Dans un passé récent, considérée comme une caisse de résonnance du pouvoir en place, l’Assemblée nationale semble reprendre du poil de la bête. L’image d’antichambre du gouvernement qu’elle a longtemps reflété commence à se fondre dans une masse de sursauts d’orgueil, enregistrés ces derniers temps au sein de l’hémicycle, et surtout dans le rang des députés de la mouvance présidentielle.
Rappel à l’ordre de ministres retardataires ou absents aux séances plénières, rejet du projet de loi sur la révision de la Constitution par la commission des lois ; la préférence, pourtant risquée pour son camp politique, du président Mathurin Nago pour le vote secret du budget exercice 2014 ; rejet du projet de budget exercice 2014 par la plénière ; classement sans suite et sans vote après la décision Dcc 13-171 du 30 décembre par rapport à la reprise du vote du budget par le parlement. Voilà autant d’évènements qui ces derniers temps, non seulement, ont fragilisé le pouvoir, qui dispose pourtant d’une majorité confortable, mais aussi ont ouvert la brèche d’une lueur d’espoir d’un retour vers un parlement véritablement digne du nom.
Le principe de la séparation des pouvoirs qui avait carrément déserté le forum semble à nouveau pourvu d’un sens, ou du moins à en croire les derniers développements de l’actualité. Tout ceci, pour la simple raison que la majorité confortable dont le président Boni Yayi se servait, comme une baguette d’enchantement, pour mener le Parlement par le bout du nez, n’est plus aussi soumise comme par le passé. Cette majorité désormais virtuelle s’effrite de plus en plus et au fur et à mesure qu’on s’approche de 2016.
On a encore en mémoire ces périodes houleuses où les députés de l’opposition tambourinaient pour empêcher le déroulement des travaux en plénière ou empêchaient carrément le président de l’Assemblée nationale d’accéder à son perchoir. Il est un secret de polichinelle qu’à cette période, le président Nago n’aurait jamais eu le réflexe d’accorder le privilège du vote secret réclamé par la minorité parlementaire. A ces moments forts de la gestion parlementaire essentiellement basée sur des consignes politiques, injectées depuis le palais de la Marina, il est une évidence que les députés de la majorité présidentielle auraient trouvé un moyen de se réunir pour reprendre le vote du budget, tel que recommandé par la Cour constitutionnelle.
Mais aujourd’hui, l’eau a coulé sous les ponts et les raisons du président Nago sont à la faveur d’arguments juridiques. Ce dernier a, lors de la séance plénière du jeudi dernier, justifié le non respect de l’injonction de la Cour constitutionnelle, qui consiste à reprendre le vote du budget, par le respect de la contrainte lié aux dispositions et aux procédures prévues par le règlement intérieur de l’Assemblée Nationale.
Pour certains observateurs de la vie politique béninoise ce retour à la normale n’est que le signe de la fin de l’idylle politique entre Yayi et sa famille politique. D’une part, un Mathurin Nago à la recherche d’une carapace d’homme d’Etat pour la présidentielle de 2016, et d’autre les députés de la mouvance déjà éblouis par l’après Yayi qui pointe déjà à l’horizon.