que la sentence n’était pas favorable à son client, et a décidé de se mettre à l’abri des quolibets et de la honte, laissant à des milliers de kilomètres plus loin, son client ruminer seul sa haine inassouvie, après avoir tant investi dans  ce procès. On ne compte plus les nombreuses faveurs accordées à ses avocats, et les faramineuses sommes reçues comme honoraires.  Encore moins les consultations saugrenues et les nombreux voyages  qui ont embourgeoisé conseillers, juristes et griots politiques. On se souvient que c’est à cause de cette affaire que le Président Yayi s’est déchaîné sur l’ex-Ambassadeur de France au Bénin, Jean Paul Monchau, accusé de nonchalance dans la transmission des dossiers à Paris, dans le cadre de ce procès. Tous ceux qui étaient soupçonnés d’avoir des liens ou des atomes crochus avec Talon, étaient systématiquement inscrits sur la liste des ennemis du Chef de l’Etat contre qui s’abat une répression inouïe. On a vu une bipolarisation de la classe politique avec des «pro- Talon»,  contre la grosse machine Fcbe et ses satellites. Depuis Septembre 2012, où il a fui du pays, Talon est pris d’une phobie morbide, «la talonphobie». La peur de laisser cet ancien ami et soutien, libre de ses mouvements, a hanté toutes les nuits de Yayi. Que me fera-t-il ? Que dira-t-il contre moi ? C’est sûrement la peur de tout ceci qui donne l’insomnie au Président de la République. Au nom de son égo,  il a contribué à polluer l’image du Bénin, un pays inscrit désormais sur la liste des Républiques bananières d’Afrique, où les chefs inventent des complots pour liquider des opposants gênants et où les Droits de l’Homme n’existent que dans les livres et les lois. Et à force de s’acharner contre un seul homme, Yayi s’enfonce davantage et court vers le chaos. Qui vient par l’épée, partira sûrement par le chaos.

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