Bénin : Comment Boni Yayi essaie d’esquiver la pression sociale

Depuis le début de l’année, les grèves se multiplient dans plusieurs secteurs de la vie publique. Face à cela, après avoir fait la sourde oreille, le président de la république adopte un ton menaçant. Et mise apparemment sur la propagande pour discréditer les différents mouvements de revendications.

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Le Bénin traverse une crise sociale. Point besoin d’être un catastrophiste forcené  pour le constater et l’admettre. Le Bénin a été ‘’talondépendant’’ pendant toute l’année 2013. Les affaires dites de tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat ont tenu en haleine la vie publique du pays.  Le verdict de la Cour d’appel de Paris sur l’extradition de Patrice Talon avait mis fin à une année entièrement marquée par cette affaire d’intrigues politico-financières au sommet de l’Etat. On se disait, qu’une page venait à moitié d’être tournée. Ainsi, l’année 2014, plus que la précédente, devrait être consacrée aux vrais débats, actions concrètes et efficaces du régime en place pour le mieux-être des populations. La ‘’talondépendance’’ semble avoir donné naissance à des grèves perlées dans plusieurs secteurs d’activité. Les enseignants du supérieur ont entamé depuis ce 28 janvier une grève illimitée. Les magistrats leur emboîtent le pas à partir du 03 février. Les hospitalo-universitaires déclenchent l’opération « hôpitaux morts » dès le 10 février.  

Accentuer la propagande gouvernementale

La situation est alarmante. Mais par sa réaction, le président de la république semble n’avoir pas pris conscience de cette gravité. Timide volonté de dialoguer. Sourde oreille. Menaces et propagande comme pour dire : « le chien aboie, la caravane passe ». Les grèves prennent de l’ampleur. La propagande gouvernementale aussi. Comme si tout allait bien, le chef de l’Etat sillonne le pays pour soit inaugurer, soit lancer des chantiers de construction d’infrastructures. Inauguration de « business promotion center » à Parakou, inauguration de dortoirs et d’amphis à l’université de Parakou, lancement des travaux de construction du lot 3 de la route Akassato-Bohicon, remise de site à la Bad pour la construction de nouvelles tours administratives etc. Le président pose  en fanfare des premières, inaugure les chantiers avec à la clé une forte médiatisation. De larges extraits, voire l’intégralité, de sa rencontre avec les jeunes a été diffusée pratiquement au même moment par les trois télévisions les plus en vue du pays ; l’Ortb, Canal 3 Bénin et Golfe Télévision. Le Chef de l’Etat est visiblement dans la logique de montrer au peuple que son gouvernement travaille. Les grévistes et consorts ne sont donc que des perturbateurs. Et comme dans ce pays, on voit désormais Talon derrière tous les chiens qui aboient, les magistrats et autres syndicalistes sont considérés comme des « achetés » de ce dernier. Et c’est ainsi que le président de la république tente d‘esquiver une crise sociale. Qui prend une tournure inquiétante même s’il y a aussi à redire sur certains aspects de ces nombreuses grèves.

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