Réquisition de la Sodeco : déclarations des ministres de Souza, Amadou Djibril, Gbian et Djènontin

Quatre Ministres du gouvernement à savoir Marcel de SOUZA, Fatouma AMADOU DJIBRIL, Jonas GBIAN et Valentin DJENONTIN se sont exprimés suite à la décision du conseil des ministres de réquisitionner les usines d’égrenage de la SODECO. Lire les différentes déclarations ci-dessous : 

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Ministre du Développement et de la Prospective Marcel de SOUZA

« Le conseil des Ministres vient de se tenir ce jour 10 janvier et comme vous le savez, c’est le jour de la fête des religions endogènes. Le conseil des Ministres vient de prendre la décision de grande importance concernant la SODECO. Il s’agit de réquisitionner les neufs usines de la SODECO qui sont en fait les neufs usines de la SONAPRA pour égrener le coton. Le problème qui se pose est que nous avons engagé des pourparlers depuis le mois de novembre, nous avons tenu quatre réunions en novembre et quatre réunions également au mois de décembre.*

Bénin – Coton : le gouvernement décide de réquisitionner les usines de la Sodeco

De ces réunions, il ressort qu’il fallait dialoguer avec les propriétaires des usines pour pouvoir trouver les solutions pour égrener le coton. Mais au départ, ils ont d’abord évoqué le fait que pour la campagne 2012-2013, il y avait un certain nombre de problèmes, nous avons passé en revu ces problèmes là, il s’agit des frais de stockage pour lesquelles nous avons trouvé des solutions, ensuite de TVA de 40% qu’on ne leurs a pas versé, nous avons fait venir le Ministère des finances et la Directrice des impôts ; nous avions trouvé de solutions. Il s’agit également de quelques balles cartonnées pour lesquelles il y a eu des mouilles, il fallait qu’on puisse voir dans quelle mesure ceux qui ont des frais de stockage nous pourrons les désintéressé, mais en tenant compte des balles cartonnées. Alors à l’issue de ces premières réunions, ils nous ont informé que eux ils ne veulent plus faire l’égrenage à façon. Or vous savez que nous avions eu un problème de confiance entre l’Etat et le promoteur principal, et entre le promoteur principal et l’ensemble des producteurs de coton. Alors l’Etat a souhaité faire une deuxième campagne pour mieux diagnostiquer tous les problèmes. C’est pour ça que nous avons voulu reconduire les mêmes principes de la première campagne, et ces principes consistaient à faire financer donc les intrants par l’Etat ; ensuite à distribuer ces intrants et insecticides qui sont financés par l’Etat et pour lesquels nous avons mobilisé 96 milliards, un montant pour lequel on a eu comme arrangeur la BOAD et l’ensemble du système bancaire qui a comme chef de fils Ecobank. Nous avons expliqué que nous avons déjà engagé des prêts pour pouvoir commander donc ces intrants agricoles et que en retour, c’est lorsque le coton primaire sera livré, que nous allons prélever. Donc il s’agit de faire rembourser les dépenses, ce que nous avons eu déjà à faire. Deuxième raison, nous avons placé 30 milles tonnes de coton avec livraison à terme, c’est-à-dire au mois de mars. Et que troisième raison, nous ne pouvons pas leurs permettre d’acheter le coton, et ils voulaient l’acheter à 280 francs, ensuite d’égrener et de faire placer, étant donner du point de vue avancement. Là où nous on était, nous pensions que par le dialogue on pouvait persuader, mais au cours de plusieurs réunions, ils tenaient toujours à nous dire, qu’ils veulent acheter le coton, et le coton primaire, l’égrener et ensuite faire les placements. Et face à cela, nous nous sommes dits que nous allons chercher des solutions parce que actuellement, il faut reconnaitre que nous avons prévu récolter à peu près 300 à 310 mille tonnes de coton, que les camions sont alignés devant les usines de Banikoara, de Kandi et que de plus en plus nous notons que les gens vont brûler le coton. Est ce que c’est des actes malveillant ? Particulièrement à Guéné récemment on nous a dit qu’on a brulé 15 tonnes de coton. Est-ce que c’est le coton qui sera récolté qui est récolté ? Allons nous égrener ce coton en dehors du territoire national, allons nous égrener ce coton au Nigéria, au Togo ou bien au Niger alors que nous avons 18 usines qui sont installées ? Nous avons essayé de dialoguer, de les ramener à la raison et face à leur résistance, c’est vrai eux même ils disent, ils font des communiqués pour dire qu’ils veulent dialoguer mais lorsque nous nous rencontrons, c’est tout à fait un autre langage. Face à cela nous nous sommes dits que l’Etat a pourtant des usines qui ont été saisies par la SODECO ; ces usines étaient détenues à hauteur de 49% par l’Etat et de 51% par le secteur privé c’est-à-dire la Société Commune de Participation et par un actionnaire, l’actionnaire Patrice Talon à hauteur de 0,1% pour ne pas rentrer dans les détails. Alors face à cette situation, on a réexaminé la convention par laquelle cette question a été faite, et nous notons que l’Etat détient 49% et que ces 49% dans la convention étaient mentionnés, que au bout de 5 ans, si l’Etat ne prend aucune décision, que les 49% iraient encore à la SCP. Et donc c’est comme si on veut remettre l’ensemble du patrimoine d’usines au secteur privé. Alors première décision le gouvernement a fait savoir, la décision par voix d’huissier, les 49% ne sont pas sceptiques. Deuxième décision, les 17,5% qui au départ étaient prévus à céder sur la bourse de genre des valeurs immobilières, n’ont pas été cédés. Au bout d’un an, la convention prévoit qu’ on puisse céder à la SCP, ce que l’Etat a fait. On a cédé donc les 17,5% revenant au secteur privé à la SCP, mais nous avons pris soin de faire signer un acte par lequel la SCP avait deux ans pour les céder au secteur privé. Au bout de deux ans c’est-à-dire fin décembre 2011, nous notons que pour des raisons ou d’une autre, on ne veut pas rentrer dans le détail, les 17,5% n’ont pas été cédés. Alors nous avons noté que pour aller sur la BRVM effectivement, il fallait 5 ans d’exercice ; ce qui fait que on constate que sur les clauses léonines dans la mesure où l’Etat pendant un an n’a pas pu céder, le secteur privé aussi prend au bout de deux ans n’a pas pu céder. Mais face à la situation de blocage, le gouvernement se voit dans l’obligation de prendre ses responsabilités : les 17,5% qu’il a cédés au secteur privé et qui n’ont pas été rétrocédés au publique comme prévu par la BRVM doivent être repris. Nous avons donc fait un conseil des Ministres sur la base de ces décisions, on a pris un décret qui a été notifié par voix d’huissier aux responsables de SODECO. Nous cherchons toujours des voix de dialogue. Dans ces voix de dialogue, nous avons pris deux axes. Premièrement, allé revoir pourquoi ils ne sont pas prêts à égrener cette année. Des discussions que nous avions eu, il ressort que ils ont trouvé que le prix auquel nous avions égrené c’est-à-dire 50,083 f pour la campagne 2012-2013, que ce prix était faible, c’est ce qu’ils nous ont dit. Bien sûr on avait pris l’engagement qu’ils fassent le travail et nous allons faire le point par un cabinet de renommé international. Et si éventuellement nous avons de bénéfices intéressants, le Chef de l’Etat s’est engagé à voir un peu leurs doléances éventuellement pour pouvoir les intéresser. Et je rappelle que cette idée demeure le cabinet MAZARS. Il a été sélectionné et est à pied d’œuvre. Il n’a pas fini de faire son audit, mais dès qu’il aura fini, on saura comment la campagne s’est effectivement terminée. Mais j’en profite pour dire que nous n’avons pas fait de déficit, il y a une presse qui annonce que nous avons fait de déficit, la preuve est que nous avons remboursé les 82 milliards de la BOAD entièrement. Le président de la BOAD est venu confirmer de lui-même, et nous n’aurons pas à prendre un seul franc des finances publiques pour payer. Donc la campagne sera bénéficiaire. A hauteur de combien ? Nous attendons que les documents d’audit avec le cabinet viennent confirmer quel sera le montant exact du bénéfice. Donc voila la parenthèse que je voulais ouvrir. Deuxième axe nous avons poursuivi les négociations pour un prochain schéma de financement pour la campagne en cours c’est-à-dire 2013-2014, est ce qu’on peut améliorer le montant auquel nous pouvons payer l’égrenage à façon. Nous avons retenu dans les précisions que c’est à 55 f contre 50,083 f par kilo que nous allons égrener. Nous avons engagé les négociations au bout de la quatrième ou cinquième réunion, nous avions dit qu’il y a eu déjà une réquisition qui avait été faite envers MCI par le groupe SODECO, nous avons repris le document, nous nous sommes entendus que puisqu’on avait égrené le kilo à 41,30 f, nous allons reconstituer les éléments qui n’étaient pas en ligne de compte y compris les toiles le gazoil, les piques lignes, et nous allons reconstituer les prix et sur cette base, nous avons établi que on pouvait améliorer et égrener à peu près à 59,80 f. Ils ont dit d’ajouter l’inflation, nous avons conclut que nous allons arrondir à 60 f soit une augmentation de 20% par rapport à l’année dernière. Alors que je souligne que du point de vue coton, les coûts sont en baisse nous avons fait un effort du prix aux producteurs en mettant le prix aux producteurs à 265 f contre 260 f l’année précédente et je rappelle que tous les pays aux environs ont fixé ce prix beaucoup plus bas. Le Burkina qui avait eu à acheter le coton primaire à 260 f prix aux producteurs, actuellement il l’achète à 228 f. Mais nous avons maintenu à 265 f pour améliorer et attirer. Parce qu’il faut souligner que depuis que nous faisons le coton, nous avons des usines pour 612 milles tonnes qu’on peut égrener mais nous n’avons jamais dépassé 427 mille tonnes en 2004. Et donc face à cela, on peut encourager donc les producteurs à mieux faire pour que toutes les usines puissent tourner car ça fait une perte pour la communauté d’installer les usines qui n’ont jamais tourné. Donc voila l’idée que l’Etat avait derrière alors donc de fil en aiguille nous avons arrêté que nous allons égrener le kilo à 60 f et ils ont demandé une deuxième condition, c’était que la banque qui est chef de fil puisse les payer après vérification, après attestation par la SONAPRA, ce que nous avons accepté. C’est pour dire que nous avons essayé de voir tous les problèmes qui se posent à leur niveau et c’est en ce moment que nous avons vu que il n’y avait pas la volonté que nous puissions continuer tel que nous l’avons souhaité et qu’il y avait du dilatoire. Donc face à cela le gouvernement à décidé de reprendre les 17,5%. Alors nous avons notifié. Et malgré la notification, nous avons souhaité qu’il y ait une assemblée générale ordinaire. Cette assemblée, il y avait deux voies : ou bien on allait au tribunal au nom de mandataire pour convoquer une assemblée, ou bien nous étions obligés de voir avec les instances de la SODECO pour que cette assemblée ait lieu ; puisque si on modifie le capital, il faut que ça soit constaté par une assemblée ordinaire : on nomme de nouveaux administrateurs et comme l’Etat veut reprendre les 17,5%, l’Etat détiendra 65,5% ; donc deviendra d’office majoritaire, donc pourra nommer un nouveau Directeur Général. Mais je souligne que nous ne touchons pas l’actionnariat privé puisque l’actionnariat privé est toujours détenu à hauteur de 33,4% par la SCP c’est-à-dire la société commune de participation et par l’actionnaire Patrice Talon à hauteur de 0,1% soit 33,5% pour l’ensemble. Je souligne que parmi les actionnaires il y avait 6% qui étaient autrefois réservé pour le secteur privé, à ces 6% nous avions ajouté les 17,5% que nous allons céder au secteur privé c’est-à-dire aux producteurs de coton puisque c’est eux les véritables acteurs, et il est de bon ton que s’il y a des profits, que ce soit à eux que ça revienne. Et nous avons gardé toujours les collectivités locales qui avaient 8,5%. Alors si vous prenez l’ensemble des producteurs, c’est-à-dire les paysans qui produisent le coton, nous ajoutons encore aux collectivités locales et le tout fait 32% puisque l’Etat garde ces 33,4% et 2,1% pour l’ONS, l’Office Nationale de Stabilisation. Alors quand on voit tous ces aspects, nous sommes préoccupés par la situation des actions qui nous sont reconnues, et nous avons voulu prendre le commandement, c’est-à-dire la direction générale de la Sonapra au niveau de la SODECO pour pouvoir, égrener, puisque le problème demeure là. Jamais on a commencé l’égrenage au mois de janvier par le passé, on commence toujours l’égrenage au mois de novembre voir au mois d’octobre. Et actuellement nous sommes en retard. Faut- il exposer le coton que nous avons produit aux intempéries avec les problèmes de mouilles ? Vous avez bien vu, ces derniers temps. Faut-il laisser le coton dans les champs pour que des personnes mal intentionnées aillent les enflammer ? A Guéné on nous a dit qu’on a enflammé 15 tonnes, et ainsi de suite, alors ça sera criminel de la part du gouvernement de ne pas prendre les dispositions requises. Alors ce jour, le gouvernement a décidé parce que le gouvernement ne voulait pas en venir là. Puisque nous pouvons aller vers une nationalisation. Mais on a dit non, nous sommes dans le cadre du partenariat public privé on pouvait aller vers la réquisition mais on a dit non allons discuter avec eux dans le cadre n’est ce pas de l’assemblée générale ordinaire, c’est ce que nous avions fait hier vous avez due voir. Et hier, à l’ouverture de la séance, nous avons voulu faire savoir que l’Etat détenait 49,5% et que sur cette base nous pouvions délibérer et cela a été contesté parce qu’ils ont dit oui c’est vrai vous avez pris un décret, le secrétaire général du gouvernement nous a notifié, nous avons reçu également la notification par voix d’huissier mais si vous ne faites pas les formalités en bonne et due forme comme le prévoit l’HOADA, c’est-à-dire la question n’est pas constatée nous dirons toujours que nous détenons 51% et l’Etat ne détient que 49%. Bon sur cette base nous avons engagé des discussions et nous avons vu que il y a beaucoup de dilatoires. Alors la décision qui a été prise c’est de dire que nous allons poursuivre les négociations concernant les 17,5% du système de portage parce que en réalité c’est l’Etat qui a porté dans un premier temps pour le secteur privé, pour le public non seulement béninois et c’est sur la BRVM qu’on devait céder, mais que nous allons prendre la décision d’égrener immédiatement pour cause d’utilité publique les paysans se sont engagés, nous avons engagé 96 milliards, nous avons engagé tout cela, nous ne pouvons pas blaguer avec. Et donc face à la résistance dans le dialogue, nous avons pris deux décisions : 1. Nous allons poursuivre les négociations pour l’attribution des 17,5%, nous devons faire formaliser auprès de l’huissier et éventuellement nous pourrons aller vers un médiateur ; nous sommes prêts pour le dialogue, mais en attendant nous ne pouvons pas laisser le coton traîner et donc nous avons pris la décision courageuse donc de prendre en main les usines et de nommer le directeur général de la SONAPRA coordonateur de ces usines là. Mais ça ne veut pas dire qu’on a arraché les 33,4% de la SCP ni de 0,1% de l’actionnaire Monsieur Patrice Talon ; ils garderont toujours leur droit mais nous allons organiser l’ensemble des achats primaires de coton, égrener et nous allons placer et les dividendes qui reviendront à la SODECO, le Directeur général par intérim demeure toujours là, le conseil d’administration demeure là, mais pour la campagne, dès qu’on aurait fini, on leur retourne en attendant que la bataille juridique qui consiste à revoir à qui revienne les 17,5% soit définitivement trancher. Donc voilà la raison pour la quelle nous avons eu à prendre la décision qui consiste à réquisitionner les usines. Je voudrais conclure en faisant un appel à l’ensemble du secteur privé, à l’ensemble de nos partenaires privés pour leurs dire que il y a un malaise, c’est vrai, mais quand il y a malaise, ne faudrait il pas s’asseoir autour d’une table discuter et trouver les solutions idoines pour que notre pays qui est notre patrimoine commun, on trouve toujours les solutions. Je rappelle que le coton représente 20% du PIB national, Produit Intérieur Brut, occupe 70% de la population active. Donc c’est quand même très important pour nous, c’est la vie des paysans. Si nous voulons lutter contre la pauvreté éradiquer la pauvreté, nous ne pouvons pas blaguer avec le coton. Et donc je lance un appel pour que le secteur privé revienne à de bons sentiments que nous puissions nous retrouver autour d’une table, que nous puissions épuiser des voix de dialogue, qu’on puisse faire balle à terre comme on dit et que dans l’intérêt général, dans l’intérêt de nous tous, qu’on puisse égrener le coton, le vendre à un bon prix, établir de bénéfices et que ceux qui sont actionnaires reçoivent leur dividende et que enfin, on puisse faire une bonne campagne, une campagne apaisée. Nous cherchons la paix, sans la paix il n’y a pas de développement nous devons le reconnaitre. Enfin je voudrais souligner que pour préserver les droits de la SCP et de l’actionnaire Patrice Talon, nous avons procédé à une évaluation sommaire de la valeur de l’action aujourd’hui au niveau de SODECO. Au départ la valeur partiale était à 10.000 f l’action mais compte tenue de l’accumulation des non valeurs, je parle des pertes, nous sommes tombé à une valeur de 7.220 et que ces 7.220 que multiplient par le nombre d’actions c’est-à-dire les actions détenues à hauteur des 17,5%, ça revient à 4 milliard 552 mille. Mais ces 4 milliards 552 mille dépassent déjà les 6 milliards 125 millions qui constituent la valeur partiale sur laquelle nous avons ouvert un compte séquestre. Nous avons mis ce montant à la banque en attendant que nous nous mettons d’accord sur la valeur de l’action. C’est pour dire que nous ne voulons pas vexer le secteur privé mais nous sommes garants de l’utilité publique, et que le gouvernement n’hésitera pas à prendre les décisions requises lorsqu’il le faut pour sauvegarder l’intérêt national. Donc c’est à ce titre là que certains vont dire qu’il y a recule. Non il n’y a pas recule. Même aux Etats-Unis, que ça soit en France, vous avez bien vu l’actionnariat populaire est encouragé, les réquisitions sont faites, Général motors l’a fait également avec le Président Obama, donc lorsqu’il s’agit de l’utilité publique on doit pouvoir prendre les actions qu’il faut. Donc je lance encore une fois un appel au secteur privé, nous continuons de nous rencontrer, de discuter des 17,5% de l’égrenage qu’on puisse signer les contrats. A 60 f, ils vont s’en sortir alors qu’ils réclament 90 f. 90 f je le répète nous allons détruire la filière c’est la seule filière que nous avons, il ne faut pas la détruire, il faut la préserver, parce que ceux qui sont dans l’opposition qui aujourd’hui font des critiques, demain quand ils seront là comment vont-ils faire ? Ca appartient à notre pays donc allons au dialogue, allons vers le calme, allons vers l’entente. Donc voila l’appel que je voudrais lancer et justifier un peu pourquoi la réquisition, ce n’est un recule en matière de secteur privé mais c’est une décision indispensable pour sauvegarder l’intérêt public.» 

Ministre de l’Agriculture, Fatouma AMADOU DJIBRIL

« Je voudrais vous faire un peu le récit de la convention qui lie l’Etat béninois aux privés et vous faire la répartition des actions de SODECO. Donc en 2008, au moment où on créait la SODECO, l’Etat avait 33,4%, l’ONS avait 0,1%, les privés, d’un autre côté représentés par la SCP avait 33,4%, M. Patrice Talon, l’actionnaire avait 0,1%, le grand public béninois avait 17,5%, les collectivités locales 8,5%, les producteurs 6% et le personnel de la SODECO 1%.Voilà comment étaient réparties les actions de la SODECO. Il était dit qu’en 2009, soit après 1an d’exercice, dans la convention, que l’Etat devait rétrocéder à la SCP les 17,5% d’actions qu’il avait en portage pour le grand public béninois et étranger. C’est ce qui a été fait en Décembre 2009. C’est encore dit que en 2011, la SCP devait rétrocéder les 17,5% d’actions du grand public béninois aux vrais actionnaires, ce qui n’a jamais été fait jusqu’à ce jour. En Octobre 2013, tout était orchestré pour que les 49% des actions que l’Etat détenait soient aussi cédées. Vous comprenez avec moi, vu l’importance du coton dans l’économie béninoise, qu’on ne peut pas refuser un monopole d’Etat et accepter un monopole privé. Comment l’Etat va se désengager de la filière coton ? Aucun pouvoir n’acceptera cela. Vous voyez dans le coton tous les investissements et toutes les subventions que l’Etat a faits. En 2011, l’Etat a subventionné à hauteur de 12 Milliards alors que c’était dit que les superficies qu’on allait emblaver étaient de 350 mille hectares. Mais au finish c’était 208 mille hectares qui ont été emblavés pour une production de 174 mille tonnes. Donc le conseil des Ministres, en sa session du 25 Septembre 2013, a décidé de la reprise des 17,5% d’actions qui sont en portage par la SCP. Mais nous ne voulons pas faire le portage indéfiniment. Ces 17,5% d’actions, l’Etat veut les rétrocéder aux producteurs pour permettre de démocratiser la gestion de la filière coton. On va vers l’actionnariat populaire des actions de SODECO. Donc nous étions en Assemblée Générale de SODECO ce 09 Janvier, nous n’avons pas pu nous entendre parce que malgré la notification que l’huissier est allé déposer, le groupe privé n’a pas pris en compte la recomposition des actions. Aujourd’hui normalement, l’Etat doit être à hauteur de 65,5% et les privés toujours de 33,5%. Les privés demeurent dans l’actionnariat de SODECO. Vous comprenez avec moi qu’on ne parle pas de nationalisation. Mais aujourd’hui, nous allons à la réquisition parce que le coton est déjà là ! Qu’est ce qu’on doit faire ? Nous devons égrener ce coton là. Depuis trois (03) ans environ, nous n’avons jamais eu une production de 306 mille tonnes. Ce serait suicidaire si on laissait ce tonnage là aux intempéries, aux incendies. L’Etat a donc pris ses responsabilités. Partout dans les pays voisins comme me Burkina Faso, le Mali, les producteurs et l’Etat sont dans les sociétés cotonnières à hauteur de 80%. Pourquoi chez nous au Bénin on doit remettre toute la filière coton aux privés. Ca ne nous amène nulle part. Le coton participe à près de 20% dans le PIB, et dans nos exportations agricoles à près de 75%, et ce même coton occupe plus de 70% de la population active. Vous comprenez aussi la forte corrélation qu’il y a entre la croissance économique et la production cotonnière. C’est pour cela que le gouvernement, grâce à ses réformes, est parti de 174 mille tonnes pour 306 mille tonnes aujourd’hui. Je crois que nos amis d’en face, humblement, doivent nous féliciter. » 

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 Ministre de l’Economie et des Finances, Jonas GBIAN

« L’Etat vient de prendre la décision de réquisitionner les usines de la SODECO pour l’égrenage du coton au titre de la campagne 2013-2014. C’est une décision qui s’impose puisque nous sommes dans une situation de blocage qui a été créée par nos partenaires du secteur privé au sein de la SODECO qui malgré toute la bonne volonté du gouvernement ont tout fait pour bloquer les discussions qui devaient aboutir à l’égrenage. Or le coton a été produit, nous avons fait de bonnes performances cette année car on est à 306 mille tonnes de productions, et ce coton est là, il n’est pas égrené. Ceci est inédit dans notre pays. Face à cette situation, il fallait prendre la décision qui s’impose ; cette décision c’est d’égrener. La décision qui a été prise est conforme aux textes qui régissent notre pays ; ce sont des textes qui permettent au gouvernement de réquisitionner des entreprises. Ca été fait vous vous souvenez il y a quelques années avec l’entreprise MCI, toujours pour l’égrenage du coton à Nikki. Et c’est la même décision qui est prise aujourd’hui pour donc égrener le coton au sein de la SODECO. Mais en plus c’est que la SODECO n’est pas que privée ; c’est une société qui est mixte. L’Etat est propriétaire de la SODECO, le secteur privé également. Donc c’est encore beaucoup plus facile de réquisitionner une telle société, et c’est ce qui a été fait. Ce qu’il convient de dire c’est que dans cette opération personne n’est lésée, personne ne sera lésée. Le secteur privé qui est notre partenaire au sein de la SODECO va voir donc cette société travailler, produire cette année, mener des activités qui vont générer des recettes, qui vont générer certainement un gain qui va être partagé après la campagne. En dehors de cet aspect d’activité que SODECO doit connaître, il ya lieu de souligner que dans le cadre des discussions que nous avons avec nos partenaires du secteur privé, nous allons continuer à discuter, à négocier pour trouver une solution pour permettre à la SODECO, de façon générale à la filière coton, de fonctionner normalement avec les réformes qui vont être impulsées dans les années à venir. »

Ministre de la Justice, Valentin DJENONTIN

« La situation du coton que nous vivons depuis un moment appelle de notre part de petites réflexions mais en réalité, au lieu de réfléchir, moi je voudrais plutôt appeler au calme et à la sérénité ; et d’inviter tous les partenaires économiques, nationaux comme étrangers, surtout nationaux parce que la question se rapporte à SODECO à la sérénité, parce que le souhait du gouvernement c’est la promotion des entreprises privées, c’est la promotion de l’actionnariat privé et le partenariat public-privé, étant donné que l’Etat avec les privés se sont mis ensemble pour constituer cette société SODECO. Vous savez le coton et le port constituent les deux secteurs principaux de notre pays et si nous mettons à mal le coton, ce sera toute l’économie béninoise qui sera mise à terre. C’est pour ça que toutes les démarches qui ont été faites pour pouvoir réconcilier les intérêts des privés et l’intérêt général n’ayant pas abouti, nous avons décidé pour sauver l’année cotonnière et également répondre aux cris de détresse des producteurs qui ont déjà produit le coton. Le coton qui a commencé par prendre la mouille, le coton qui a commencé même par prendre feu ; nous avons décidé donc d’aller à cette réquisition pour pouvoir sauvegarder le coton récolté. Je voudrais appeler tous les acteurs impliqués dans le coton au calme, à la sérénité, et que nous sachions que personne d’autre ne viendra construire le pays à notre place. Le gouvernement béninois n’a aucun intérêt à détruire les privés. Mais les privés non plus ne doivent, sous prétexte de gagner de l’argent, détruire le tissu industriel ou le tissu économique, ou du moins porter atteinte aux équilibres financiers pour faire souffrir davantage la population, les contribuables. Je crois que le prix qui a été fixé est un prix qui a tenu compte des différentes charges. Et les industries qui sont installées sont installées pour pouvoir traiter du coton. En matière de comptabilité, même les équipements non utilisés doivent subir des amortissements. Et lorsque ces équipements sont au repos, il y a le coût de l’obsolescence qui les atteint. Alors, en demandant aux privés, aux gens même de SODECO d’accepter de venir pour pouvoir égrener le coton, je crois que c’est une manière de les aider à supporter leurs charges d’exploitation, de donner du travail à leur personnel et de leurs permettre également de faire face éventuellement à leurs engagements financiers. C’est pourquoi une fois nous invitons tout le monde au calme, nous invitons tous les partenaires à une discussion franche et sincère ; que nous évitons de faire du surplace, pour le développement de notre pays, ce pays qui est cher à nous tous. Je crois que la situation désastreuse que certains peut être appellent de leurs vœux n’arrangerait personne, et le salut de ce peuple dépend de chacun de nous. C’est pour cela je demande aux ouvriers, je demande aux collaborateurs de SODECO, aux responsables de SODECO, et également à toutes les équipes qui sont installées un peu partout dans les différentes usines à aller vite parce que le temps joue dangereusement contre nous. Le coton prend déjà de la mouille, les incendies ont commencé, et vous savez à ce rythme, nous sommes sûrs de connaître de retard sur la saison prochaine parce que c’est pour la première fois qu’on a commencé à égrener le coton en Janvier et on risque d’aller en jusqu’en Juin. Alors que déjà en mai, on aurait déjà dû commencer la deuxième saison. Une fois encore tout le monde au calme et que dans la sérénité nous puissions poursuivre les débats. Mais l’urgence pour nous d’abord, c’est de sauver le coton qui est récolté pour faire face aux emprunts que nous avons contractés auprès des institutions financières internationales. » 

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