Police nationale : mission dévoyée pour un corps républicain

Elle nous avait habitués à des exploits inouïs. Des malfrats traqués dans les ghettos les plus dangereux, même au -delà des frontières. Pendant des années, elle a montré sa bonne figure. Avec un effectif réduit et peu de moyens, ses éléments donnaient des gages d’assurance aux citoyens qu’ils aidaient à sortir d’affaire dans maints de cas d’insécurité. Cette police là sentait la vocation.

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Elle faisait moins de bruit. Ses directeurs ne passaient guère à la télévision, casque sur la tête pour sensibiliser. Cette police était silencieuse mais travailleuse. Certes, elle arnaque mais jamais elle n’a dépassé le seuil de l’intolérable. Aujourd’hui hélas, la police sécurise peu. Elle excelle dans l’art de la persécution des citoyens. Elle ne sécurise presque plus, elle épie et punit. Dans les artères de Cotonou le flic est pris pour un agent persécuteur qui guette les petites erreurs, arrête et brandit la menace de la fourrière pour contraindre l’usager fautif à mettre la main à la poche. Et ça, c’est la police version « Houndègnon ». Très violente, elle réprime sans concession. On la verra à l’œuvre le 27 décembre 2013 lorsqu’elle est allée charger les travailleurs qui s’apprêtent à faire une marche pacifique. La semaine dernière, elle s’est illustrée encore à Porto-Novo où elle a fait usage de gaz lacrymogènes et de gourdins pour disperser les élèves qui manifestaient pacifiquement pour la suspension des grèves. Bilan : plusieurs élèves blessés dont un garçon de 13 ans grièvement à la tête. Idem à Lokossa et à Comè où des mineurs sont battus par la police. Et comme si tout ceci ne suffisait pas, elle enclenche une série d’opérations pour assainir la circulation et faire respecter les lois du pays. Les pistes de trafic local sont transformées en piste cyclable. Les artères sont désormais interdites. Les contrevenants à autre opération sont sévèrement punis. Des amendes faramineuses et des fourrières interminables. Le magistrat Guy Ogoubiyi, président de l’Association nationale de lutte contre la corruption s’est offusqué de ces fourrières prolongées au gré des policiers en violation de la loi. Mais Houndégnon et ses ouailles ne s’arrêtent pas. Ils ont une série d’opérations pour, disent-ils, faire respecter la loi et lutter contre l’insécurité. Désormais les motocyclistes doivent immatriculer, assurer leurs motos, avoir des permis de conduire, et porter des casques. L’initiative paraît bonne mais en vérité, c’est le contraire. Le coup de chaque opération est très élevé. Au Togo comme au Burkina- Faso, pays limitrophes du Bénin, l’immatriculation des motos ne dépassent guère les 15.000F. Et aucun de ces pays ne soumet les motocyclistes à tant de contraintes. Mais en réalité, il s’agit d’un vaste complot de persécution, d’arnaque, de brimade des paisibles populations. Un tel chantier en une période de crise s’apparente bien à une volonté de la police d’aggraver la tension sociale qu’elle a contribuée à créer. Progressivement, on voit la police s’écarter de sa mission première de sécurité pour s’occuper de la réglementation de la circulation qui n’est qu’une partie de celle-ci. Elle s’offre aussi de nouveaux boulevards pour renforcer sa filière de fraude à l’interne mais aussi pour aider l’Etat à combler ses pertes financières. Elle s’attribue donc plus de prérogatives politiques que sécuritaires. C’est un égarement qui ne dit pas son nom. C’est peut- être le prix à payer par les populations sous un Dg en quête perpétuelle de zèle pour assouvir les appétits guerriers de son patron à qui il doit autant le poste qu’une promotion brutale. Houndègnon doucement ! Dgpn ,on en a vu par ici.

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