Sur la situation qui prévaut dans le pays, l’intersyndicale des enseignants du Supérieur a organisé hier au campus d’Abomey-Calavi, une conférence publique pour informer la population sur sa position.
La situation sociopolitique nationale actuelle qui va chaque jour en se dégradant inquiète et amène la population à se demander si le Bénin se retrouve dans la situation de la fin des années 80. Pour répondre à cette question qui turlupine les esprits des Béninois, l’intersyndicale des enseignants du Supérieur a organisé hier, mardi 18 février 2014, à l’Université d’Abomey-Calavi, une conférence publique sur deux thèmes dont le premier est «Le mouvement syndical dans les années 1980 à l’Enseignement Supérieur et ses similitudes avec la situation actuelle au Bénin».
Présentant ce thème, le Professeur d’Histoire nationale Bellarmin Codo a, à la lumière de l’histoire montré qu’entre la crise sociale actuelle et la situation sociopolitique qui a prévalu au Bénin dans les années 80, il y a bien des similitudes. ;et beaucoup même. Selon le conférencier, tout comme dans les années 80, il y a aujourd’hui malaise politique. Lequel est né de la peine qu’a le pouvoir à asseoir sa légitimité depuis l’élection présidentielle controversée de 2011. Toutes choses, pense le conférencier, amène le pouvoir actuel à se lancer dans une fuite en avant plus exacerbée qui se traduit de diverses manières. Le contrôle de plus en plus renforcé sur les médias tant publics que privés, l’interdiction de toute tentative de contestation du pouvoir (marches et grèves) et le développement de discours outranciers sans retenue donnant le sentiment de vouloir jeter de l’huile sur le feu en vue d’affrontements violents.
Sur la situation économique et financière, le Professeur Codo a relevé des signes de fragilité qui font craindre une cessation de paiement de l’Etat comme ce fut le cas dans les années 1980. En dépit de ses similitudes, très optimiste le conférencier affirme que le Bénin ne se retrouve cependant pas dans la situation de 90.
Appel pour la défense des libertés
S’il pense que le Bénin n’est pas retombé dans sa critique situation de la fin des années 80, le Professeur Codo pense que cela est bien une possibilité. Pour les Secrétaires Généraux Dieudonné Lokossou de la Csa-Bénin, Paul Essè Iko de la Cstb et Michel Kissi, Sga Cgtb nous n’en sommes pas vraiment loin. Selon le Sg Lokossou, le pouvoir actuel est en train d’emprunter «le chemin du passé, le chemin du Prpb pour nous conduire à une pensée monolithique». C’est pour cela «il faut que nous soyons vigilants… il faut continuer la lutte», a insisté le Sg Lokossou.
Félicitant les enseignants du Supérieur, historiques et ardents défenseurs des libertés démocratiques acquises en 1990, le Sg Iko et le Sga Kissi ont appelé la communauté universitaire à une mobilisation générale pour la défense des libertés démocratiques chèrement acquises comme ce fut le cas hier.
Signalons qu’une deuxième communication portant sur le thème : «Assurance-qualité dans les Universités Nationales du Bénin» a été présentée lors de cette conférence publique par le Professeur Fulgence Afouda. Cette dernière a permis au conférencier qui a relevé beaucoup de dysfonctionnement dans la mise en œuvre du système Licence Master Doctorat (Lmd) et sur l’assurance-qualité embryonnaire au Bénin de faire des propositions. Pour que ces propositions soient mises en application, le conférencier pense qu’«il faut qu’enseignants et étudiants se lèvent».