La photographe d’art d’origine béninoise, Esther Bigo surprend à nouveau avec son objectif qu’elle promène cette-fois si dans le monde des margouillats pour en sortir des merveilles. La St valentin chez ces reptiles n’est qu’une partie dévoilée par l’artiste le 14 février dernier.
Les margouillat célèbrent eux aussi, la St Valentin. Esther Bigo, la photographe d’art qui depuis six mois, songe l’univers de ces reptiles dans leurs différentes espèces, la rapporte à travers des images. Elle y capte chaque instant de la vie de ces êtres vivants depuis qu’elle y ait pénétré. La fidélité, l’infidélité, la jalousie, les conflits de partenaires, etc. Dans la société des lézards, la princesse d’Abomey a découvert l’amour dans son ensemble et même au-delà. Le tout récent numéro, c’est le bisou de compréhension qu’elle a surpris le 11 février 2014. C’est d’après la photographie prise par l’artiste, ce bisou donné sous le menton. A l’occasion de la St valentin, le 14 février dernier, l’artiste a partagé cette découverte avec le public. C’était à travers un reportage qu’elle a sollicité sur la chaîne de télévision Canal 3 Bénin. Mais, dans un entretien qu’elle nous a accordé le lendemain, elle informe de ce que ‘’La saint valentin’’ n’est qu’une partie des dizaines de thématiques abordées ou qui seront abordées avec les nombreuses images qu’elle prend dans cet univers. Un univers plein de merveilles, à l’en croire.
Autrefois, un lézard sur un climatiseur
Aux dires de l’artiste, cette immersion est la réalisation d’un engagement qu’elle a pris, il y a une dizaine d’année déjà. « Il y a 10 ans, alors que je préparais mon exposition au 5ème jeu de la francophonie, j’ai surpris un lézard se reposer sur une grille de climatiseur. J’ai capté l’instant. Depuis, j’ai juré de travailler avec ces animaux. » Raconte l’artiste. En réalité, ceci a suscité en elle des hypothèses et des interrogations. « Je me suis dit, sûrement que cet animal aussi a besoin de confort. Est-ce à dire que la fraîcheur du climatiseur lui fait aussi du bien et qu’il en a besoin ? Est-il en train d’exprimer le vœu de se comporter comme les hommes ? ». Pour trouver des éléments de réponse elle décide de rentrer dans leur univers. Beaucoup d’années sont passées. Il a fallu qu’elle soit en congé sanitaire dans une banlieue, qu’un jour, elle surprend encore une scène entre trois lézards et un margouillat. Scène qu’elle a pu capter avec son téléphone portable doté d’une grande résolution. Et depuis six mois, elle met en exécution son vœu d’il y a dix ans.
Esther, la sourde-muette et sociologue
Au départ, d’après l’histoire que nous raconte la photographe, l’immersion a beaucoup dérangé ces reptiles. Mais elle est parvenue à gagner leur confiance. Et ce, en leur donnant du manger comme le riz et le maïs. Certes, la confiance gagnée a été un début de la concrétisation de son rêve, mais elle n’a pas suffi pour pénétrer ce monde. Il fallait forcément arriver à décoder le langage parlé dans ce monde. « Les lézards aussi ont leur langage qu’ils se parlent. » Mais ne pouvant pas encore connaître leur syllabaire, elle se considèrera comme étant en communication avec un homme ou des hommes sourds et muets. Et elle réussit. «Avec un bon moment dans leur univers, j’arrive désormais à déchiffrer ce langage. » Parfois, c’est plutôt son instinct d’artiste, « aziza », qui parle dans son fond intérieur et lui permet de pénétrer la psychologie de ces lézards et d’interpréter, à juste titre, leurs gestes.
Ce faisant, l’artiste, à ses dires, découvre que le quotidien des lézards est marqué par la politique, l’amour, la haine, les conflits de terrain, le harcèlement sexuel, etc. Ils ont même des vendeurs d’essence, informe Esther Bigo soutenant que ces reptiles n’ont rien à envier à l’homme.
Documentaire et livre en vue
En dépit de la densité de ce qu’elle a découvert déjà, d’après ses déclarations, Esther Bigo ne compte pas encore arrêter son parcours dans ce monde des lézards. Contrairement à son court séjour chez les criquets, elle pense ici, aller en profondeur avec la certitude de ce qu’il y a encore beaucoup de merveilles à découvrir. Difficile pour elle de préciser pour combien de temps encore, elle vivra avec son objectif dans ce milieu. «Je ne sais pas quand je vais quitter cet univers », affirme-t-elle. Mais elle sait quand même qu’elle arrivera à la réalisation d’un documentaire et à l’édition d’un livre avec les fruits de ses recherches sur les lézards.