Démocratie Béninoise et système électoral : le déni de transparence

Après les prouesses engrangées par le Bénin à la suite de la conférence nationale au plan de la mise en place et de l’enracinement des institutions prévues par la constitution, nous voici depuis Avril 2006, dans une autre phase de notre expérience démocratique. Celle-là, voulue par ceux même qui étaient au cœur de cette conférence mémorable du PlmAlédjo, lieu symbole de la naissance du renouveau démocratique.

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Cet hôtel chargé d’histoire et d’émotions, dont une chaine de télévision privée a eu le courage de nous révéler l’état piteux, dans un récent reportage bouleversant.

PLM Alédjo au rythme de la démocratie béninoise

Oui, le PlmAlédjo est en ruine, comme la démocratie béninoise, attaquée et violentée par ses gardiens est à la peine. Que dire, que penser à la vue des images de cet hôtel, en face d’un régime qui clame l’émergence, le changement et la refondation. Et ne me dites pas qu’au coeur du régime et assis à la droite de «dieu le père» , le «cher papa» des Béninois, un homme nomme Amos Elègbè, Conseiller Spécial aux affaires politiques du Roi, lui qui a été l’un des tout premiers et plus jeunes Directeurs de l’Office National de l’Hôtellerie et du Tourisme (Onatho) créé sous la révolution.

Au fil des années depuis Avril 2006, tous les pans et symboles de notre démocratie tombent un a un. Le Plm Alédjo, les libertés publiques, le caractère républicain de notre Etat et certaines institutions comme la Cour Constitutionnelle et la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication. Ces institutions ne sont désormais que l’ombre d’elles-mêmes. Elles s’apparentent désormais à des cellules dont on a arrêté la croissance, faute d’alimentation adaptée, au regard de l’esprit et de la lettre des constituants et législateurs qui ont oeuvré à leur accouchement. Plus affligeantes, le symbole le plus marquant de la République, le Président de la république, institution par excellence de l’arsenal républicain est abonné aux parjures avec des diatribes les plus écoeurantes  en direction de ces concitoyens qui osent exercer ou revendiquer leur droit citoyen.

La Lépi: Un symbole du déni de démocratie

A qui la faute,  devrait-on se demander? Oui, il y a des responsables qui ont été constamment aidés dans leur sale besogne par des complices. La volonté et la vision des constituants et autres législateurs de 1990 étaient claires. Mais que valent des textes si celui qui a prêté serment de protéger la démocratie, les institutions et même la vie des Béninois en fait peu de cas ou saccage tout? La danse actuelle autour de la Liste Electorale Permanente informatisée (Lépi) est l’illustration parfaite de l’état d’esprit, de la volonté de ceux qui dirigent notre pays depuis bientôt huit ans, de remettre en cause les acquis du Renouveau démocratique savamment conservés par leur prédécesseur. On est prêt a tout pour conserver le pouvoir. Tout y passe, parjures, intimidations, corruption, régionalisme, instrumentalisation des institutions de contre-pouvoir, le mensonge, le mépris de la contradiction, la haine et la jalousie à l’endroit des opérateurs économiques nationaux, la liste est longue des tares de ce régime  et quoi qui refuse de se regarder dans le miroir ou prendre le temps de regarder dans le rétroviseur pour apprendre de ces prédécesseurs, au plan de la posture démocratique.

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Dans quel pays une liste électorale a fait autant de bruit et connu tant de débats? Il est vrai, de nombreux pays africains (toujours en Afrique) ont confectionné leur liste électorale avec des fortunes diverses, avec en toile de fond, des divergences au sein de la classe politique dans la mesure ou c’est un outil stratégique dont le contrôle par une partie peut permettre de gagner l’élection. Les techniques de manipulation sont connues des experts de la fraude électorale  tapis dans les couloirs des palais présidentiels. Le Bénin n’a pas échappé a cette règle bien africaine. Mais le Bénin ,lui , étonne le monde par le caractère insidieux, pervers et rébarbatif du processus de sa Lépi conçue dans le lit adultérin et par le viol de l’indispensable consensus: une véritable fraude orchestrée par Arifari Bako et ses complices, avec la  complicité de la Cour Constitutionnelle qui en a donne la « l’extrême onction », pour  ainsi dire, par sa décision imposant la Lépi comme seul outil du processus électoral à un moment où personne ne pouvait parier sur  l’achèvement du processus d’établissement de la Lépi.

Avec les différentes manoeuvres qui entourent aujourd’hui sa correction, on est fondé a croire que nous sommes en face d’une véritable entreprise de diversion du peuple pour conserver le pouvoir. Les atermoiements de la Présidence de la République et du gouvernement dans l’accompagnement réel du processus de la correction de la Lépi, les déclarations sur sa non existence, les propos du Président du Cos-lépi récemment tenus au cours d’une activité organisée et sponsorisée par la Fondation Friedrich Ebert. achèvent de nous convaincre que la Lépi a été une vaste supercherie et une escroquerie organisée à dessein de conservation de pouvoir pour le long terme avec la complicité de certains partenaires techniques et financiers qui ne se savaient certainement pris au piège de la ruse, de la tricherie et de l’imposture.  

Quelle idée que de confier la viande au chat? Comment ceux qui ont été les vrais acteurs du KO de mars 2011 par la Lépi interposée (suivez mon regard) peuvent encore se voir confier la correction de la Lépi? Souvenons-nous des propos a relents foncièrement régionalistes, tenus par le Président du Cos-Lépi à Bassila, dans le cadre de la campagne pour l’élection présidentielle de mars2011. Il ne fait aucun doute, cette Lépi, si tant est qu’elle existe,  est une plaie pour la démocratie. Elle est une bombe à retardement pour la paix et la concorde nationale.

L’entêtement qui confirme l’option définitive pour la tricherie et la ruse

Aujourd’hui, le KO qui en a résulté, s’assimile à un boulet aux pieds de notre pays et sa démocratie, plombée par le recul sur tous les plans. Face aux multiples appels au dialogue national, le Chef de l’Etat et ses complices font la sourde oreille et e murent dans un silence assourdissant. Ils pensent détenir la clé du bonheur, la Lépi par laquelle ils continueront les sales besognes de tricherie, de tripatouillage et de la violation des droits des citoyens tenus a l’écart du processus électoral. Ils pensent par ces stratagèmes, garder le contrôle de toutes les manettes du pouvoir politique et continuer de placer godillots, affidés et obligés a la tête et dans les institutions de contre-pouvoir et des médiocres aux commandes stratégiques de l’administration, au mépris de tous les textes de la République.

Que vaut un régime qui ne veut pas dialoguer avec son peuple, notamment ceux qui ne partagent plus sa vision de la gouvernance du pays, après l’avoir porté au pinacle avec 75% des suffrages en Mars 2006? De quelle légitimité dispose un régime qui utilise la violence comme toute réponse a la soif de démocratie et de liberté du peuple?

Au nom de la paix, il est temps d’arrêter l’imposture autour de la LEPI

Mieux, il est tant d’arrêter le gaspillage des maigres ressources de l’Etat qui sont dépensées pour prétendre corriger un outil conçu dans la ruse, la tricherie et voulu ainsi. Comme l’ont déjà clairement indique le Parti du Renouveau Démocratique et le Front Citoyen de Sauvegarde des Acquis de la Démocratie, il faut que le parlement béninois qui a récemment montré son engagement pour améliorer le fonctionnement de notre démocratie en plein recul, prenne ses responsabilités. Il est nécessaire d’envisager une autre alternative en matière de liste électorale, laissant le temps au régime abonné à la tricherie et l’imposture politique de faire son temps et de prendre la porte. Presque trois années après le KO généré par la Lépi de l’exclusion et de tous les fantasmes, aucune de réformes promises n’a abouti et l’économie nationale est en agonie avec la mise en berne progressive du secteur privé national, seul capable de créer la richesse, sur une base durable.  

Les Béninois, épris d’une vraie paix, de justice et de démocratie jetteront dans un esprit de consensus, les bases d’une liste véritablement transparente qui réconcilie les Béninois avec eux-mêmes et la démocratie béninoise avec les normes universellement acceptables.

 

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