Jusqu’en août 2013, le Parti du Renouveau Démocratique (Prd) de Me Adrien Houngbédji était considéré comme le principal allié de Boni Yayi dans l’opposition. Mais depuis, actes et discours de chaque camp prouvent que la lune de miel a pris fin. Si c’était une relation amoureuse entre un homme et une femme, on dirait que c’est désormais la séparation.
La relation de bonne entente entre Boni Yayi et la formation politique de son ex-challenger Adrien Houngbédji a vécu. On peut l’avouer au regard du changement de ton des différents discours et des actes ayant caractérisé les rapports entre les deux parties depuis août 2013. Avant cette date, tout semblait aller bien entre Yayi et le Prd après bien entendu une longue période d’animosité. On se rappelle, la visite d’Adrien Houngbédji, suivie de quelques membres de son bureau politique, au chef de l’Etat le 15 mai 2012. Cette visite, fortement médiatisée, était la première de Houngbédji au président Yayi au palais de la Présidence de la république après le mémorable K.O de mars 2011 ; difficilement digéré par le leader du Prd. Elle venait marquer le début de la coexistence pacifique entre le camp Yayi et celui de son adversaire. La visite du 15 mai a été suivie par un changement de ton et de comportement entre les deux parties. Les actions de rapprochement se sont multipliées. Des ministres ont donné des communications sur le Pvi et le coton à l’université de vacance du Prd de septembre 2012. C’était au fort de la polémique sur le Pvi et de la crise cotonnière avec la valse de critiques contre le gouvernement. A l’éclatement de l’affaire de supposé empoisonnement en octobre 2012, Adrien Houndgédji a été le premier et d’ailleurs le seul leader d’un parti politique de l’opposition à rendre visite au président Boni Yayi pour lui dire sa compassion. Mieux, le Prd a sorti un communiqué le 30 octobre 2012 pour exprimer « profonde compassion » au chef de l’Etat.
Pendant ce temps, le Prd n’était plus en de bons termes avec ses ex-compagnons de l’Union fait la Nation. A un moment, des rumeurs ont même circulé sur une éventuelle entrée des tchoco-tchoco au gouvernement. Ce n’était donc qu’une brève période de coexistence pacifique.
Faux pas politique
Tout observateur de la vie politique béninoise aura constaté que le (re) changement de la nature de la relation entre Boni Yayi et le Prd est intervenu en août 2013. Le 08, le président Boni Yayi suspend tout son gouvernement. Débutent alors les consultations pour la formation d’une nouvelle équipe. Contacté, le Prd a décliné l’offre. Le parti d’Adrien Houngbédji a refusé d’appartenir à un gouvernement qui ne serait pas d’union nationale et le fruit d’un « dialogue politique inclusif ». Boni Yayi forme alors sa nouvelle équipe sans aucun membre de son interlocuteur privilégié dans l’opposition. François Houessou, préfet des départements de l’Ouémé -Plateau fait son entrée dans la nouvelle équipe. Contre toute attente, Moukaram Badarou, ancien secrétaire général du Prd, est nommé pour le remplacer à son ancien poste. Pour nombre d’observateurs, la nomination de Moukaram Badarou témoignait d’une nouvelle crispation des rapports Prd- Boni Yayi. L’homme est un transfuge du Prd qui a rejoint la majorité présidentielle. Il était d’ailleurs secrétaire général du parti. N’était-ce donc pas une erreur que de le nommer préfet d’une région qui n’est rien d’autre que le fief de son ancien parti ?
Fin de la coexistence pacifique
Depuis la nomination de Moukaram Badarou, la coexistence pacifique Yayi-Prd semble avoir pris fin. Lors de la dernière université de vacance de son parti, Houngbédji a tiré à boulets rouges sur la gouvernance Yayi. Il a donné un carton rouge à Boni Yayi concernant le projet de révision de la Constitution et a condamné la politique gouvernementale en matière de répression de l’essence Kpayo. Les députés Prd à l’Assemblée nationale font partie de ceux qui ont voté contre le budget de l’Etat, gestion 2014. Le dernier acte témoignant de la fin de la bonne entente entre les deux camps est le communiqué issu de la séance ordinaire de la Direction Exécutive nationale du Prd tenu les 6, 7 et 8 janvier. Dans le document, le parti a haussé le ton sur tous les grands sujets de l’actualité politique nationale. Dans sa ligne de mire, le gouvernement. Sans ménager Boni Yayi et son équipe, le parti exige « l’organisation impérative des élections municipales, communales et locales », « condamne avec la dernière vigueur la répression sanglante infligée aux militants et aux responsables des centrales syndicales le vendredi 27 décembre 2013 », « exige la libération sans condition des détenus des affaires empoisonnement et coup d’Etat ». Le Prd qualifie d’ailleurs ces derniers de « compatriotes abusivement détenus qui ne sont en réalité que des otages d’Etat ». Les Tchoco-tchoco exigent également « l’annulation pure et simple » du concours frauduleux au profit du ministère de l’Economie et des Finances et « la cessation des violations des droits de propriété privée ainsi que des harcèlements fiscaux ». Voici un discours qui prouve que Boni Yayi a perdu son principal allié de l’opposition. Prd-Yayi : c’est la fin de la coexistence pacifique.
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