Libertés d’expression et de manifestation : quand l’exemple pour le Bénin vient de Ouagadougou

Une leçon de démocratie. C’est ce que le Burkina Faso vient de donner au Bénin, via l’autorisation de la marche de l’opposition politique, qui s’est déroulée ce samedi. En effet, au Burkina Faso, ce samedi 18 janvier 2014 ressemblait à une journée de protestation nationale.

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Protestation contre la révision de l’article 37 de la Constitution, la création d’un Sénat et la politique du régime Compaoré, qui s’est déroulé sans matraque ni gaz.  L’article 37 de la loi fondamentale du pays des Hommes intègres est relatif au nombre de mandat présidentiel fixé notamment à un mandat de cinq an renouvelable une seule fois. Sa modification devrait permettre à Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987, de se maintenir dans le fauteuil présidentiel.  Dans les trois principales villes du pays, les populations sont sorties nombreuses pour manifester leur opposition. A Ouagadougou la capitale, on parle de 100 000 manifestants selon les organisateurs et 10 000 selon la police, à Bobo Dioulasso (Sud) et Koudougou (Nord), respectivement 30 000 et 15 000 personnes sont sortis de chez eux pour battre le macadam.

Cette journée de protestation est l’œuvre de l’opposition : partis politiques, société civile et syndicats. Elle a reçu le soutien des trois barons dissidents du parti au pouvoir. Ce sont Salif Diallo, Roch Christian Kaboré, et Simon Compaoré.

Message à Boni Yayi et ses thuriféraires

Ces marches de protestation constituent une véritable épreuve pour le régime Compaoré. Surtout qu’elles sont intervenues quelques jours après la démission du parti des hommes comme Salif Diallo, Roch Christian Kaboré, et Simon Compaoré. « Cette manifestation est autorisée. C’est un signe du degré de maturité de notre démocratie », a déclaré à Rfi le premier ministre burkinabè, Luc Adolphe Tiao. On pourrait dénoncer les manœuvres de Compaoré à s’éterniser au pouvoir, mais faudra reconnaitre qu’il a donné une véritable leçon de démocratie sur le coup des marches de protestations de ce samedi.

Sous d’autres cieux, ces marches auraient pu être interdites, ou elles auraient simplement dégénéré. Sur ce plan, le gouvernement béninois, avec à sa tête le président Boni Yayi devrait suivre l’exemple burkinabè.

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Au Bénin, depuis un certain temps, plus aucune marche des opposants au régime n’a été autorisée par les autorités compétentes. Au motif de trouble à l’ordre publique, elles sont soient interdites, soient réprimés quand les manifestants s’entêtent à outrepasser l’interdiction. Grand coup à la liberté d’expression ! Pourtant, le droit de manifester est garantie par la Constitution béninoise du 11 décembre 1990. Le mal est que pendant ce temps, les pro-Yayi peuvent marcher, manifester en toute liberté et chanter des louanges à la gloire du Père. C’est un véritable deux poids deux mesures qui a été souvent critiqué par une partie de la presse béninoise. La dernière marche interdite est celle du 27 décembre 2013. A cette date, les confédérations syndicales avaient décidé de faire une marche pour protester contre la violation des libertés fondamentales, la corruption et surtout la validation par le gouvernement du concours de recrutement « frauduleux » au profit du ministère de l’économie et des Finances. Interdite par le préfet du département de l’Atlantique et Littoral, elle a été ensuite réprimée lorsque les syndicalistes ont tenté d’outrepasser cette interdiction. La suite, on la connait avec le mouvement de grève générale décrété par les centrales syndicales.

Et voilà le Faso qui donne au Bénin, pourtant considéré comme laboratoire de démocratie des Etats de la sous-région, une leçon de démocratie. Décidément, Le Bénin ne cesse de s’enfoncer.

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