Propos menaçants : Boni Yayi récidive dans la « méconnaissance » de la Constitution

Les déclarations du chef de l’Etat ce lundi 27 janvier face aux jeunes au Palais de la présidence sont similaires à ceux du 1er août 2012.Propos qui avaient pourtant été déclarés, implicitement, contraire à la Constitution par la Cour constitutionnelle. 

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Le Bénin a un président récidiviste. Sans toutefois vouloir l’offenser, c’est ainsi qu’on peut, entre autre, qualifier Boni Yayi ; ce banquier qui pilote le navire Bénin depuis le 06 avril 2006. Le Président de la république a en fait récidivé dans la méconnaissance de la Constitution béninoise du 11 décembre 1990. Cette constitution qu’il  a, à deux reprises déjà, juré de respecter en prêtant serment. Ce récidivisme, Boni Yayi l’a fait en tenant des propos ô combien déplorables face aux jeunes ce lundi au palais de la présidence de la république.

Langage de la division

Des centaines de jeunes étaient, en effet, ce lundi 27 janvier à la salle du peuple du Palais de la Marina, pour lui présenter leurs vœux. Après avoir écouté les discours de vœux, Boni Yayi s’est lancé dans un monologue, comme il adore le faire, sur l’actualité nationale. Comme lors de son entretien « à cœur ouvert » du 1er août 2012, le chef de l’Etat a mis en garde et menacé syndicalistes, journalistes et hommes politiques. Devenu décidément ‘’talonphobe’’, il voit l’homme d’affaires (sans citer Talon) derrière  les mouvements de débrayage dans l’administration, à la Justice, dans les  hôpitaux. « J’entends tout (…) partout où vous vous rencontrez, je suis informé(…) j’observe les mouvements Cotonou-Paris. (…) Ils sont tous dans ma main, je les observe (…) Le moment où je vais bondir arrivera et je réagirai en conséquence », a fulminé Boni Yayi. « Ce n’est pas parce que je me tais que vous allez continuer (…) Le jour où le président dit j’en ai assez, il peut avoir la guerre (…) Personne n’a le monopole de la violence », a ajouté le chef de l’Etat. Guerre entre qui ? est – on tenté de lui demander.  Lui qui est garant de la paix, la cohésion et l’unité nationale doit-il tenir des propos du genre à l’encontre d’une frange de ses compatriotes ? Comme pour se racheter, Boni Yayi dira plus loin que « nous sommes en démocratie. Ils sont libres de s’exprimer mais qu’ils s’expriment sans violence. C’est ce que dit notre Constitution et notre constitution est bien conçue ». Et pourtant. En enchaînant les invectives, le président venait de violer cette Constitution qu’il qualifie de « bien conçue. »

Pyromane déguisé en pompier ?

Lors de l’entretien à cœur ouvert du 1er août 2012, le chef de l’Etat avait tenu des propos similaires. A l’époque, syndicalistes, acteurs de la société civile et certains partis politiques de l’opposition avaient décidé de créer un front uni contre les dérives et la mal gouvernance sous le régime de la Refondation. A ce propos, Boni Yayi avait déclaré : « … j’ai appris qu’ils ont tenu des réunions pour dire qu’ils vont bloquer puisqu’on veut créer un front uni, on va chercher les syndicats, les magistrats, les ceci, pour chasser qui du pouvoir ? Moi Yayi Boni? …Ils sont trop petits. C’est le  peuple qui peut me chasser, …c’est Dieu avec le  peuple qui m’ont mis ici. Ils sont trop petits (…) Je vais leur prouver que moi aussi j’ai du monde derrière dans le Bénin profond, ils vont s’affronter. Je vais leur prouver cela … » Parjure ! Tollé général dans le pays. Sur la base des articles 36, 41 et 35 de la Constitution, le juriste Serge Prince Agbodjan a alors saisi la Cour constitutionnelle le 07 août pour le contrôle de constitutionnalité des propos du président. La décision des sept « Sages » est tombée en juillet 2013 à travers la Décision Dcc 13-071. Holo et ses pairs ont conclu que « le Président de la République a méconnu l’article 36 de la Constitution ». « Méconnaître » pour dire élégamment « violer », selon certains juristes. « Chaque Béninois a le devoir de respecter et de considérer son semblable sans discrimination, de renfoncer et depromouvoir le respect le dialogue et la tolérance réciproque en vue de la paix et de la cohésion nationale », stipule l’article 36 en question. Ce lundi, le chef de l’Etat a tenu des propos similaires à ceux déclarés anticonstitutionnels. Il est simplement un récidiviste. Le président Boni Yayi est-il devenu un pyromane déguisé en pompier ? Il devrait peut-être écouter le tout dernier album de l’artiste chanteur béninois Ignace Don Metok qui dit dans l’un de ses titres qu’on ne peut mettre le feu dans sa maison et se plaindre de la fumée.

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