L’homme qui est devenu si « petit » en voulant être trop fort

Il a perdu sa face. Hanté par la phobie morbide d’une hypothétique insurrection, il se « bunkérise » désormais à la Marina. Passe de longues nuits blanches à craindre l’arrivée d’un fantôme venu de Paris. Son goût effréné pour les voyages, il l’a complètement lâché.

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Pas de sommet de l’Union Africaine dans ses agendas. Il n’a pas le cœur tranquille. Il reste donc à Cotonou où il est obligé de se déplacer avec deux chars. Méfiant envers tous ses collaborateurs, même les plus fidèles, il fait confiance de plus en plus à ses enfants dont trois (sur les cinq) travaillent dans son cabinet. Ce portrait est différent de celui du Chef autoritaire, ferme et menaçant qu’on a vu par ici. Capable de descendre n’importe qui. Et qui, sans aucune retenue aimait si tant les bains de foule et les contacts avec les populations. Aujourd’hui, il ne fait plus peur. Il a plutôt peur lui. Ce n’est donc pas un hasard s’il reçoit assez de critiques sévères ces derniers temps-ci. Une petite collégienne de Porto -Novo, exaspérée par les grèves de ses enseignants qui la privent de l’instruction se gosse de lui dans un ton impératif : « Il n’a qu’à régler vite le problème des professeurs pour que nous puissions suivre les cours. Si lui, on l’avait empêché de suivre les cours, est-ce qu’il peut devenir président de la république ». Elle a eu l’outrecuidance, cette gamine de parler ainsi du chef. Elle aussi a compris que l’autorité du Chef était désormais par terre. Comme d’ailleurs bon nombre de leaders politiques qui n’hésitent plus à l’invectiver ces jours-ci. Le député Candide Azannaï est en première ligne de cette fronde. Chaque fois qu’il en a l’occasion, il charge proprement celui dont il a été un éphémère ministre du commerce. Il proclame désormais urbi et orbi qu’il est dictateur, qu’il a échoué et qu’il est urgent de le démettre de son fauteuil. « C’est nous qui l’avons mis là et nous détenons le secret de la déboulonner », a-t-il déclaré samedi dernier au cours d’un meeting de l’Un à Dangbo. Les syndicalistes aussi ne le ménagent plus depuis ce 27 décembre où il a dit des contre-vérités sur eux. Mais en vérité, le Chef a perdu de son superbe depuis le 17 mai lorsqu’un certain Angelo Houssou a rendu deux ordonnances de non lieu sur les affaires d’empoisonnement et de coup d’Etat. Depuis, la peur a changé de camp. Celui qui se vantait tout le temps de son titre de chef suprême des armées et qui dispose de la force armée à sa disposition craint le détonation des armes plus que le dernier des Béninois. Il se sent menacé par tout le monde. Trop petit, il est vulnérable à tout. C’est pourtant à ce niveau qu’arrivent les chefs qui au lieu de baser leur notoriété et leur légitimité sur le droit, font de la force le fondement de leur pouvoir. Le Chef qui planait dans les airs au- dessus du Bénin est tombé par terre. Jean- Jacques Rousseau disait dans « Du contrat social » que « le plus fort n’est jamais assez fort pour être le maître s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir… »

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