Si le président Boni Yayi ne change pas sa politique actuelle, la procédure de sa mise en accusation devant la Haute cour de Justice sera incessamment enclenchée. Candide Azannaï et d’autres députés l’ont martelé lors d’une conférence de presse hier.
Une semaine. C’est le délai que donnent Candide Azannaï et certains de ses pairs du groupe parlementaire ‘‘Paix et cohésion nationale’’ au président Boni Yayi pour redresser sa politique actuelle. Une politique marquée par la privation des libertés individuelles et collectives et le harcèlement des hommes d’affaires locaux. Passé ce délai, ils lanceront la procédure de sa mise en accusation devant la Haute Cour de Justice. Candide Azannaï, Sacca Fikara et Epiphane Quenum l’ont annoncé hier jeudi 06 janvier 2014. C’était à l’occasion d’une conférence de presse tenue au siège du parti, le Rassemblement pour la démocratie et la république (Rdr), sis à Mênontin, un quartier de Cotonou. Ces députés de la mouvance présidentielle et de l’opposition, disent en avoir « marre d’un gouvernement de mensonge et refusent de pérenniser un régime hasardeux », a insisté Epiphane Quenum qui a ajouté que « la poursuite du chef de l’Etat devant la Haute Cour de Justice est prévue par la Constitution ». « …Et nous allons le faire », a complété son collègue Sacca Fikara. Lui, nuance qu’ils n’ont aucune intention de faire un coup d’Etat. « Nous sommes des démocrates, a-t-il indiqué. Si quelqu’un fait coup d’Etat à Yayi, nous (Union fait la Nation et toute la classe politique saine) allons le combattre. Mais traduire Yayi devant la Haute Cour, c’est prévu… » « Celui qui verse le sang de ce peuple et nie sa signature fait du parjure », a renchéri Candide Azannaï. Selon lui, le président Boni Yayi a violé l’article 53 de la Constitution. Et doit subir les conséquences y afférentes. L’article 53 de la Constitution béninoise du 11 décembre 1990 est relatif au serment du président de la République (Lire encadré). Ces députés donnent une chance au président Boni Yayi. Ils lui demandent de ramener le pays à ce qu’il était avant le 1er août 2012. Comme pour dire, fin du harcèlement des hommes d’affaires locaux considérés comme opposants aux régimes, cessation des discours de menaces et de division, respect de la constitution, préservation des libertés… Sinon, eux, sont prêts à demander sa mise en accusation devant la Haute Cour de Justice. Quitte à ce que les « magistrats professionnels » de cette haute juridiction donnent une fin de non-recevoir après instruction de leur plainte. Et en son temps, ils se plieront, ont-ils dit, à la décision de la justice.
Article 53 de la Constitution béninoise
Avant son entrée en fonction, le Président de la République prête le serment suivant :
"Devant Dieu, les mânes des Ancêtres, la nation et devant le peuple béninois, seul détenteur de la souveraineté :
Nous ............ , Président de la République, élu conformément aux lois de la République, jurons solennellement.
- de respecter et de défendre la Constitution que le peuple béninois s'est librement donnée ;
- de remplir loyalement les hautes fonctions que la Nation nous a confiées ;
- de ne nous laisser guider que par l'intérêt général et le respect des droits de la personne humaine, de consacrer toutes nos forces à la recherche et à la promotion du bien commun, de la paix et de l'unité nationale ;
- de préserver l'intégrité du territoire national ;
- de nous conduire partout en fidèle et loyal serviteur du peuple ;
En cas de parjure, que nous subissions les rigueurs de la loi".
Le serment est reçu par le Président de la Cour Constitutionnelle devant l'Assemblée Nationale et la Cour Suprême.